BMCE Capital Global Research
BKGR a affirmé dans son « Strategy » du mois de janvier 2022 que la dynamique économique retrouvée en 2021 se confirme avec une croissance désormais attendue à 7,2%.
Cette croissance est portée par la réalisation d’une bonne année agricole et la dynamisation de la demande intérieure, intervenue dans le sillage de l’amélioration de la situation sanitaire, indique BKGR dans son récent « Strategy » intitulé « Un bon plan économique à ne pas dissiper en 2022 ».
« Les dernières estimations du Haut-Commissariat au Plan (HCP) pour l’année 2021 dépassent de loin les attentes en matière de croissance économique puisque le rebond du PIB devrait se situer à +7,2% (vs. +6,7% pour Bank Al-Maghrib et +6,0% pour notre scénario central), effaçant ainsi la contraction de -6,3% de 2020 », précise la même source.
Cette reprise permet une hausse de près de +18% de la valeur ajoutée du secteur primaire, ainsi que l’accélération de la demande intérieure, davantage dynamisée dans le sillage de l’amélioration de la situation sanitaire.
En séquentielle, l’évolution trimestrielle du PIB laissent ressortir un important effet de base à partir du T2-2021 avec +15,2%, faisant suite à un premier trimestre plutôt mou (+1%). Davantage normatives, les croissances du T3 et du T4 dénotent de la poursuite du trend haussier quoiqu’en décélération avec +7,8% et +4,9% respectivement.
En 2021, la croissance de la demande interne est, en grande partie, redevable au raffermissement de la consommation des ménages au moment où l’investissement brut retrouve sa forme et signe une hausse de +13,3% porté principalement par le regain d’intérêt des investisseurs pour la construction et l’industrie.
La demande extérieure adressée au Maroc, elle, n’a pas, de son côté, fait défaut à l’économie nationale puisque les derniers chiffres de l’Office des Changes, à fin décembre 2021, affichent un accroissement de +24,3% pour les exportations à 326,9 milliards de dirhams (MMDH) face à une hausse similaire de +25,0% pour les importations à 526,7 MMDH.
Il en découle une dégradation du déficit commercial à 199,7 MMDH pour un taux de couverture quasi-stable de 62,1%. La contribution de la demande extérieure nette à la croissance du PIB devrait ainsi ressortir négative entre 1,4 et 1,6 points, en creusant davantage le déficit du compte courant de la balance des paiements.
Selon le HCP, le besoin de financement devrait ainsi s’accentuer pour se situer à -2,5% du PIB en 2021 contre -1,8% en 2020 traduisant la fragilité de la situation extérieure commerciale et l’insuffisance de l’épargne nationale (28,7% du PIB) contre un taux d’investissement brut toujours plus important (31,3% du PIB).
Plus spécifiquement, la hausse des importations reflète, certes, un effet volume qui fait suite à la reprise de l’activité économique et à la forte hausse des achats de médicaments (+68,4% attribuable à l’acquisition de vaccins anti-covid19 pour +5 MMDH) mais aussi un effet prix consécutivement à la flambée des cours internationaux du pétrole (+38,5% à 5.193 dirhams la tonne) et des matières premières (+18,1% à 497,10 USD la tonne pour le sucre brut par exemple), relèvent les analystes de BKGR.
La hausse des prix à l’import commence à impacter les coûts de production des industries locales comme en témoigne l’augmentation en fin d’année de l’Indice des prix à la production industrielle, énergétique et minière -IPPIEM- de +2,9% à 110,3 points. C’est également le cas pour l’inflation qui, tout en restant globalement sous contrôle, observe une hausse plus importante en 2021 avec un glissement de +1,4% pour l’IPC annuel de 1,4% et +1,7% pour le sous-jacent contre respectivement +0,7% et +0,5% en 2020.
A contrario, la bonne orientation des exportations ne semble pas encore intégrer complètement la répercussion des prix sauf peut-être pour les phosphates et dérivés, note la même source, précisant que la reprise des volumes de ventes à l’étranger a soutenu la dynamique industrielle puisque le taux d’utilisation des capacités (TUC) s’est ressaisi en 2021 à 72,3% contre 63,4% en 2020.
Au registre des finances publiques, l’exécution de la Loi de Finances 2021 fait ressortir à fin décembre un déficit budgétaire de 70,9 MMDH contre 82,3 MMDH (et 71,7 MMDH budgétisé dans la LF 2021) un an auparavant, ramenant son niveau dans le PIB à -6% contre -7,6% en 2020.
Aux fins de combler ce besoin, le Trésor s’est principalement tourné vers le marché de la dette intérieure, levant 149,3 MMDH contre 164,1 MMDH un an auparavant alors que les remboursements en principal ont totalisé 102,8 MMDH contre 120,2 MMDH en 2020. Dans une moindre mesure, des emprunts externes ont été mobilisés pour 18,4 MMDH (vs. 63 MMDH en 2020) intégrant des amortissements de la dette pour 10,2 MMDH.
Pour 2022, le scénario de décélération de la croissance économique à +2,9% (parfaitement aligné avec BAM et notre scénario central) reste de mise, note BKGR, relevant qu’il pourrait, cependant, se trouver contrarié par le retard important constaté en matière de pluviométrie, notamment entre décembre et janvier.
« Si cette situation perdure à fin mars, elle devrait fortement impacter la récolte céréalière (attendue initialement à 72 MQtx) et, de facto, dégrader encore davantage la contribution négative projetée de la valeur ajoutée agricole au PIB », soulignent les analystes d’AGR.
Nonobstant la prise en compte d’autres facteurs, tant positifs, comme une meilleure performance des activités secondaires et tertiaires notamment avec la reprise du tourisme, que négatifs, comme le resserrement à nouveau des contraintes sanitaires…, ont-t-ils précisé.
Et d’ajouter: « On pourrait être amené à revoir à la baisse dans les mois prochains nos estimations de croissance économique pour les rapprocher du worst scenario ».
« En attendant, le marché boursier a démarré l’année sur les chapeaux de roues avec des hausses de +3,93% pour le MASI et de +4,26% pour le MSI 20 profitant de l’anticipation toujours favorable des investisseurs quant à l’orientation des réalisations 2021 des sociétés cotées ainsi que l’arbitrage toujours favorable pour l’action, amenant les institutionnels locaux à renforcer leurs positions dessus », conclut BKGR.