Soumise dimanche à référendum, la nouvelle Constitution cubaine a été approuvée à plus de 86% a annoncé, ce lundi, Alina Balseiro, la présidente de la Commission électorale Nationale.
En effet, 6,8 millions de cubains constituant 84% des électeurs ont voté «oui» alors que seuls 766.400 électeurs soit 9% de la population n’ont pas approuvé la réforme constitutionnelle proposée.
Mais si le taux de participation a été assez élevé puisqu’il a atteint 84,41%, force est de reconnaître, tout de même, que cette fois-ci, les cubains ont été moins nombreux que la dernière fois, à se diriger vers les bureaux de vote pour donner leur avis quant à la réforme du texte constitutionnel en vigueur depuis 1976. Mais quelles seraient donc les grandes lignes de cette nouvelle Constitution ?
Apportant, désormais, une base légale, au modèle économique qui avait été initié en 2008 par Raul Castro – après que, pour des raisons de santé, son frère Fidel se soit dessaisi du pouvoir, à son profit – le nouveau texte constitutionnel reconnaît officiellement le marché, la propriété privée et l’investissement étranger.
Et même si, dans son article 5, celui-ci réaffirme «le caractère socialiste» du système politique et le rôle dirigeant du Parti Communiste de Cuba (PCC) qui «organise et oriente les efforts communs vers les objectifs suprêmes de la construction du socialisme et de l’avancée vers la société communiste», le pays aura, à sa tête, un président et un premier ministre.
Miguel Diaz-Canuel, l’actuel «président des Conseils d’Etat et des ministres» deviendra donc automatiquement «Président de la République» et sera assisté par un premier Ministre.
Le mandat présidentiel, désormais, fixé à cinq années et renouvelable une seule fois, sera ouvert aux candidats ayant entre 35 et 60 ans et leur élection se fera au scrutin indirect. Ainsi, le président sera choisi par des députés qui seront eux-mêmes «désignés lors d’une élection populaire où il y aura toujours le même nombre de candidats que de sièges».
Mais le point le plus débattu dans la mesure où il avait suscité le rejet d’une grande partie des cubains et de l’Eglise reste celui ayant trait à l’homosexualité que la révolution cubaine de 1959 avait violemment décriée et que la nouvelle constitution a voulu reconnaître.
Soucieux, donc, d’éliminer tout type de discrimination dans la société, le nouveau texte constitutionnel se limite, dans son article 68, à définir le mariage comme étant une union «entre deux personnes» sans faire de référence aux sexes des intéressés. Cette nouvelle disposition qui ouvre la voie au mariage homosexuel, donc au «mariage pour tous», a été chaleureusement saluée par Mariela Castro, une militante de longue date de la cause LGBT qui n’est autre que la fille de Raul Castro, donc la nièce du Lider Maximo, et qui y voit « une étape fantastique».
Cette nouvelle Constitution qui insiste sur le caractère «irrévocable» du socialisme en vigueur dans le pays depuis 1959 devra encore être proclamée par le Parlement lors de sa session du mois d’Avril et ne pourra entrer en vigueur qu’après sa publication au Journal Officiel.
A noter, enfin, que l’agressivité de Donald Trump vis-à-vis du Venezuela a eu également un côté positif dans la mesure où elle aurait poussé les cubains à voter «oui» massivement pour défendre leur pays contre la menace américaine; ce qui fera dire à Miguel Diaz-Canuel, sur son compte Twitter, que «la lutte continue» notamment après que le «coup d’Etat impérialiste» perpétré contre le Venezuela ait échoué.
Pour Bruno Rodriguez, le ministre cubain des Affaires étrangères, le Oui à la Constitution cubaine est un Oui à la révolution et, par la même occasion, «une réponse énergique aux incrédules de Washington qui crient à la fin du socialisme». Qu’en sera-t-il alors du socialisme en Amérique latine après que les Etats-Unis aient échoué à le balayer, par la force au Nicaragua ? Attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi