Une figure de proue du multiculturalisme au Maroc

Hommage posthume à Edmond Amran El Maleh

Une nouvelle salle baptisée du nom d’Edmond Amran El Maleh a été inaugurée mardi, au lycée Descartes de Rabat, rendant ainsi un hommage posthume à l’une des figures ayant marqué la pensée et la littérature marocaines.
À la mémoire du défunt écrivain et penseur, la stèle nominative de la nouvelle salle de travail des professeures du lycée a été dévoilée lors d’une cérémonie marquée par la présence du conseiller de SM le Roi, M. André Azoulay, président de la Fondation Edmond Amran El Maleh, ainsi que d’intellectuels et d’acteurs du monde de l’art et des médias, et des représentants du corps diplomatique français accrédité à Rabat.

La cérémonie hommage-inauguration a été l’occasion pour de nombreux proches et amis du penseur Edmond Amran El Maleh, disparu en 2010, de lui rendre un hommage bien senti autour de ses valeurs et ses legs.
Se félicitant de l’inauguration de cette salle portant le nom de feu Amran El Maleh, M. Azoulay a livré un témoignage émouvant à l’égard de ce grand penseur marocain de confession juive et mis en valeur son militantisme sans faille et ses qualités en tant qu’écrivain et philosophe engagé.
« Il était un grand fervent militant nationaliste », a-t-il souligné, affirmant qu’Edmond Amran El Maleh est connu à travers ses écrits, pour son attachement fort à ses origines marocaines juives, et surtout à la ville d’Essaouira.
« Il s’était inspiré à Essaouira du partage fécond entre les écoles soufies des musulmans et les Kabbales des juifs », a expliqué M. Azoulay, pour qui feu Amran El Maleh restera gravé dans la mémoire commune, socle même de l’identité nationale marocaine.

Dans une déclaration à M24, la chaîne d’information en continu de la MAP, la proviseure du lycée Descartes, Najat Delpeyrat, a indiqué que cet évènement fait partie d’un programme visant à rebaptiser toutes les salles du lycée Descartes dans un esprit de diversification culturelle (française, arabe…etc), en choisissant des personnalités qui appartiennent à ces cultures. « La salle baptisée Edmond Amran El Maleh est dédiée à sa mémoire symbole de multiculturalisme », a-t-elle dit.

L’assistance a eu droit à la projection en avant-première d’un documentaire consacré à l’héritage musical judéo-marocain, intitulé « Dans tes yeux, je vois mon pays », en présence de son réalisateur Kamal Hachkar.
Le film raconte l’histoire de Neta et Amit Cohen qui vivent à Jérusalem. Ensemble, ils ont créé un groupe où ils se réapproprient et revisitent leur héritage musical judéo-marocain.
« Dans tes yeux, je vois mon pays » accompagne les deux personnages durant un voyage au Maroc jalonné de rencontres musicales, un périple qui va transformer leur perception de qui ils sont et de ce qu’ils veulent devenir. Se dessine alors le rêve de recréer des ponts avec le pays et leurs ancêtres.
Approché par la MAP, le cinéaste Kamal Hachkar s’est dit « heureux » d’assister à l’inauguration d’une salle au lycée Descartes à la mémoire de feu Edmond Amran El Maleh.

« J’ai eu la chance de le rencontrer et de le filmer juste avant sa mort au moment où je préparais le film-documentaire Tinghir-Jérusalem », se remémore avec émotion le cinéaste franco-marocain, notant que la projection de son film se veut une participation à la remémoration de cette mémoire plurielle judéo-marocaine.
Philosophe, romancier, essayiste et journaliste, le défunt Amran El Maleh est l’auteur de nombreux romans et essais traduits en plusieurs langues. Né en 1917 dans la ville côtière de Safi, au sein d’une famille juive, décédé à Rabat en 2010 et enterré à Essaouira, il est l’un des écrivains-intellectuels majeurs du Royaume.
Le lycée Descartes avait inauguré en mars dernier une salle dédiée à Nour-Eddine Saïl, en guise d’hommage à ce ténor du septième art marocain.

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