XIII-Le tribunal annonce la liquidation judicaire, Jouahri rassure l’opinion publique

Samir : comment le Maroc en est arrivé là ?

Dans cette série d’articles, nous allons essayer, dans la mesure du possible, de tracer l’histoire d’un joyau industriel national qui a tant contribué au développement économique du pays, en l’occurrence la SAMIR.  Il faut dire que notre véritable souci n’est pas de distribuer des accusations gratuites, loin s’en faut, mais consiste à dévoiler les véritables causes qui ont été à l’origine d’une déconfiture historique. Notre analyse s’étendra également à lever le voile sur la fermeture de l’entreprise et son impact sur le marché des hydrocarbures, entre autres…

Pour plusieurs observateurs, l’arrêt des installations de la raffinerie, décidé par le propriétaire principal de la Samir fut juste une manœuvre pour éviter la saisie conservatoire de ses avoirs.                                      

Il faut dire que les négociations avec les responsables du gouvernement n’ont pas abouti sur des choses concrètes. La déception fut grande quand le propriétaire de référence a affiché ses intentions en y indiquant qu’il va recapitaliser l’entreprise pour un montant de 1,5MMDH.  Il s’agissait d’une somme dérisoire étant donné que la sortie de la crise nécessitait la mobilisation d’une enveloppe budgétaire s’élevant à 15MMDH.

D’ailleurs, les décideurs publics avaient la ferme conviction que l’actionnaire principal n’est pas prêt à casser sa tirelire en vue de recapitaliser l’entreprise.

Pour récupérer ses créances, l’administration des douanes a due jouer la carte de l’vis à tiers détenteur (ATD) afin d’obliger le prioritaire majoritaire de se conformer à la loi. Après le niet du tribunal de commerce à Casablanca pour la procédure du redressement judicaire, cette instance a été dans l’obligation d’ordonner une liquidation judicaire de l’entreprise tout en autorisant la reprise des activités d’exploitation. Une décision qui  apporté un brin d’espoir au personnel de la SAMIR et laissé la porte ouverte à des scénarios optimistes.

D’ailleurs, la déclaration du syndic désigné par le tribunal a rassuré l’opinion publique. «Je ne suis pas venu pour liquider l’entreprise», a-t-il déclaré en substance. Qui plus est, la sortie médiatique du gouverneur de la Banque centrale, Abdellatif Jouahri, soulignant que la liquidation judiciaire ne signifie pas de facto la fermeture de la raffinerie, a suscité un ouf de soulagement chez les habitants de la ville de Mohammedia.

En termes plus clairs, toute l’économie de la ville était axée autour de la raffinerie. En premier lieu, figure le port, conçu uniquement pour l’activité pétrolière et dont le trafic a baissé récemment à plus de 70% à cause de la crise que vit la Samir. En deuxième lieu, il ne faut pas omettre que cette dernière employait lors de l’arrêt de la raffinerie quelque 6000 personnes, réparties entre salariés titulaires, sous-traitants…, soit le quart de la population active. D’autant plus que la société est dotée de moyens de production sophistiqués, à même de produire du gasoil 5 ppm.  Autrement dit, la Samir est une des raffineries les plus modernes sur le continent africain ; et sa protection devrait, en principe,  figurer sur l’agenda de l’Etat.

Khalid Darfaf

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