L’Algérie fait l’unanimité contre elle

permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, le chef de la délégation de l’Union européenne au Maroc et les ambassadeurs des pays membres des groupes arabe et africain accrédités à Rabat.
De même, le chef de la diplomatie marocaine a organisé une réunion de concertation sur cette question avec tous les chefs de partis politiques nationaux, jeudi soir. Les représentants des partis politiques ont été unanimes à affirmer que l’escalade algérienne  est tout simplement «irresponsable» et inacceptable.
De son côté, et en se refusant à mettre en œuvre la règle de la réciprocité diplomatique, suite au rappel de l’ambassadeur du Maroc pour consultations, et ce en annonçant que tous ses diplomates restent à Rabat, l’Algérie reconnaît ainsi ouvertement qu’elle a bel et bien commis un grave impair diplomatique. Pire, en affirmant que «sa position sur les questions internationales ne peut pas être l’objet d’interférence étrangère», l’Algérie donne la preuve qu’elle ne sait pas distinguer entre les questions internationales et les questions relevant de la souveraineté interne d’un autre Etat, voisin de surcroit.
C’est d’ailleurs la deuxième fois en l’espace de cinq mois, et lors du débat en juin dernier sur la réouverture des  frontières communes, fermées depuis 1994 à la suite d’un attentat initié par les services secrets algériens à Marrakech, que l’Algérie ressort ses positions provocatrices. Qui ne se rappelle en effet des  «trois conditions» iniques posées par Dahou Ould Kablia, ministre algérien de l’Intérieur : musèlement des médias marocains qualifiés d’anti-algériens, arrêt d’un prétendu trafic de drogue transfrontalier, acceptation de la position d’Alger sur le Sahara marocain (sic !) ?
La fuite en avant des autorités algériennes dans ce positionnement extrême et régulier ne peut en réalité s’expliquer, de l’avis de nombreux observateurs et analystes, que par la nécessité pour l’Algérie de détourner son opinion publique des graves dysfonctionnements internes que traverse le pays.
Sur le plan politique en effet, et au moment où le vent de changement souffle sur tous les pays de la région, l’Algérie reste la chasse gardée d’un régime pétro-militaire qui compte coûte que coûte maintenir son emprise sans partage sur le pays. La maladie de son homme lige de l’heure, le président Abdelaziz Bouteflika, fait planer sur le pays tant d’incertitudes, que le FLN vient une nouvelle fois de désigner cet homme grabataire, au pouvoir depuis 1999, comme son prochain candidat pour la présidentielle de 2014. C’est ce qui a fait dire à un rapport rédigé par une mission d’information parlementaire française, à paraître la semaine prochaine, que «l’Algérie semble aujourd’hui être un pays en attente où l’avenir politique est encore difficilement prévisible.»
Sur le plan économique, et malgré l’envolée continue des prix du pétrole dont l’Algérie est un grand producteur, ce rapport des parlementaires français ajoute que «l’économie algérienne est une économie de rente», dont profitent les seuls généraux de l’armée et leurs affidés politiques, et que le pays risque de déchanter bientôt puisque «le pic pétrolier et gazier (le moment où la production commencera à décliner) n’est pas très éloigné».
Sur le plan régional, et alors que les casques bleus ont durablement pris position au Mali, après l’intervention militaire  française réussie dans ce pays, et que l’Algérie avait tout fait pour empêcher, cette dernière tente aujourd’hui de reprendre la main. Or ses interlocuteurs du Sahel, surtout nigériens et maliens, viennent de  lui signifier que rien ne presse pour raviver le quasi défunt CEMOC (Comité d’Etat-major opérationnel conjoint) et qu’il faut laisser l’ONU faire son travail au Mali, où le séparatisme et le terrorisme sont en passe d’être définitivement vaincus. Et si l’Algérie faisait de même pour le conflit artificiel qu’elle a créée autour du Sahara marocain ?

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