Crise du Niger : La CEDEAO va-t-elle se rétracter ?

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

Après avoir fermement condamné le coup d’Etat qui, le 26 Juillet, avait chassé du pouvoir le président Mohamed Bazoum qui dirigeait le Niger depuis le 2 Avril 2021, la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait lancé, le 30 Juillet, un ultimatum accordant, aux putschistes, un délai de 7 jours pour restituer le pouvoir au président déchu ; faute de quoi, elle aura recours à la force militaire.

Cet ultimatum ayant expiré le dimanche 6 Août 2023 et les putschistes ne semblants pas prêts à se plier à cette injonction, la communauté internationale retient encore son souffle ce lundi matin après que 30.000 nigériens se soient rassemblés, dans une ambiance festive, durant la journée de dimanche, au sein du plus grand stade du pays, le stade Seini Kountché, à Niamey, pour leur apporter leur soutien en brandissant des drapeaux du Niger, du Burkina-Faso voisin et de la Russie.

En prenant la parole, sous les acclamations de la foule, le général Mohamed Toumba, numéro trois de la junte au pouvoir au Niger, a dénoncé ceux « qui sont tapis dans l’ombre » et dont le « plan machiavélique » est de « manigancer la subversion » contre « la marche en avant du Niger » et, dans la soirée de dimanche, peu avant minuit, le CNSP, désormais au pouvoir au Niger, a déclaré, dans un communiqué, que « face à la menace d’intervention qui se précise à partir des pays voisins, l’espace aérien nigérien est fermé (…) jusqu’à nouvel ordre ».

Or, en dépit du fait que l’éviction du président Bazoum ait fait l’objet d’une condamnation internationale, le recours à la force suscite beaucoup d’inquiétudes.

C’est à ce titre, d’ailleurs, que ce samedi, au Nigéria, un pays qui partage avec le Niger une frontière de 1.500 kilomètres et qui avec ses 215 millions d’habitants est un poids lourd de la CEDEAO, les sénateurs ont appelé le président Bola Tinubu à « renforcer l’option politique et diplomatique » afin d’éviter tout recours aux forces armées.

Mais bien que le putsch ayant écarté le président Bazoum ait été condamné par l’ensemble de ses partenaires occidentaux et par la quasi-totalité de ses amis africains, le président algérien s’est élevé contre toute intervention armée, au Niger voisin, car elle constituerait une menace pour son pays et les militaires venus au pouvoir au Mali et au Burkina-Faso à la suite de coups d’Etat en 2020 et 2022 sont opposés à toute intervention militaire au Niger qu’ils assimilent à une « déclaration de guerre » qui sera faite à leurs deux pays.

Autre son de cloche du côté du Quai d’Orsay car, dans sa mise en garde, la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, a prévenu qu’il fallait prendre « très au sérieux » la « menace » de l’intervention militaire dont la CEDEAO a déjà dessiné les contours et déclaré que la France appuie « avec fermeté et détermination » les efforts entrepris par cette instance régionale pour faire échouer le coup d’Etat ayant visé le président Bazoum,

En considérant, enfin, que quelles qu’en soient les raisons, une intervention militaire de cette envergure ne peut pas avoir lieu contre l’avis de l’ensemble des pays de la région, les dirigeants de la CEDEAO ont convenu d’en débattre jeudi à Abuja, la capitale du Nigéria voisin. Alors, attendons pour voir…

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