Réflexions sur les élections

Quand Jean Jacques Rousseau, le célébrissime philosophe français fut interrogé sur ce qu’est la patrie, il n’hésita pas de répondre par cette belle litote : « C’est lorsque la fortune du riche ne permettra pas d’acheter son compatriote et que ce dernier n’atteindra guère la misère au point de se faire vendre ! ». Cette allégorie ne serait sans doute pas, loin de la notion de la Nation qu’on pourrait appliquer chez nous, en cette période électorale. En fait, dans un pays comme le nôtre où prolifère la pauvreté à des seuils bas et prospère l’opulence à de cadences vertigineuses, la panne égalitariste en devient délétère, à grandes enjambées, au sein de la société.

L’écrivain existentialiste de l’Hexagone avait raison de lier les fondements humains à la vertu patriotique de coexistence dans le rapport quotidien des individus. Mais, il semble bien que ce principe fondamental de la sacralité humaine, est littéralement piétiné dans le bourbier représentatif marocain pour,  ne citer que l’épreuve électorale dont dépend l’évolution politique nationale. Aux côtés du nouveau phénomène de l’instrumentalisation des préceptes cultuels dans cette opération, du fait que l’entrée en lice de l’Islam politique ne daterait que des deux dernières décennies, il importe de déplorer le déferlement excessif de l’argent sale parmi les franges déshéritées, sous l’oeil impuissant ou encore connivent de certaines autorités oligarques inciviques. Il va sans dire que la profusion pharamineuse du fric, à coup de milliards, sans aucune riposte prompte et ferme, tend à fausser les assises d’égalité des chances et de ce fait, finit par fossoyer foncièrement le jeu démocratique sur lequel repose l’un des fondamentaux de la loi suprême. On convient donc à dire que seul le pouvoir du pognon «soudoyé»détermine la constitution des institutions représentatives, au détriment des compétences et des options en présence. Et c’est toujours les barons de la finance souvent suspecte qui remportent les suffrages en dépit des textes rédhibitoires mis en avant, à la veille de chaque échéancier.Ce qui explique en grande partie, la platitude qui a fréquemment caractérisé l’apport politique et la médiocrité du débat créatif des instances électives, puisqu’«infestées»d’ignares et de corrompus.

A voir ces bonnets véreux glisser des billets de banque aux électeurs, sans nul scrupule, pour s’acquérir des voix indignes, on est plutôt scandalisé par ces insanités qui sont légion dans notre système électoral, depuis l’apparition, dès la fin des années soixante- dix, des entités«contre-nature» où se sont insérés, sur instruction forcée, sous peine de désobéissance fatale,unramassis de rentiers et d’opportunistes richissimes.L’engrenage immonde où s’achemine, depuis des lustres, le processus démocratique de notre pays est en passe de nuire au comportement sociétal censé être fondé avant tout, sur la Morale, tel que claironnait le «prince des poètes arabes», Ahmed Chaouki : « Ce qui persiste aux nations c’est bien la Morale, si elles s’en privent, s’en égarent ». En somme, c’est bel et bien, par le biais de la Morale, que les valeurs humaines s’illuminent dans les esprits et c’est l’Etat qui devrait veiller à en faire régner les étincelles, à travers la priorisation de la Culture et des Arts, au lieu d’en faire le maillon faible des politiques publiques, par la consécration des budgets modiques. Victor Hugo, l’un des illustres moralisateurs de la littérature, disait un jour : « La Morale est un épanouissement de vérités ! ». Où en sommes-nous alors de tous ces beaux propos des sommités de la pédagogie universelle ?Avec ces vermines électoralistes qui répandent leur ineptie éhontée, le chemin de la Morale est encore très long !

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