«Si Dieu nous prête vie»

Un roman ou l’âme souffrante fait révolte

Paru aux éditions Saint Honoré, «Si Dieu nous prête vie» est le premier roman d’Intissar Haddiya. Il relate le vécu empreint d’amour, de douleur, d’espoir et d’aventure d’un groupe d’individus partageant la même séance de dialyse. «Connaître d’une manière très simplifiée différents aspects de la maladie rénale et raconter le défi que représente la vie au quotidien pour les personnes présentant une condition chronique, à travers le vécu du patient dialysé»,est un message parmi d’autres que cherche à véhiculer l’écrivaine. Pour rapprocher les lecteurs à la vision du roman, Al Bayane a joint Intissar Haddiya, écrivaine et professeur universitaire et agrégée de Néphrologie au – CHU Mohamed VI- Oujda.

Al Bayane : Pourquoi avoir choisi « Si Dieu nous prête vie » comme titre à ce roman ? C’est Dieu, ou plutôt le verbe «prête» qui vous a interpellé ?

entretien-avec-intissar-haddiyaIntissar Haddiya : C’est une expression qui a une portée philosophique et de laquelle émane une certaine puissance. Elle résume en grande partie l’espoir et le désir ardent de survie que manifeste l’ensemble des personnages du roman ainsi que leur lucidité de la gravité de leur condition de malades à vie. De plus, il y a cette notion subtile que véhicule cette expression sur le fait que l’humain n’est pas véritablement propriétaire de sa vie mais en est plutôt un simple usager. C’est, en fait, au fil de l’écriture de ce roman que cette expression s’est, petit à petit, imposée comme titre de l’ouvrage.

Votre roman met la lumière sur le vécu d’un groupe d’individus lors d’une séance de dialyse,  entre empreint d’amour, de douleur, d’espoir et d’aventure.Pourquoi avoir choisi ce thème ?

J’ai choisi ce thème parce qu’il fait écho à mon quotidien de médecin néphrologue dans un pays en voie de développement. J’ai eu besoin d’exprimer la lourdeur de la maladie rénale et les souffrances des patients d’une manière différente de celle des publications médicales dont la caractéristique majeure est la neutralité scientifique. Je pense qu’il est nécessaire de dévoiler la charge émotionnelle qui emplit, contre toute attente, ces lieux singuliers où convergent des destins très différents et où se tissent des liens, parfois très forts, entre les patients et aussi avec les soignants. J’ai voulu essentiellement donner une voix à ces personnes, très courageuses qui ont tellement de choses à nous apprendre sur le sens de la vie, l’extraordinaire chance d’être en bonne santé, le désir de survie qui persiste même dans l’adversité absolue. J’ai tenu à faire connaître leur cause, raconter leurs joies et leurs peines et inviter le lecteur dans leurs rêves…

Comment avez-vous choisi les personnages de ce roman ?

Les personnages de ce roman sont tous fictifs. Cependant, ils sont naturellement inspirés de patients réels. Chaque personnage possède une mosaïque de caractéristiques psychosociologiques très variées. Chacune d’elles peut être observée chez des personnes différentes dans la vraie vie. Si bien que chaque personnage représente à lui seul un ensemble de vrais patients, de par le vécu qui lui a été octroyé dans l’ouvrage et les événements auxquels il participe. Par ailleurs, j’ai essayé également, lors de la construction des personnages, de représenter quelques traits de personnalité fréquemment retrouvés chez le patient dialysé, dévoiler ses craintes et angoisses souvent inavouées. Le roman est un mode d’expression qui se prête à cet exercice et permet la liberté de traiter une telle thématique sous un angle différent.

Votre roman a été écrit dans un style simple, avec des citations qui renforcent la thématique du livre.Pourquoi avez-vous opté pour ce choix ?

Je pense que la simplicité du style permet de transmettre aisément les émotions et renforce la sincérité du texte. J’ai écrit sans artifices, sans chercher à plaire, ni à faire joli : l’essentiel pour moi durant tout le processus de l’écriture était d’exprimer fidèlement les sentiments des personnages et véhiculer clairement mes messages. Une grande partie de ce roman a été  écrite sur une durée assez courte. A la fin, en relisant les différents chapitres, certains événements m’ont fait penser à des expressions ou citations que j’avais gardées en mémoire à l’occasion de mes différentes lectures, et me semblant de circonstance, j’en ai fait des ouvertures de chapitres.

Quel est le message que vous voulez véhiculer à travers ce roman ?

Mes messages majeurs étaient de faire connaître d’une manière très simplifiée différents aspects de la maladie rénale et raconter le défi que représente la vie au quotidien pour les personnes présentant une condition chronique, à travers le vécu du patient dialysé. De plus, j’ai essayé de mettre en exergue, tout au long de cet ouvrage, la difficulté d’accès à la transplantation d’organes. Ce n’est pas facile pour un patient de chercher un donneur dans son entourage, à fortiori, lorsque les proches ne sont pas suffisamment informés sur la faisabilité de ce traitement. J’ai accordé une attention particulière à cette notion, et le fait de décrire la gêne et les tourments qu’elle peut générer, chez le patient, me tenait à cœur.

Qu’en est-il de vos nouveaux projets littéraires ?

En effet, je suis sur des projets d’écriture en rapport avec d’autres thèmes qui me tiennent à cœur. J’écris souvent et assez régulièrement, lorsque j’ai le temps et lorsque j’en éprouve le besoin. L’écriture est un magnifique moyen d’expression, d’échange et de partage des idées. C’est une activité que je pratique depuis l’enfance. Elle m’apaise, me procure beaucoup de sérénité et un certain équilibre en compensant la difficulté de mon métier.

Omayma Khtib

 

Bio-express : Intissar Haddiya née le 14 Juillet 1981, est un jeune médecin marocaine. Elle est actuellement professeure agrégée de Néphrologie à la Faculté de médecine d’Oujda-Maroc et vice-présidente de la Société Marocaine de Néphrologie. Ses premiers essais littéraires étaient publiés en langue anglaise par Cambridge University Press en 2005. Auteure de nombreux travaux scientifiques médicaux et engagée dans la promotion du don d’organe, Intissar HADDIYA est membre actif de plusieurs associations de soutien des insuffisants rénaux.

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