La MAP s’embourbe l’encrier!

Les freins et les contrepoids sont nécessaires pour toute démocratie. C’est un leitmotiv qui canalise la raison d’être de toute opposition qui se respecte, en tandem avec un patchwork neutre d’observateurs qui rapportent la situation sans courtise éhontée ni antipathie pompeuse.

«Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument», a tancé le philosophe anglais Emerich Acton. Émérite justification de l’importance d’une opposition éclairée, d’une ligne d’information apolitique qui s’insurge et supervise au nom du peuple. La Maroc Agence Presse (MAP), agence étatique financée par le contribuable marocain, ne s’est malheureusement pas montrée à la hauteur des attentes de son public.

A tort de son noble slogan, «La nouvelle est sacrée, le commentaire est libre», elle s’est attribuée le rôle de défendeuse publique du chef du gouvernement et pourfendeuse des oppositions ancrées dans les doléances du peuple marocain.

Dans son article publié récemment sur sa plateforme (mapexpress), elle caractérise la fronde populaire sur les réseaux sociaux d’une grande tranche de citoyens marocains sur le coût élevé des produits pétroliers comme une attaque Ad Hominem sur le chef de gouvernement et tente tant bien que mal de justifier cette flambée faramineuse des prix de façon asynchrone avec les marchés mondiaux, tout en jetant son dévolu sur la supposée ribambelle de faux comptes responsables de cette supposée vendetta politique, tout en négligeant de prendre en compte tout souci de neutralité ou déontologie journalistique.

Une litanie de raisons qui sonnent creuses, mais qui baissent le rideau sur un simulacre… Une agence étatique, financée et montée à coups de deniers publics et de compétences nationales, s’est transformée en porte-parole officieux d’une personnalité politique, un bouclier contre un peuple qu’elle est censée servir et représenter. Une situation qui n’augure rien de bon quant au paysage politique marocain.

Entre une presse discrète et une opposition qui fait du sur place en catimini, qui peut jouer le rôle de contrôleur pour ce train blindé que pilote cet Exécutif ? La presse se doit de jouer un rôle de médiateur entre le gouvernement et le peuple, sans pour autant prendre de parti-pris d’un côté et inhiber des reproches raisonnés et réalistes de l’autre.

Après tout, on peut féliciter le chef de File pour son bilan ou le critiquer, mais c’est l’approche du deux poids deux mesures qui émeut et soulève aussi des questions gravissimes quant à la qualité de la transmission des informations par autrefois un parangon de la presse marocaine, et un exemple du savoir-faire du journalisme imbu de principes moraux, justes et sans velléités politiques.

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