Deux expositions à Paris
Paris consacre deux expositions au géant de la littérature française qu’est Victor Hugo: l’une intimiste avec ses dessins aux accents fantastiques, l’autre racontant ses funérailles qui rassemblèrent une des plus grandes foules jamais vues dans la capitale.
Sur la Place des Vosges, au coeur de Paris, la Maison reconstituée de Victor Hugo, rénovée après dix-huit mois de travaux, inaugure sa première exposition post-confinement où sont rassemblés 200 dessins, mal connus du grand public.
L’écrivain les réservait au cercle de ses proches. Ils ne deviendront célèbres qu’à partir de 1888, trois ans après sa mort, en 1885.
Le parcours fait aller le visiteur d’un « atelier » thématique à un autre: « l’amitié » « l’amour », « l’âme », « Paris », « le deuil » etc.
C’est en 1837 que Victor Hugo va passer du dessin documentaire au dessin visionnaire. Dans ses dessins à l’encre noire, crépusculaires ou nocturnes — « Le Burg à la croix », et « Le phare d’Eddystone » notamment– règne un fantastique d’outre-tombe.
Fascinante est la série de caricatures qu’il a dessinées à la fin de sa vie pour défendre, à l’occasion d’un procès, l’abolition de la peine de mort. Intitulée « Le poème de la sorcière », elle croque férocement les visages grimaçants des juges, des bourreaux, des badauds.
L’exposition « La Liberté au Panthéon » installée dans la crypte, près de son tombeau, retrace avec des photos, tableaux et objets d’époque l’incroyable évènement des obsèques de ce grand homme dont la IIIe République utilise la mémoire pour consolider ses valeurs républicaines. Et, pour élargir le champ, le parcours propose un zoom arrière sur toute sa vie.
Amnestie des communards, lois sur l’instruction gratuite, liberté de la presse, Hugo n’est étranger à aucun des combats sociaux des années 1870-80.
Sous l’Arc de triomphe, une photo saisissante montre un énorme catafalque noir en forme d’encrier, avec blason, drapeaux et draperies, dessiné par l’architecte Charles Garnier.
Au milieu d’une marée de deux millions de personnes, le « corbillard du pauvre » qu’avait souhaité l’auteur des Misérables, va s’en extraire, descendre les Champs Elysées, rejoindre le boulevard Saint-Germain, remonter le boulevard Saint-Michel jusqu’à l’ancienne église Sainte-Geneviève transformée en temple laïc.
« Funérailles de Victor Hugo. A louer 60 places au premier étage. Boulevard Saint-Germain », propose une des « petites annonces » de l’époque!
L’exposition du Panthéon illustre bien la véritable déification qui entoure alors l’écrivain décédé, rassembleur des valeurs républicaines.
-Légende : « La Liberté au Panthéon », jusqu’au 26 septembre