Un test grandeur nature pour Macky Sall et le Sénégal

Les élections législatives du 31 juillet

Par Abdelkrim Kninah-MAP

Les électeurs sénégalais se rendront le 31 juillet prochain aux urnes pour élire pour un mandat de cinq ans les membres de l’Assemblée nationale dominée actuellement par la majorité présidentielle. Ces élections se préparent dans un climat de tension préélectorale grandissante provoquée par une partie de l’opposition.

Le scrutin, qui fait suite aux élections locales organisées le 23 janvier dernier, se tient en effet dans un contexte marqué par des préoccupations au sein des états-majors politiques et par les craintes au sein de la société sénégalaise d’une escalade dans les jours qui viennent, avant le début de la campagne électorale, le 10 juillet prochain surtout à la suite des incidents survenus la semaine dernière dans la capitale Dakar et dans la ville de Ziguinchor (sud).
En effet, les autorités ont interdit la manifestation de l’opposition qui était prévue le 17 juin en invoquant des « menaces de troubles à l’ordre public » et une propagande « déguisée » dans les 30 jours précédent l’ouverture de la campagne électorale, comme le stipule l’article 61 du code électoral du pays.  Toutefois, la journée du 17 juin a été marquée par des heurts entre les forces de l’ordre et des jeunes manifestants sortis dans les rues de Dakar et de la ville de Ziguinchor (sud) en réponse à l’appel de la coalition de l’opposition  »Yewwi Askane Wi » qui, en dépit de l’interdiction décidée par les autorités, voulait protester contre l’invalidation par le Conseil Constitutionnel d’une liste de candidats de l’opposition aux législatives du 31 juillet.

Les incidents ont fait un mort dans la capitale qui est décédé alors qu’il voulait allumer un pneu avec un produit inflammable et deux autres en Casamance, et causé aussi des blessés dans les deux villes, selon les médias locaux. Le parti au pouvoir, l’Alliance Pour la République (APR), a dans un condamné « avec la dernière énergie la posture insurrectionnelle d’un groupuscule de l’opposition qui multiplie les agressions contre l’Etat et les institutions de la République, une posture qui cherche à ternir notre Etat de droit et la trajectoire respectée de par le monde de notre démocratie toujours citée en exemple ».

Le Conseil constitutionnel a confirmé le 3 juin l’invalidité d’une liste nationale de la coalition Yewwi Askan Wi pour les législatives. Cette décision écarte de la course le chef du parti Pastef, Ousmane Sonko, actuel maire de Ziguinchor et d’autres opposants. Le Conseil constitutionnel a aussi invalidé la liste des suppléants de la majorité présidentielle, mais non pas celle des titulaires. Il a cependant validé huit autres listes nationales dont sept de l’opposition. Parmi celles-ci se trouve celle de la coalition « Alternative pour une Assemblée de Rupture », l’AAR Sénégal, autre grande coalition de l’opposition.  En dépit des menaces proférées par la coalition de l’opposition Yewwi Askan Wi en particulier par Ousmane Sonko, le chef de l’Etat Sénégalais, Macky Sall, a assuré que les élections auront lieu à la date prévue du 31 juillet 2022.

« Si vous faites une liste qui ne respecte pas ce que dit la loi, elle est éliminée », a dit le chef de l’Etat sénégalais dans un entretien la semaine dernière avec les médias français  »France 24 » et  »RFI ».
« Nous avons un code électoral avec ses exigences », a répondu Macky Sall aux journalistes qui lui demandaient s’il craignait des violences si aucune solution n’était trouvée à l’apparente impasse politique.
« De toute façon, le pays va faire ces élections, le Conseil constitutionnel a décidé » et son propre camp, en ce qui le concerne, s’est plié à l’invalidation de l’une de ses listes », a tranché le président Macky Sall, qui répliquait au propos de l’opposant Sonko, troisième de la présidentielle de 2019 et candidat déclaré à celle de 2024, qui a affirmé que si la coalition dont il est le chef de file « ne participe pas aux élections, il n’y aura pas d’élections au Sénégal ».
 ‘’L’élection législative est organisée par un Code électoral et un système électoral (…) qui font la fierté du Sénégal. Si on est un pays stable, ce n’est pas justement le fait d’un hasard. Ce n’est pas la première fois qu’on organise des élections. Nous avons un système électoral qui est le produit de concertations’’ entre le pouvoir et l’opposition, a-t-il lancé.

L’actuel Code électoral a ‘’été l’objet de discussions pendant seize mois’’ entre la majorité présidentielle et les partis d’opposition, a précisé le chef de l’Etat, relevant que ce texte a ‘’ses exigences’’, la loi sur la parité, par exemple.
Les Sénégalais doivent élire le 31 juillet leur 150 députés de l’Assemblée nationale selon un mode qui panache scrutin proportionnel avec des listes nationales pour 53 parlementaires, et scrutin majoritaire dans les départements pour 97 autres. La diaspora élit quant à elle 15 députés.  Ce scrutin interviendra alors que le président Macky Sall laisse planer le doute sur une nouvelle candidature à la présidentielle de 2024. C’est sans doute le rapport de force politique du 31 juillet prochain qui sera donc déterminant pour un éventuel 3ème mandat. 

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