Semaine du documentaire de Fès : L’art et la mémoire

 

Le documentaire est le parent pauvre de la filmographie marocaine. Deux raisons expliquent ce constat. D’abord, l’absence de soutien financier puisque le documentaire n’est pas bénéficiaire du fonds d’aide à la production cinématographique et, ensuite, le manque d’intérêt manifeste de la part du public marocain dû à l’inexistence de programme consacré au film documentaire. Néanmoins, l’on peut dire que la situation est en train de bouger avec la création du festival du film documentaire de Khouribga, la Semaine du documentaire de Fès et autres manifestations qui visent justement à pallier à cette lacune en contribuant à son rayonnement et son ancrage dans le paysage culturel.

La Semaine du documentaire de Fès sera donc une occasion propice pour déceler les jeunes talents et améliorer leurs performances en leur permettant de côtoyer les documentaristes issus de contrées différentes.

Pour cette quatrième édition, une panoplie de projections des Emirats, du Liban, de la France, du Danemark, de la Hollonde, du Maroc et autres sont au menu. Le thème retenu pour cette année est le Moyen-Orient et le Maghreb. Il sera question de la mémoire car « Filmer, c’est faire de la mémoire » comme disait le réalisateur et écrivain français Chris Marker. Il s’agira dans cette rencontre d’une série de sujets qui caractérisent et préoccupent le monde arabe : la guerre de Liban, celle de l’Irak, la condition féminine dans le monde arabe, l’identité, l’enfance, la jeunesse, les rêves brisés, l’immigration, les bidonvilles. Somme toute, plusieurs aspects du monde arabe et maghrébin seront épluchés à travers des regards différents. Ainsi, «Au pays qui te rassemble» évoque l’identité à travers le parcours d’une réalisatrice naturalisée française.

«Checkpoint Rock : songs from Palestine» revisite le quotidien de la population de la bande de Gaza qui plonge dans le désespoir et la pauvreté. «Inshallah beijing» brosse le portrait de jeunes athlètes palestiniens en quête de victoires et de médailles dans une ambiance de guerre. La mémoire est aussi une thématique récurrente dans les films sélectionnés. En effet, «Neighbors» propose un tour d’horizon sur le «Garden city», l’un des quartiers les plus authentiques dans le Caire et qui a été la scène de négociations politiques à l’échelle internationale. «Les Oubliés de Cassis» met l’accent sur la mémoire individuelle et collective des Tunisiens immigrés en France dans les années soixante dix.

A l’instar de la précédente édition, la Semaine du documentaire de Fès compte mettre au devant de la scène les jeunes talents. Dans cette perspective, une fenêtre sera consacrée aux essais documentaires réalisés par des étudiants de l’Ecole supérieure des Arts visuels de Marrakech (ESAV).

Cette rencontre sera inaugurée par le documentaire «Slingshot Hip Hop» en présence de sa réalisatrice Jackie Reem Salloum. Le film s’articule autour d’un groupe de jeunes palestiniens de Hip hop qui s’arme de musique pour exprimer leurs angoisses, leurs colères et leurs révoltes dans un contexte marqué par les bombardements continus des Israéliens.

Par ailleurs, cette manifestation sera clôturée par un documentaire intitulé «12 Libanais en colère» de la réalisatrice Zeina Daccache.. C’est l’histoire d’une troupe théâtrale composée de prisonniers libanais qui défient la détention et font de l’art leur navire de sauvetage.

 

 

 

 

 

 

 

 

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