L’Espagne refuse de participer à l’opération «Prosperity Guardian»

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Les attaques menées, à l’aide de drones et de missiles, par les rebelles yéménites houthis, contre les navires traversant le détroit de Bab al-Mandeb, dans la mer Rouge, se sont tellement multipliées, ces dernières semaines, en riposte aux bombardements de Tsahal contre les civils palestiniens à Gaza, qu’elles ont poussé les Etats-Unis à mettre sur pied une force multinationale de protection maritime baptisée «Prosperity Guardian».

Mais bien que plus de 20 pays, aient décidé de répondre favorablement à l’initiative lancée par Washington en participant à cette coalition aux côtés des premiers pays partenaires qui étaient la France, le Royaume-Uni, Bahreïn, le Canada, l’Italie, les Pays-Bas, la Norvège, l’Espagne et les Seychelles, après plusieurs jours d’atermoiements et une gêne évidente, le gouvernement espagnol du Premier ministre socialiste Pedro Sanchez a fait part, à travers une déclaration de son ministère de la Défense, publiée samedi soir, de son opposition à tout élargissement de la mission de l’opération européenne «Atalante», qui lutte depuis 2008 contre la piraterie dans l’océan Indien et dont «la nature et les objectifs (…) n’ont rien à voir avec ceux que (cette nouvelle coalition) ambitionne d’atteindre en mer Rouge».

Estimant, néanmoins, «indispensable» la création d’une mission « nouvelle et spécifique » consacrée à la protection du trafic maritime commercial en mer Rouge, le gouvernement espagnol propose que cette dernière ait «un champ d’action, des moyens et des objectifs propres, décidés par les organismes compétents de l’UE».

Il ajoutera que «l’Espagne est et sera toujours un allié sérieux et fiable» des missions militaires de l’UE, de l’Otan et des Nations-Unies et rappellera que c’est à ce titre que «3.000 hommes et femmes des forces armées espagnoles» sont, actuellement, engagées, dans des missions consacrées à la paix.

Ainsi, même si elle ne participera pas à la coalition internationale destinée à protéger le trafic maritime, en mer Rouge, des attaques des insurgés Houthis, l’Espagne ne s’opposera pas à la participation des pays européens dans le cadre d’une mission spécifique.

Mais si, par ailleurs, le communiqué du ministère espagnol de la Défense ne dévoile pas les raisons du refus de l’Espagne, tel qu’annoncé juste après une conversation téléphonique entre Pedro Sanchez et le président américain, Joe Biden, qui, d’après la Maison Blanche, aurait porté sur «la condamnation des attaques actuelles des Houthis contre des navires commerciaux dans la mer Rouge» alors même que le gouvernement espagnol n’a pas évoqué cette question lorsqu’il a fait état de cet entretien téléphonique, la presse espagnole a expliqué ce refus par des raisons liées à la politique intérieure car le Premier ministre espagnol est tenu de composer avec «Sumar», un parti de la coalition gouvernementale appartenant à la gauche radicale et particulièrement hostile à la politique étrangère américaine.

Aussi, est-ce pour cela que, dans une interview qu’elle a donnée à une radio espagnole, Yolanda Diaz, la dirigeante de «Sumar» qui est, également, vice-présidente du gouvernement, a considéré comme étant «énormément hypocrite» l’empressement des pays occidentaux à protéger le commerce international au moment où ils font montre de leur trop grande impuissance à protéger les civils gazaouis des bombardements de Tsahal.

Considérant, enfin, que, d’après le site d’information «El Confidencial» et le quotidien «El Pais», le refus de l’Espagne de participer à cette coalition internationale n’aurait pas pour seule raison d’être des questions de politique interne mais plutôt le fait que le gouvernement de Madrid n’a pas été consulté à l’avance, attendons pour voir…

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