Une activité à double tranchant

La livraison à domicile 

Karim Ben Amar

La livraison à domicile est une activité professionnelle de plus en plus prisée chez les jeunes. À l’instar du monde entier, cette activité a connu dans notre pays un boom durant la pandémie et la période du confinement obligatoire. Casablanca, Rabat, Fès et Tanger sont les villes où la livraison à le plus de succès. Connaissant un franc-succès chez les jeunes, 64% sont des hommes et 36% des femmes. Notons que plus de la moitié des livreurs : 54%, font partie de la tranche d’âge 15-34. Au Maroc, ce secteur pourtant porteur, n’est pas structuré. Bien qu’organisée comme auto-entrepreneuriat, cette activité professionnelle demeure informelle. Ayant encore de beaux jours devant elle, la livraison qui est intrinsèquement liée au e-commerce a grand besoin de se structurer. Et pour cause, aucune condition n’est requise pour exercer cette activité. En partant de ce constat, nul n’est protégé. Livreurs et destinataires sont donc biaisés.

En Europe, le débat sur la réglementation de cette activité va bon train. L’avenant de la Convention collective nationale des transports routiers et des activités auxiliaires du transport limite l’amplitude journalière d’un coursier à 10 h de travail maximum. De plus, les nouveaux salariés doivent suivre 5 jours de formation lors de leur embauche.

Autant dire que dans le Vieux continent, le débat sur la réglementation de cette activité est houleux. L’Espagne a d’ailleurs fait passer une loi cavalière afin de protéger livreurs et destinataires.  Le combat pour de meilleures conditions de travail s’est soldé par la mise en place cet été d’une loi obligeant les plateformes à établir des contrats de travail. Mais le texte est très peu appliqué. C’est d’ailleurs pour cette raison que le leader du marché Glovo risque de lourdes sanctions.

Au Maroc, le problème finira par se poser, d’autant plus que cette activité connait un franc-succès chez les jeunes. Tant que l’activité n’est pas réglementée, livreurs et destinataires ne sont pas protégés.

D’une part, le livreur travaille sans la moindre protection sociale, et donc dans la plus grande précarité. D’autre part, le ou la destinataire risque l’agression puisque le livreur n’est parfois enregistré nulle part. Agression sexuelle, harcèlement, vol, le destinataire n’est aucunement protégé. Notons aussi que les livreurs sont tout aussi exposés à des agressions ou vols de moto comme cela survient souvent à Casablanca. L’option sur l’application de Glovo dénommée « commande magic » donne la possibilité à certains individus de se faire passer pour de potentiels clients alors qu’ils sont des agresseurs.

Pour une activité aussi porteuse et qui en est qu’à ces débuts, la réglementation est de mise. Pour toutes les raisons évoquées, l’organisation du secteur est une nécessité. Ainsi, aurons-nous des livreurs qui travaillent dignement et des destinataires qui ne risquent pas l’agression puisque livrés par des inconnus, la plus part du temps, impossible à identifier. 

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