Une rentrée comme les autres … Informelle.

par Mustapha Labraimi

L’Oum er Rbia n’est pas le Bou Regreg, loin s’en faut. Le premier se meurt dans une agonie destructrice de la biodiversité, devenant une atteinte à la santé publique ; le second est nourri par une autoroute hydrologique et voit ses rives aménagées selon un plan spécifique, adoptépar décret et conférant l’utilité publique à son aménagement.

Certes ; comparaison n’est pas raison, et sans prétendre au même traitement, la « Mère du printemps » aurait bien aimée voir quelques enrochements fixer son embouchure pour accéder librement à l’océan.

On se demande qui a intérêt au maintien de cet état insalubre et dégradant de l’estuaire de l’Oum er Rbia ? La fixation de l’embouchure serait-elle plus difficile à réaliser pour que l’exploitation illégale du sablecontinue ou de la construction de la digue de Sidi Daoui érigéede 1984 à 1985, études comprises, pour répondre aux exigences en eau des exportations agricoles ?

Il en va des oueds comme il en va des hommes et des femmes à travers le monde. Ceux et celles qui disposent de la richesse, qui ne ruisselle pas et qu’ils gardentpour vivre leur modernité, parfois tapageuse ; et celles et ceux qui, en ces temps où l’argent semble filer à travers les doigts comme l’eau à travers le sable, ressentent l’anxiété de ne pas pouvoir assumer l’acquisition des biens et des services nécessaires et la peur de l’endettement et ses conséquences stressantes.

L’utilité publique aurait été de les rassurer par quelques mesures pour sauvegarder « l’équilibre macroéconomique et la souveraineté » des ménages, mais le gouvernement a d’autres préoccupations, du moment que « la pente a été remontée à partir du Programme d’ajustementstructurel pour pouvoir être reconnu auniveau du Fonds Monétaire International en 2012 avec la Ligne de précaution et de liquidité (LPL) et, tout récemment, avec la Ligne de crédit modulable ».

Le secret de cette remontada réside, selon Wali Bank Al-Maghrib, dans « l’effort pédagogique et de sensibilisation, outre le dialoguepermanent entre la Banque centrale et le gouvernement » ; des sacrifices de la population pendant cette période, il n’en est pas question.

Que l’Etat s’endette, que les ménages s’endettent, que le dirham fluctue entre le dollar et l’euro ; l’important est de s’assurer du soutien du FMI. La dette ne fait plus peur aux gouvernants du moment que c’est la population (à son insu) qui la supporte, depuis le PAS jusqu’à la LPL ; et qui vivra verra !

Hormis celles et ceux qui profitent de la richesse nationale, à la population d’amortir, voire d’estomper, « les chocs défavorables » que subit l’économie nationale. Le gouvernement s’occupe du dosage à faire supporter, homéopathique et insidieux ou déclaré et franchement insupportable comme le fut la hausse du prix à la pompe, entre autres.

Il faut relever que cela n’empêche pas la population de vivre sa vie ; fêter l’aïd en égorgeant un mouton, s’amonceler sur les plages pour éviter la canicule, organiser des moussems pour honorer les saints, célébrer des noces en grandes pompes (pour l’œil des envieux), …etc. La population subit et ne se formalise pas. Elle vit dans l’informel dont le gouvernement ne se préoccupe pas. Elle évacue par l’anecdote, la caricature, la critique acerbe et la dérision en utilisant le moyen de communication informel que constitue les réseaux sociaux.

Que reste-t-il de ces moments de joie et de détente lors de cette rentrée ? Des soucis qui s’accumulent car rien n’indique que le gouvernement se préoccupe des contraintes subies par la très grande majorité de la population.

Une rentrée comme les autres, marquée par l’informel et où les discours officiels se répètent identiques à eux même présentant des « feuilles de route » qui ne résisteront pas à l’automne.

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