Nouvelles manœuvres militaires chinoises dans le Détroit de Taïwan

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

L’atmosphère est, à nouveau, très tendue dans le Détroit de Taïwan. En cause, l’escale faite, la semaine dernière, aux Etats-Unis – une des rares nations à reconnaître officiellement Taïwan – par le vice-président taïwanais, William Lai, sur son chemin vers le Paraguay où il était parti pour assister à l’investiture du président élu Santiago Peña.

Fervent opposant aux revendications chinoises sur l’île de Taïwan, et favori de l’élection présidentielle prévue en 2024, William Lai, un médecin diplômé de Harvard qui se définit lui-même comme étant un « indépendantiste pragmatique » et qui représente le Parti Démocrate Progressiste, est la bête noire du régime chinois.

Comme il n’en fallait pas plus pour soulever l’ire de Pékin, un  fonctionnaire du bureau du Parti communiste chinois en charge des questions relatives à Taïwan a, immédiatement, « condamné », avec une grande fermeté, cette « escale » qu’il a qualifiée de nouvelle « provocation » destinée à « renforcer la collusion des séparatistes ‘indépendantistes de Taïwan’ avec des éléments étrangers » et la Chine a adressé une sévère mise en garde aux autorités de « l’île rebelle » en effectuant d’importantes manœuvres militaires aux abords de ce qu’elle considère comme étant une de ses provinces qui, à ce titre, est appelée, tôt ou tard, à être rattachée à la République Populaire de Chine.

Citée par Shi Yi, le porte-parole de l’armée, l’Agence officielle « Chine nouvelle » a déclaré, dans un communiqué, qu’en considérant que le « commandement de la zone » est de son ressort « l’Armée populaire de libération chinoise a lancé samedi des patrouilles aériennes et maritimes conjointes et des exercices militaires de la marine et de l’armée de l’air autour de l’île de Taïwan ».

Cette opération est destinée, d’après ce communiqué, à tester la capacité des navires et des avions chinois « à prendre le contrôle des espaces aériens et maritimes » et à combattre « dans des conditions réelles ».

Du côté du ministère taïwanais de la Défense, un communiqué est venu confirmer le fait que, depuis samedi à 9 h du matin (1 h GMT), 26 avions militaires chinois ont franchi la ligne médiane du détroit de Taïwan et pénétré, à 42 reprises, dans la zone de défense aérienne de l’île.

Huit navires chinois ayant, également, participé à ces manœuvres, le ministère taïwanais de la Défense a condamné, dans un communiqué en date de ce samedi,  le « comportement irrationnel et provocateur » de la Chine et promis d’envoyer « les forces appropriées pour y répondre […] afin de défendre la liberté, la démocratie et la souveraineté de Taïwan (car) le fait de mener un exercice militaire […] sous un faux prétexte non seulement ne contribue pas à la paix et à la stabilité dans le détroit de Taïwan, mais met, également, en évidence, la mentalité militariste (chinoise) et confirme la nature hégémonique de son expansion militaire ».

En emboîtant le pas au chef de la diplomatie taïwanaise, Joseph Wu qui a estimé que, par un tel comportement, la Chine cherche à « façonner » les élections qui auront lieu à Taïwan en Janvier 2024 alors même qu’une telle décision est du ressort exclusif des citoyens taïwanais et non pas de celui de leur « voisin tyrannique », Washington a appelé au calme en rappelant que le vice-président taïwanais n’a fait que « transiter » par le sol américain pour se rendre au Paraguay.

Rien n’indique, pour l’heure, que Pékin qui considère Taïwan comme étant une de ses provinces même si elle n’a pas encore réussi à l’incorporer à son territoire après la fin de la guerre civile chinoise de 1949, va se satisfaire de cette « explication » et surseoir aux manœuvres militaires qu’elle a lancées dans le détroit de Taïwan une journée à peine après la tenue, à Camp David, d’un sommet tripartite Etats-Unis, Japon, Corée du Sud destiné à faire front commun face aux ambitions de l’Empire du milieu dans la région de l’Asie-Pacifique mais attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI  

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