La France à la sauce tangéroise

Les élections législatives qui se déroulent en France en ce mois de juin sont suivies par les marocains, tout au moins celles et ceux dont le temps permet cet intérêt. Les autres sont sous la pression des vicissitudes négatives que connaît leur pouvoir d’achat, les conséquences de l’envolée des prix des carburants à la pompe et le creusement des inégalités sociales. S’ls n’ont pas le temps de s’intéresser à la politique de leur pays ; comment le faire avec une autre, si lointaine ?

Des résultats du premier tour, il ressort que la population française est divisée ; plus exactement son corps électoral, car l’abstention est importante. Si cette fracture dans la société française ne date pas d’hier, elle a été accentuée par les politiques néolibérales suivies.

Les conflits sociaux prenaient la rue comme terrain d’expression au lieu de se régler dans les institutions. Les approches discriminatoires fleurissaient contre les migrants en général et les musulmans de France en particulier. Le discours « brun » faisait fleurette et poussait la droite vers son extrême qui se renforçait et devenait fréquentable, car « dédiabolisée ».

Le mérite revient au Tangérois de France, au sein de la Nouvelle Union Politique Ecologique et Sociale, et avant au sein de La France Insoumise, qui faisait et fait entendre, haut et fort, la voix contre « la finance, la cupidité, les préjugés de classe, le sexisme et le racisme ordinaires (qui) pourrissent tout ».

Cet élan de refondation, mené déjà par la LFI, ayant abouti à la formation de la NUPES est porteur d’espoir que les résultats du premier tour ont concrétisé. Un espoir aussi de portée internationale, pour tous les progressistes qui militent pour les valeurs de la gauche et son union dans le but de constituer une alternative aux méfaits du néolibéralisme.

Cette « scission du pays autour de trois grands blocs » aiguise les antagonismes. Le succès de la NUPES fait hurler les loups et la diabolisation, faute d’arguments conséquents, joue à tel enseigne que « l’esprit républicain » est sollicité à l’envers. Les constituants d’Ensemble, la coalition présidentielle, s’acharnent contre Jean Luc Mélenchon pour que sa réussite au premier tour ne soit pas couronnée au second. Verra-t-on une déferlante populaire dimanche prochain pour les contredire ?

Les commentaires entrevoient aussi la continuité du scrutin par la formation du gouvernement de la France. Les scores serrés et les appétences des uns, dans le cas d’une majorité présidentielle relative, font dire à d’autres qu’elle est non gouvernable faute de consensus possible entre les principaux acteurs politiques déterminés par le scrutin. Cette culture du consensus semble faire défaut chez les français et qu’un égo relevant du cocorico empêche le dépassement des divergences politiques pour promouvoir l’intérêt national. En une phrase, les français ne sont pas des allemands.

Il faut dire que ce consensus auquel appellent certains en France, au moins dans le débat, est décrié quand il s’agit de sa recherche et de son application dans le beau pays qui est le nôtre et son application pour la consolidation de son intégrité territoriale et son processus démocratique …Rien que pour cela on est privé de visas !

Le mode de scrutin fait aussi débat, entre la proportionnelle qui avance dans les esprits, et le mode majoritaire qui donne de plus en plus à réfléchir sur le terrain. Dispute qui dure et qui ressort chaque fois eu égard aux résultats électoraux et leurs corollaires dans la répartition des sièges. Le nombre de voix ne se traduit pas toujours dans la représentation ; et les comptes électoraux ont d’autres clefs. Par cela aussi, l’affaissement de la pratique démocratique aboutit à l’abstention. Elle a été d’un nouveau record lors de cette échéance.

La France à la sauce tangéroise montre que l’on peut faire la politique autrement, que la démocratie est un combat de tous les jours et que personne, dans ce bas monde, ne peut affirmer à ce sujet, « qu’il a traversé la rivière et que ses pieds sont secs ». La démocratie est en construction ad vitam aeternam.   

Related posts

Top