Et voilà un autre monstre de l’art marocain et universel vient de nous quitter. En effet le Maestro, Moha Oulhoucine Achibane s’en est allé à d’autres cieux en quittant ce monde ici-bas à l’âge de 113 ans. Majestueux sur scène, Achibane est une figure emblématique de l’art d’ahidouss ayant consacré sa vie pour l’art, le chant et la danse.
Depuis son enfance, il avait le rythme dans la peau et le verbe sincère dans la verve. Humble et d’une grandeur humaine, l’artiste a choisi l’instrument au lieu de porter la larme. Car au début il y intégrait les rangs de l’armée française, avant de la quitter par suite. Il a ouvert ses yeux sur les montagnes et la nature fabuleuse Tighssaline, l’artiste a exercé l’agriculture dans les champs, dont il tissait des liens d’amour et d’attachement avec la terre. Certes la nature était souvent cette source où les poètes et artistes amazighs puisent leur inspiration. Ipso facto, l’artiste «est celui qui inspire», pour emprunter les mots Rilk. Par ailleurs ce cavalier, a fait d’Ahidouss son cheval de guerre pour poétiser sa vie et celle des autres. Un art où se mêlaient la poésie avec la danse, la beauté du geste la sensualité du rythme et la profondeur de parole. A vrai dire, Ahidouss est loin d’être un simple « folklore». Dans cette optique, la posture dans cette dance est révélatrice, expressive voire poétique. “L’acte même d’interpréter est un geste éthique autant qu’esthétique.”, disait Daniel Barenboïm dans son livre intitulé «La musique est un tout » paru en 2014. En d’autres termes, l’art ne pouvait être loin de l’éthique et la valorisation des valeurs surtout humaines. En outre, la maitrise de son art a en fait de Moha Oulhoucine un maître infatigable qui ne cesse à chaque fois d’innover, de renouveler, et de verser un sang nouveau dans les veines de cet art antique que originel. Symbole du patrimoine musical amazigh et marocain, Achibane a porté l’art d’Ahidouss ici et ailleurs. Il lui a donné ainsi une ampleur comme il se doit. Un maître qui demeura avec son héritage musical dans notre mémoire collective à jamais.
Mohamed Nait Youssef