Russie: Affaire Navalny, une nouvelle affaire Skripal?

Nabil El Bousaadi

Le 10 Mars dernier, Alexeï Navalny, qui s’est fait remarquer par ses multiples publications dénonçant la corruption qui sévit au sein de l’élite russe et de l’entourage du président Poutine, abondamment partagées sur les réseaux sociaux, avait fait part, dans un Tweet, et sur un mode sarcastique, de son étonnement quant au fait que les autorités russes ne l’aient pas encore tué. Ajoutant que cela serait «inacceptable pour un véritable opposant», l’intéressé aurait laissé supposer que le fait de tenter de le tuer pourrait être une consécration, une sorte de clé d’entrée dans la « grande politique».

Si donc, pour réellement exister, ce dernier avait l’air d’attendre tranquillement qu’on le tue ou que l’on essaie de le faire, il n’aura pas attendu plus que de raison puisqu’il a obtenu satisfaction, la semaine dernière, en faisant un malaise alors qu’il se trouvait à bord d’un avion qui devait l’emmener en Sibérie. Admis en réanimation dans un hôpital de la ville sibérienne d’Omsk, son entourage a immédiatement crié « au complot » et dénoncé un empoisonnement. Soupçonnant même les médecins russes de chercher à camoufler leur crime, les proches de l’intéressé ont exigé son transfert en Allemagne. Conduit samedi à un hôpital de Berlin, ce dernier a, dès son admission, été plongé dans un coma artificiel même si sa vie n’était pas réellement en danger.

Or, à en croire les médecins allemands, qui n’ont pas donné d’autres précisions, l’intéressé aurait été intoxiqué par «une substance du groupe des inhibiteurs de la cholinestérase». Rien à voir donc avec le fameux gaz innervant «Novitchok», de fabrication russe, dont le monde entier avait appris l’existence au moment de la fameuse affaire «Skripal» dont les victimes étaient cet ancien espion russe et sa fille Ioulia qui, le 4 mars 2018, avaient été retrouvés inanimés dans un parc de Salizbury au sud de l’Angleterre.

Il n’en fallait pas plus pour faire sortir de ses gonds Dmitri Peskov, le porte-parole de Vladimir Poutine qui, dès mercredi, s’est déclaré «en désaccord total» avec ces «formulations hâtives» car on ne peut pas  «parler d’empoisonnement s’il n’y a pas de poison». Il ajoutera même que la Russie a «clairement intérêt à ce que l’on comprenne ce qui a plongé dans le coma le patient (russe) soigné dans une clinique berlinoise».

Le lendemain, jeudi, c’est le parquet russe qui en regrettant de ne voir «aucune preuve d’acte criminel» s’est mis de la partie et a invité la partie allemande «à fournir aux autorités russes les explications, informations et preuves des diagnostics préliminaires formulées par elles».

Si donc, en son temps, l’affaire Skripal avait été jugée par Poutine comme étant «du grand n’importe quoi» c’est-à-dire une affaire montée de toutes pièces pour nuire à la Russie au moment où elle s’apprêtait à accueillir ces deux évènements de taille qu’étaient les élections présidentielles et la Coupe du Monde de Foot-ball puisqu’à ce jour l’implication avérée de Moscou, dans ce dossier, n’a toujours pas été prouvée, cette nouvelle affaire Alexeï Navalny, qui semble dégager la même odeur de poison, pourrait avoir le même objectif étant donné que la Russie ne compte pas que des amis. Alors, attendons pour voir…

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