Attendons pour voir…
Ce mercredi, le nouveau président américain, Joe Biden, a eu son premier entretien téléphonique avec son homologue chinois Xi Jinping. Dans cette communication, très cordiale, aux dires des deux parties, en dépit des profondes divergences qui existent entre elles, les deux dirigeants ont abordé diverses questions dont notamment la nouvelle pandémie du coronavirus, le changement climatique mais, également, le contrôle des armements et la possibilité pour les deux pays de poursuivre ce que la Maison Blanche considère comme étant des «engagements pratiques axés sur les résultats».
Mais si, sur le fond, les reproches que faisait l’administration Trump à Pékin sont restés les mêmes, force est de reconnaître que c’est, plutôt, sur la forme que le nouveau président américain entend se démarquer de son prédécesseur en promouvant une approche plus diplomatique avec pour principal levier les alliances internationales – notamment avec l’Europe – qui lui permettraient, en cas de besoin, de démultiplier la force de frappe d’éventuelles sanctions contre la Chine.
Ainsi, du compte-rendu de cette communication téléphonique fait par l’exécutif américain, il ressort que le nouveau président américain, qui prône une approche plus pragmatique de la question du climat délaissée par son prédécesseur, a notamment mis l’accent sur «la sécurité, la prospérité, la santé» et sur la nécessité de «préserver une zone indo-pacifique libre et ouverte». Le nouveau locataire de la Maison Blanche aurait, également, exprimé ses « profondes inquiétudes» à propos de «la répression à Hong Kong», des «violations des droits humains» dans le Xinjiang, des actions «de plus en plus agressives» de la Chine dans la région «y compris à l’égard de Taïwan» et, enfin, de la question des pratiques économiques « injustes et coercitives » de Pékin qui, pour l’heure et dans l’attente d’un réexamen global de la stratégie commerciale américaine, obligeraient Washington à maintenir les taxes douanières sur les produits chinois mises en place par l’administration Trump.
Ainsi, s’il avait clairement affiché son intention d’opérer une rupture avec la politique étrangère de son prédécesseur, Joe Biden a tenu, dans cette communication téléphonique qui intervient trois semaines après son investiture, à se montrer beaucoup plus tranchant que ce dernier sur la question des droits humains tout en s’inscrivant dans une relative continuité sur le registre des relations commerciales bilatérales et sur celui de la volonté qu’avait la précédente administration américaine de tenir tête à Pékin dans une «compétition stratégique».
Considérant comme étant une preuve de bonne volonté, manifestée par les deux parties, le fait que cet appel téléphonique ait été programmé à la veille du nouvel an chinois, le «South China Morning Post» de Pékin a tenu à signaler qu’au cours de cette communication, le président chinois a réitéré le point de vue de son pays selon lequel « la coopération est le seul choix correct pour les deux parties». Invitant son homologue américain à travailler en commun sur les dossiers afférents à la lutte contre la pandémie et à la relance économique, le président Xi Jinping aurait, tout de même, tenu à préciser que les questions de Taïwan, de Hong Kong et du Xinjiang relèvent des «affaires intérieures» de la Chine donc de sa «souveraineté et son intégrité territoriale» et qu’à ce titre, il appartient aux Etats-Unis de «respecter les intérêts fondamentaux de la Chine et d’agir avec prudence». Restant, enfin, convaincu que seule la coopération bilatérale permettra aux deux pays de résoudre leurs différends, le président chinois a appelé à la poursuite du dialogue et de la concertation entre Pékin et Washington.
Quelle tournure vont prendre les relations sino-américaines alors que le président Joe Biden n’a fait aucune allusion à un éventuel boycott des Jeux Olympiques d’hiver prévus à Pékin en 2022 nonobstant le projet de résolution introduit au Sénat, par certains députés, à l’effet de demander au Comité International Olympique (CIO) de retirer à la Chine l’organisation de cette manifestation sportive du fait de «ses violations flagrantes des droits de l’Homme» ? Attendons pour voir…