La démocratie, mon amour !

Après quelques années d’une demande en démocratisation qui semblait devenir aussi nécessaire que l’air que l’on respire, la désaffection pour la démocratie est rampante à travers le monde. Elle n’est plus à l’ordre du jour et même les processus entamés dans ce sens semblent connaître des divagations qui s’éternisent.

Un peu partout, les soubresauts du capitalisme face à ses crises multiformes imposent à la personne humaine, à part une minorité bien plus que repue,de consacrer son intérêt à la survie et exercent une pression sur ses libertés.Agir devient un leitmotiv ; même si les règles du jeu démocratique sont enfreintes.

Ce glissement, comme celui de rester dans l’expectative, contribue à l’écartement de la population dans la participation à la gestion des affaires publiques et crée des fractures, voire des blocages,au sein de la société.

Après la crise sanitaire et ses conséquences induites par le confinement, les dommages collatéraux de la guerre en Ukraine interpellent. Une faible croissance, la peur de la pénurie, une inflation galopante et des stocks stratégiques en périls imposent une gestion de l’immédiat.

Dans le contexte de notre beau pays marqué par un gouvernement sourd et muet, le processus démocratique semble manquer d’air autant que nos terres arables ont manqué d’eau.

Cette réalité peu enthousiasmante ne doit pas occulter la nécessité de la consolidation du processus démocratique. C’est en cela que le Royaume du Maroc s’est constitué une image probante pour susciter l’engouement des uns et l’investissement des autres. C’est par cela que le pays pourrait avancer vers l’édification d’une société moderne et ouverte, capable de répondre aux défis d’une économie émergente où l’élément humain trouve sa motivation, voire son bonheur. 

La consolidation du processus démocratique devra conduire à un panachage et à une mise à niveau, tous azimuts, pour affermir la cohésion sociale et le sentiment d’appartenance nationale.

Car ; si le liant national est très fort en face de l’adversité, la composante tribale reste présente même auprès d’une élite qui se veut libérée des liens de sang. Elle détermine des comportements sociaux, économiques et politiques, lors des échéances électorales en particulier ; faisant abstraction des considérations nationales.

La situation de la ruralité reste figée malgré les mutations introduites par l’électrification et dans une moindre mesure l’adduction de l’eau potable. D’autres facteurs plus pesants maintiennent nos ruraux dans une sorte de retrait par rapports aux citadins. L’activité agricole exportatrice, la gestion du foncier, les difficultés de la vie quotidienne du paysan et l’attrait des lueurs de la ville, d’ici ou d’ailleurs, ne maintiennent pas in situ les forces productives capables de prendre en charge le changement du monde rural.

L’urbanité a perdu son « centre » et sa périphérie est défigurée aussi bien par son environnement sans âme que par la manifestation des inégalités sociales qui régissent la stratification de la population. La culture a perdue dans ce brassage où la différence n’est pas encore devenue une diversité enrichissante.

Certes, le Royaume du Maroc peut offrir tous les avantages de la modernité mais conserve toutes ses traditions, comme le précise une annonce publicitaire officielle pour promouvoir le tourisme. C’est dans ce paradoxe que la société marocaine se trouve en patchwork où se juxtaposent les contradictions dans les comportements, les milieux de vie et la vision de l’avenir.

L’exigence de modernité intéresse en premier lieu tous les marocain(e)s. Il s’agit de rester authentique sur le socle de sa marocanité, vivre son temps et s’approprier l’universel dans son émancipation et sa réalisation du bienêtre.

La consolidation du processus démocratique permet aussi d’arriver à se faire entendre quand on frappe sur la table entourée parles voisins. C’est une affirmation indéniable de la souveraineté nationale, auparavant déchiquetée par ceux-là même qui ne veulent pas la reconnaitre depuis la libération de notre peuple de leur colonialisme.

C’est par le développement de tous les aspects du processus démocratique que l’on se distinguera dans la région MENA. Cela est plus efficace à la fois que l’exploitation des hydrocarbures à des fins d’enrichissement personnel aux dépens de la population et de son développement (aussi bien chez nous que chez le voisin), de faire jouer les marionnettes garde-chiourmes des camps de Tindouf ou de s’adonner à une agitprop basée sur l’invective, la diffamation et l’amalgame.

La démocratie, aussi méandriforme dans saréalisation, n’est certes pas la panacée contre le sous-développement mais constitue une immunité contre beaucoup de ses méfaits. Que dans d’autres contrées, la désaffection touche une pratique démocratique bien en place, elle ne peut toucher la fougue de notre peuple pour la consolidation du processus démocratique qui cherche encore à s’accomplir.

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