Attendons pour voir…
Nabil EL BOUSAADI
La crise politique et sociale que traverse le Nicaragua depuis Avril 2018 s’est accentuée après les élections générales controversées du 7 novembre dernier qui avaient été qualifiées de farce par les Etats-Unis, l’Union européenne et une grande partie de la communauté internationale et à l’issue desquelles le président Daniel Ortega avait rempilé pour un cinquième mandat qui est aussi son quatrième mandat consécutif et le deuxième avec son épouse Rosario Murillo en tant que vice-présidente.
Aussi, après s’en être pris à tous ses opposants politiques et à toutes les ONG qui contestent sa gestion du pouvoir, le président Nicaraguayen Daniel Ortega avait fait adopter, le 7 janvier dernier, par les députés du Front Sandiniste de Libération du Nicaragua (FSLN), le parti au pouvoir, une loi créant trois nouvelles universités publiques en remplacement des six principales universités privées du pays, fermées 5 jours plus tôt et retiré les permis d’exploitation de 11 ONG nicaraguayennes outre les 80 organisations civiles à but non lucratifs frappées d’interdiction depuis décembre 2018.
Le décret en vertu duquel ces ONG ont été annulées qui concerne également trois ONG américaines et trois autres européennes, a été adopté lors d’une « procédure d’urgence » après l’approbation de 85 députés sur les 91 qui composent le Parlement puisque les 6 députés qui n’avaient pas voté étaient absents.
Le gouvernement de Managua a également procédé à l’annulation des permis d’exercer initialement accordés à 5 universités étrangères au Nicaragua en invoquant une « violation de la loi ».
Il est officiellement reproché aux associations concernées de n’avoir pas fourni leurs rapports financiers au Département de l’enregistrement et du contrôle des associations à but non lucratif du ministère de l’Intérieur et aux Universités visées non seulement de s’être abstenues de lui communiquer leur situation financière mais, également, d’être gérées par un « Conseil d’Administration sans tête » même si la réalité est autre.
Ainsi, UPOLI, l’Université polytechnique du Nicaragua, à but non lucratif qui fut l’une des plus réputées du pays et un bastion des manifestations antigouvernementales qui avaient eu lieu entre Avril et Juin 2018, lorsque des dizaines d’étudiants s’y étaient retranchés pour ne point être arrêtés par la police au plus fort d’une crise qui avait fait plusieurs centaines de morts, a été remplacée par l’Université Nationale Polytechnique (UNP).
Or, même si le Conseil National des Universités (CNU) de l’Etat a promis que les étudiants ne seraient pas affectés dans leur carrière ou dans leurs diplômes et qu’ils bénéficieront d’une réduction de leurs frais de scolarité dès lors qu’ils seront inclus dans le système d’éducation du gouvernement, il est clair que l’intention manifeste de l’Etat n’est pas, comme il s’acharne à vouloir le faire croire, de « nationaliser » l’enseignement supérieur mais plutôt de museler tout foyer potentiel d’opposition au régime.
Mais si toutes ces raisons ont poussé le Sous-secrétaire d’Etat américain, Brian Nichols, à affirmer que le Nicaragua serait sur le point d’être expulsé de l’Organisation des Etats Américains (OEA) après que la Chambre des représentants des Etats-Unis ait imposé des sanctions aux responsables nicaraguayens à l’issue des élections contestées de novembre dernier, il y a lieu de signaler que Denis Moncada, le chef de la diplomatie nicaraguayenne, lui avait rétorqué que le gouvernement de Managua avait entamé le processus de retrait de l’OEA au moment-même où, en faisant montre d’interventionnisme, cette organisation régionale « contrôlée par les Etats-Unis » avait dénoncé l’illégitimité des élections nicaraguayennes de Novembre dernier.
De quoi demain sera-t-il fait au Nicaragua après la fermeture de tous ces « foyers de tensions » que constituaient les Universités et la dissolution de toutes ces ONG ?
Attendons pour voir…