Il était une fois, bien loin dans l’Histoire de la nation, une entité de la gauche marocaine qui a marqué le parcours du mouvement national à travers son engagement militant.
Menée par une panoplie de leaders de haute facture, cette entité impactait le cours de la vie politique, aux côtés d’autres sommités du camp communiste et socialiste du pays. Son ancrage dans les tréfonds de la société des démunis, par le biais de ses positions autonomes et acquises aux causes du progrès et de la justice sociale, la hissait au summum de la hiérarchie des institutions de l’Etat, en tant que première force du champ politique marocain, en dépit des différentes formes de pressions et d’oppressions. L’un de ses illustres et farouches opposants du régime d’antan était même parvenu à s’élever à la primature en 1998, lors de l’alternance consensuelle.
Qu’en est-il de toute cette épopée, encore gravée dans les esprits de l’élite et du peuple? Malheureusement, cet édifice émérite semble prendre de l’eau de toutes parts depuis qu’un excité préside à ses destinées, il y a quelques années. Sous son règne césarien, il met du vide autour de lui, dans sa propre maison, pour se débarrasser de ses frères-rivaux, avant de s’en prendre à ses voisins, en particulier les porteurs du Livre, quoique cette vile animosité envers ces derniers ne date pas d’aujourd’hui. Peu après, la grande gueule de ce mafflu n’hésite guère à mettre le feu dans la baraque, là où les vrais progressistes s’ingénient à décrisper les tensions et poursuivre la fondation des réformes.
Au fil du temps, l’entité dont cet énergumène détient les rênes, ternit crûment son éclat et s’effondre, en chute libre, au gouffre de la désuétude. Ses sages grandiloquents constatent, non sans désolation, l’écroulement de cet échafaudage, ardemment érigé par leur soin, des décennies durant. Aujourd’hui, pas plus de 14 circonscriptions locales, par-ci, par-là, sans les bastions urbaines de naguère, sont à son actif, alors que son entité en briguait, il n’y a pas si longtemps, une cinquantaine. Malgré ces revers cinglants, il se paie le luxe de quémander, sans vergogne,deux voire un ministère au gouvernement qu’il avait malicieusement boudé en 2011, sous prétexte que la référence idéologique de celui-ci, jugée obscurantiste, est en contradiction avec son identité de gauche. Sans oublier qu’il avait autrefois défendu l’intégration des islamistes, bien avant tout le monde. Une schizophrénie qui ne dit pas son nom !
Pis encore, ce nouveau leader «suiviste» ne daigne guère de tomber dans le filet de la réaction et du monopole par la grande porte, et n’a pas froid aux yeux de se jeter, corps et âme, dans leur jeu infâme du blocage, tout en s’adjugeant, en contrepartie, le perchoir envenimé. «Quand on n’a pas honte, on fait ce qu’on veut !», a-t-on l’habitude de lancer aux énergumènes de cette trempe. On dira également, à ce propos, « si notre demeure est en verre, on ne se hasarde jamais à jeter des pierres à autrui ». L’autre que ce poupin s’amuse à lapider en public, n’est nullement son genre. C’est un vieux routier du patriotisme et du progressisme, bien incrusté dans la terre de la nation, fier de son rayonnement politique, de son indépendance avérée, de son attachement des valeurs marquées de pondération, de sérieux et de probité.
Au fait, ce qui fait mal au cœur dans toute cette capricieuse affaire, c’est, sans nul doute, que ce poupard ne cesse de vider cette entité, au passé glorieux, de sa substance de jadis. Et c’est malheureux!