Adoption de la loi sur la grève
Khalid Darfaf
Suite à l’appel du secrétariat nationale du Front marocain contre les lois de grève et de la retraite (FMCLGR), des dizaines de salariés, fonctionnaires et maillants syndicaux pris part à la marche contestataire qui s’est déroulée, dimanche 29 décembre 2024 à Rabat.
Les manifestants qui se sont donné rendez-vous à la place de Bab El Had à 10h 30 ont dénoncé avec véhémence le projet de loi organique n°97-15 fixant les conditions et les modalités d’exercice du droit de grève.
Adopté mardi dernier par les députés de la Chambre des représentants, les six organisations syndicales formant le Front, considère que ce texte de loi demeure contraignant et sert les intérêts du patronat.
En dépit de son adoption par les députés de la majorité, force est de constater que la loi sur la grève est loin de faire l’unanimité entre le gouvernement et les partenaires sociaux.
D’ailleurs, le Bureau exécutif de la Confédération démocratique du travail (CDT) a décidé d’organiser des marches massives de protestation au niveau des capitales régionales du Royaume le dimanche 5 janvier 2025, apprend-on dans un communiqué rendu public.
La CDT qui a appelé à une mobilisation massive, accuse le gouvernement de vouloir saper les droits et acquis sociaux des travailleurs, lit-on en substance dans le communiqué.
Selon la Centrale syndicale, l’adoption du texte de loi relatif à la grève, traduit l’intention du gouvernement, celle de dicter son agenda par la force de sa majorité et de faire fi de la méthodologie de consensus à laquelle il s’est engagé.
Tout en rejetant la version actuelle du projet, la CDT juge que les amendements introduits sur le texte n’ont pas porté du tout sur l’essence de ses dispositions et que sa véritable visée consiste à restreindre le droit de grève, qui est un droit constitutionnel, garanti par les conventions internationales. «C’est le raison pour laquelle, le Maroc n’a pas encore approuvé jusqu’à l’heure, la Convention n° 87 de l’OIT sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical», précise la même source.
En vue de faire aboutir ses revendications, la CDT prévoit même l’organisation d’une grève générale ou encore d’entamer une grève de la faim.
Le patronat sur la sellette
De son côté, l’Union marocaine du travail (UMT) a déclaré sur son site internet que la réduction du nombre de grèves organisées passe avant tout par la résolution des causes qui ont conduit à leur déclenchement, et non par l’adoption d’une loi réglementaire restrictive, ayant pour but de priver la classe ouvrière d’un droit constitutionnel et universel.
En réaction aux déclarations du Secrétaire d’Etat chargé de l’emploi, lors de la séance plénière dédiée aux questions orales, ayant eu lieu lundi 23 courant, en indiquant que 17% du total des grèves résultaient de l’absence de déclaration de procédures auprès de la CNSS, l’UMT estime que ce taux élevé, illustre parfaitement les violations de la loi par les employeurs, en privant ainsi des dizaines de milliers de travailleurs de leurs droits à la couverture sociale.
Toujours selon le syndicat de Miloudi Moukharik, ce pourcentage s’ajoute à d’autres raisons objectives expliquant le déclenchement des grèves, et qui sont estimées à 67 % selon les statistiques officielles du ministère de l’Emploi.
Parmi ces causes figurent : le non-respect des dispositions du Code du travail et des législations en matière d’emploi, le non-paiement des salaires, la violation des libertés syndicales, l’absence de conditions adéquates de santé et de sécurité, le manque de dialogue social, entre autres. Autant dire que dite loi ne va pas mettre forcément fin à toute tension sociale, souligne l’UMT.