«Nous aimons Israël de tout notre coeur, nous voulons qu’il y ait un Etat juif, Israël, et qu’il vive en paix avec ses voisins. Mais nous pensons que le temps joue contre la paix», a-t-elle dit en dénonçant la poursuite des implantations en Cisjordanie et dans les quartiers arabes de Jérusalem-est.
Les promoteurs de cet appel également baptisé JCall (d’European Jewish Call for Reason) «ne sont attachés à aucun parti, ni en Europe, ni en Israël», a précisé David Chemla, président de la branche française du mouvement La Paix Maintenant et «cheville ouvrière» de cette initiative qui divise la communauté juive.
Certaines organisations juives proches du Likoud (le parti de droite du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu) ont accusé les initiateurs de cet appel d’être des «traîtres» et ont lancé un contre-appel baptisé «raison garder», tandis que des associations juives de gauche ont dénoncé un texte qu’elles jugent trop timoré à l’égard des Palestiniens.
«Mes coreligionnaires helvétiques craignent plus l’Iran et la montée de l’antisémitisme en Europe qu’une résolution du conflit israélo-palestinien», a souligné la Suissesse Véronique Hayoun, une des près de 4.000 signataires de «l’appel à la raison» enregistrés à ce jour.
Se voulant la version européenne du mouvement américain JStreet, un lobby né pour offrir une alternative aux juifs qui ne se reconnaissaient pas dans le très conservateur AIPAC (American Israel Public Affairs Committee), le JCall entend créer un mouvement européen capable de peser sur les décisions de l’Union européenne ou des Etats-Unis concernant le Proche-Orient.
Partisans de la solution «deux peuples, deux Etats», les signataires estiment que «l’alignement systématique sur la politique du gouvernement israélien est dangereux car il va à l’encontre des intérêts véritables de l’Etat d’Israël». La poursuite de la colonisation dans les Territoires occupés est «une erreur politique et une faute morale», ajoutent-ils. Mais, souligne Chemla, «nous voulons aussi travailler contre les efforts constants de délégitimation d’Israël dans les pays européens». «Les ennemis d’Israël sont nos ennemis», a renchéri l’avocat parisien Patrick Klugman. «Nous sommes absolument opposés à un boycott d’Israël», a affirmé de son côté Mme Hayoun.
Par ailleurs, L’émissaire américain pour le Proche-Orient George Mitchell a entamé une nouvelle mission en vue de lancer des négociations indirectes entre Israéliens et Palestiniens, a indiqué mardi un porte-parole de l’ambassade des Etats-Unis à Tel-Aviv. « Mitchell est arrivé lundi soir (en Israël) et doit s’entretenir mardi avec son équipe avant de commencer ses entretiens mercredi avec les dirigeants israéliens», a affirmé le porte-parole. Selon un porte-parole du bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, Mitchell rencontrera mercredi M. Netanyahu. L’émissaire américain doit ensuite s’entretenir vendredi avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à Ramallah en Cisjordanie. Le président américain Barack Obama a eu lundi une conversation téléphonique de 20 minutes avec Netanyahu centrée sur la relance du processus de paix au Proche-Orient bloqué depuis fin 2008. Selon le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs, les discussions dites «de proximité» «doivent débuter très vite». Israéliens et Palestiniens se préparent à la reprise de leurs pourparlers après le feu vert samedi de la Ligue arabe à l’ouverture de négociations indirectes sous l’égide de M. Mitchell, censées durer quatre mois.