Le Maroc que nous voulons

Par: Abdeslam Seddiki

Le Maroc que nous voulons est celui-là même qui a été présenté dans le rapport sur «50 ans de développement humain au Maroc et perspectives pour 2025», qu’on a tendance malheureusement à oublier. Ce rapport, publié en 2005, est le produit d’un travail d’orfèvre mené par une pléiade de chercheurs marocains appartenant à différents champs de la connaissance. Il nous présente un bilan quasi-exhaustif du Maroc depuis l’Indépendance et trace des perspectives pour 2025. Il se veut une «offre au débat pour une ambition collective», comme cela est indiqué en sous-titre.

Douze années se sont écoulées déjà depuis la publication de ce rapport. Et il est légitime de s’interroger sur ce qui a été fait depuis. Sommes-nous sur la voie qui mène vers le Maroc souhaitable et possible ou, au contraire,sur le chemin régressif qui ne ferait qu’aggraver les problèmes et les nœuds constatés en 2005 ?

Pour rejoindre le club des pays émergents, le Maroc devait gagnerà l’horizon 2025 au moins cinq grands enjeux :

«-Asseoir la normalité politique, renforcer la cohésion nationale et améliorer le système de gouvernance ;

-Réunir les conditions d’une intégration vigoureuse du Maroc à la société du Savoir ;

-refonder une économie compétitive, mettant à profit la fenêtre d’opportunité démographique ;

-Gagner la bataille contre les exclusions, réorganiser les solidarités, garantir un niveau équitable de bien-être et de santé, et vaincre la pauvreté ;

-Saisir les opportunités de l’ouverture, surmonter ses défis et menaces et aller vers de nouvelles logiques de positionnement régional et mondial».

Ce scénario souhaitable pour un Maroc fort s’inscrit en rupture par rapport au scénario régressif dont les traits caractéristiques résident dans l’accentuation du phénomène « Maroc à plusieurs vitesses», un accès inéquitable aux soins, une grande vulnérabilité aux risques naturels et technologiques, une économie peu  compétitive, une menace de la globalisation pour l’emploi, une efficacité incertaine de la gouvernance et une aggravation des déficits.

Où en sommes-nous par rapport à ces scénarii? La situation du pays aujourd’hui, telle qu’elle se présente devant nous et telle qu’elle a été analysée par plusieurs rapports, dont notamment le rapport  Bank Al Maghrib pour 2016, présente à la fois des signes encourageants qui s’inscrivent dans le premier scénario et des signes inquiétants qui confirment le scénario régressif. Et tout observateur objectif ne manquera pas de relever cette ambivalence qui caractérise le Maroc d’aujourd’hui.C’est dire que rien n’est joué définitivement et tout reste possible.

Une évaluation à mi-chemin s’impose dans le même esprit que celui qui a prévalu lors de la préparation du rapport cinquantenaire. D’ailleurs, le dernier discours du Souverain adressé à la Nation à l’occasion de la Fête du Trône a été on ne peut plus clair. Tous les Marocains y sont interpellés et en premier lieu l’élite et la classe politique.

Il faut donc absolument rectifier le tir pour mettre toutes les chances de notre côté et ne pas rater le rendez-vous avec 2025. Ce qui nécessite une évaluation des programmes sectoriels à l’œuvre sans a priori et en toute objectivité, une remise à plat des programmes sociaux y compris …..de l’INDH, une mise à niveau institutionnelle conformément à l’esprit de la Constitution 2011, une injection du sang nouveau dans le personnel administratif et politique. En somme, le pays a besoin d’un sursaut réel.

Le Maroc bouge certainement, mais bouger ne veut pas dire forcément avancer et progresser. On peut toujours bouger en faisant du surplace.La situation exige que le pays dans son ensemble soit en mouvement, qu’il se mette au travail  avec confiance et détermination. Plus de temps à perdre!

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