Les bêtes noires du livre marocain

Mohamed Nait Youssef

La roue du livre marocain a du mal à tourner. Sa circulation est considérée par beaucoup d’acteurs culturels, écrivains et éditeurs comme défaillante.  Et pourtant, les maillons essentiels de la chaîne du livre sont la diffusion et la distribution. A-t-on  un vrai réseau de points de vente du livre au Maroc?  Y a-t-il de vrais librairies de référence  ou encore des libraires formés, informés en la matière ?

Beaucoup d’efforts, mais aussi d’argent et de temps se perdent dans ce trait d’union qui unit les éditeurs et le lectorat.  «Il faut prendre la notion de diffusion dans son sens large. Elle est à la charge de toutes les institutions qui rapprochent le livre et son auteur du public», explique-t-il. C’est dans ce sens qu’interviennent les sociétés de distribution et de diffusion, les librairies, les plateformes dédiées au livre, les émissions culturelles…etc. Au Maroc, il y a une absence quasi totale de toute structure de médiation entre  le lecteur, d’une part et l’auteur et son livre, d’autre part», nous explique Ahmed Abbou, directeur de Virgule Editions, une maison édition basée sur Tanger.

Quand un livre voit le jour, ce sont les diffuseurs et les distributeurs qui ont la tâche de le communiquer, de le faire connaitre aux libraires et de le distribuer au niveau des différents points de vente. Comme le veut la tradition de la filière, l’éditeur alimente le diffuseur avec toutes les données nécessaires, à savoir les titres et les nouveautés. Ce dernier se charge de présenter ses livres et titres aux libraires, ainsi qu’au réseau  de vente pour augmenter les tirages. Cela nécessite bien entendu des stratégies de commercialisation en la matière.

Chose qui ne se fait pas la plupart du temps au Maroc. «Les librairies qui sont également des points de ventes, qui ne sont pas nombreuses au Maroc,  ne  méritent pas  le nom de librairie parce que, pour moi,  la plupart sont des épiciers de livres», indique Nadia Essalmi, directrice des éditions Yomad.

 Selon le dernier «Rapport annuel sur l’état de l’Edition et du Livre au Maroc : 2017/2018» de la  Fondation du Roi Abdul Aziz Al-Saoud pour les Etudes Islamiques et les Sciences Humaines, paru à l’occasion du Salon international du livre et de l’édition à Casablanca, le prix moyen d’un livre marocain publié en 2017/2018 est de 70,36 MAD, soit une augmentation de l’ordre de 5,43 MAD par rapport à la moyenne du prix du livre au cours de l’année précédente. Le livre marocain, indique la même source, reste le moins cher au Maghreb : l’Algérie (73,80 MAD) et la Tunisie (113,14 MAD).  Selon le même rapport, le livre marocain ne coûte que 25,8% du prix public moyen du livre français.

C’est vrai que l’activité éditoriale marocaine a enregistré une hausse de 8,37% au titre de l’année 2017/2018, mais le livre marocain fait face à de nombreuses entraves dans un secteur qui n’est pas encore structuré, avec tout ce que cela implique : distribution, circulation physique du livre et gestion des flux financiers. Le sujet  est d’actualité, surtout que les professionnels du métier, les amoureux de livre et les institutions afflueront au salon international de l’édition et du livre qui a ouvert ses grandes portes au public à la Foire internationale de Casablanca vendredi 8 février et se poursuivra jusqu’au 17 du mois courant.

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