Les dirigeants des pays les plus industrialisés doivent agir avec « audace » pour mettre fin à la pandémie et favoriser une économie plus durable et plus inclusive, a affirmé, mercredi, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva.
Dans un blog publié mercredi à la veille d’une réunion des dirigeants du G20 à Rome, Mme Georgieva appelle les gouvernements de ces pays à prendre « des mesures énergiques » pour stimuler la croissance mais aussi pour aider à restructurer la dette des pays pauvres.
« Par exemple, les autorités monétaires doivent faire abstraction des hausses provisoires de l’inflation, mais être prêtes à agir rapidement si les risques d’une augmentation des anticipations d’inflation deviennent tangibles », a-t-elle expliqué, ajoutant qu’à cet égard, il est plus important que jamais qu’elles communiquent clairement leurs intentions pour éviter des répercussions négatives à l’échelle internationale.
Un dosage prudent des politiques monétaires et budgétaires, conjugué à des cadres d’action solides à moyen terme, peut créer plus d’espace pour des dépenses de santé et des aides aux groupes vulnérables, a soutenu la DG du FMI, notant que ces réglages peuvent produire des gains rapides jusqu’à la fin de 2022.
Ensuite, des réformes structurelles propices à la croissance pourront apporter l’essentiel des gains supplémentaires, par exemple des politiques qui facilitent la recherche d’un emploi et la reconversion professionnelle, ou des réformes des réglementations des marchés de produits qui créent des débouchés pour les nouvelles entreprises en réduisant les obstacles à l’entrée sur le marché, a-t-elle poursuivi.
« Un tel ensemble de mesures à court et à moyen terme pourrait accroître le PIB réel global des pays du G20 d’environ 4 900 milliards de dollars d’ici à la fin de 2026 », a estimé la cheffe de l’organisation basée à Washington.
Mme Georgieva a rappelé que la pandémie demeure le risque le plus important pour la santé économique, et ses répercussions sont aggravées par un accès inégal aux vaccins et de fortes disparités sur le plan des capacités de soutien budgétaire.
« C’est pourquoi nous devons atteindre les objectifs énoncés par le FMI, avec la Banque mondiale, l’Organisation mondiale de la santé et l’Organisation mondiale du commerce, à savoir vacciner au moins 40 % de la population dans chaque pays d’ici à la fin de 2021 et 70 % d’ici le milieu de 2022 », a-t-elle dit.
Pour remettre les pays où la vaccination rencontre des difficultés sur la bonne voie, le G20 devrait offrir environ 20 milliards de dollars de plus en financement sous forme de dons pour du dépistage, des traitements, des fournitures médicales et des vaccins, a recommandé Mme Georgieva. « Ces financements supplémentaires combleraient un déficit de financement vital », a-t-elle affirmé.
« Nous devons aussi agir immédiatement pour accroître l’offre de vaccins dans les pays en développement. Si les pays du G20 ont promis plus de 1,3 milliard de doses au COVAX, moins de 170 millions de ces doses ont été fournies. Il est donc essentiel que les pays tiennent leurs promesses immédiatement », a martelé la DG du FMI.
Deuxièmement, a-t-elle ajouté, il faut aider les pays en développement sur le plan financier, expliquant que « dans cette situation précaire, il ne faut pas demander aux pays vulnérables de devoir choisir entre le paiement de leurs créanciers, d’une part, et la fourniture de soins de santé et d’aides d’urgence face à la pandémie, d’autre part ».
En ce sens, Mme Georgieva a plaidé pour l’accélération de la mise en œuvre du cadre commun du G20 pour le règlement de la dette.
« Il est important d’aider les pays à faire face à leur endettement, mais cela ne suffit pas. Étant donné leurs besoins de financement massifs, un grand nombre de pays en développement auront besoin de plus d’aide pour accroître leurs recettes, ainsi que de davantage de dons, de financements concessionnels et d’apports en liquidités », a-t-elle souligné.
Troisièmement, a poursuivi la DG de l’institution de Bretton Woods, il faut s’engager à mettre en œuvre un vaste plan d’action visant à réduire à zéro les émissions nettes de carbone d’ici le milieu du siècle.
Selon une nouvelle analyse des services du FMI, une augmentation de l’efficacité énergétique et l’adoption d’énergies renouvelables pourraient créer des emplois en termes nets, car les technologies renouvelables sont généralement à plus forte intensité de main-d’œuvre que les carburants fossiles.
D’après le FMI, un vaste plan d’investissement combinant des politiques de chaîne d’approvisionnement verte pourrait accroître le PIB mondial d’environ 2 % au cours de la décennie à venir, et créer 30 millions de nouveaux emplois.
« En d’autres termes, en cherchant à réduire à zéro les émissions nettes, nous pouvons rehausser la prospérité, mais seulement si nous agissons ensemble et si nous contribuons à mettre en place une transition qui profite à tous », a relevé Mme Georgieva.