Appel à l’arrêt de la sale guerre sioniste sur Gaza

Le 80ème anniversaire du PPS pour un avenir meilleur:

Mohamed Nabil Benabdallah : La gauche a marqué l’histoire contemporaine du Maroc et elle doit reprendre la conduite du changement dans le pays

Abdelahad Fassi Fihri : Il est temps pour la gauche marocaine de se remettre en question

La présente édiction de l’Université Annuelle du PPS, organisée samedi 11 novembre 2023 au siège national du parti à Rabat, sous le thème : «La gauche marocaine entre fidélité et renouvellement» s’inscrit dans le cadre des activités commémoratives du 80ème anniversaire de la création du parti le 14 novembre 1943 sous le thème « pour un avenir meilleur ».

Appel à l’arrêt de la sale guerre sur Gaza et ferme condamnation du génocide en cours des Palestiniens

Cette manifestation ouverte en présence d’un public nombreux et des représentants des différentes forces et organisations de la gauche marocaine, a été l’occasion d’appeler à l’arrêt des attaques meurtrières depuis plus d’un mois par l’armée sioniste contre le peuple palestinien non seulement à Gaza mais également en Cisjordanie et à Al Qods. Les intervenants ont condamné aussi ces attaques meurtrières et la politique de deux poids deux mesures de la communauté internationale.

Le président de l’Université Annuelle du PPS, Abdelahad Fassi Fihri, membre du bureau politique et le Secrétaire Général du parti, Mohammed Nabil Benabadallah ont condamné tour à tour dans les termes les plus fermes ces attaques incessantes des forces d’occupation sioniste contre le peuple palestinien sans défense avec l’appui flagrant et la protection honteuse de plusieurs pays occidentaux et des Etats Unis d’Amérique en premier lieu.

Dans leur guerre hystérique, les forces d’occupation sioniste commettent des atrocités indescriptibles, de véritables crimes contre l’humanité, un génocide en bonne et due forme et des crimes de guerre, qui ne doivent pas rester impunis, ont-ils estimé.

Ils ont tous les deux souligné que les forces qui soutiennent l’entité sioniste, politiquement, financièrement, militairement et médiatiquement, sont complices de ces crimes odieux qui sont commis de manière inhumaine contre un peuple sans défense qui aspire à la libération et à l’indépendance.

Ces attaques ont causé jusqu’à présent plus de 11.000 martyrs, en majorité des enfants, des femmes et des personnes âgées, fait des dizaines de milliers de blessés, occasionné la destruction de la plupart des hôpitaux, des lieux de culte, des écoles, des infrastructures de base et de plus de 120.000 logements, ainsi que le déplacement de centaines de milliers de personnes et conduit à l’interdiction de l’eau, de l’électricité, de la communication, des carburants, des médicaments et des aides humanitaires.

DEPASSER LA TENSION DANS LE SECTEUR DE L’ENSEIGNEMENT

Dans son mot d’ouverture, Abdelahad Fassi Fehri, a réitéré aussi l’appel à dépasser la tension dans le secteur de l’enseignement à travers le dialogue productif pour des solutions immédiates et la reprise urgente des cours, et ce à travers la satisfaction des aspirations et des revendications légitimes des travailleurs du secteur et de tenir compte en premier lieu de l’intérêt des millions d’élèves parmi les enfants du peuple marocain dans l’école publique et en préservant leur droit constitutionnel à l’éducation.

Il a exprimé dans ce sens l’espoir de réussir à dépasser la situation de tension, afin d’accorder une large place au lancement d’une réforme réelle et profonde du système éducatif marocain et de l’école publique essentiellement, en vue d’en faire une école de qualité, d’excellence et d’égalité des chances.

A. FASSI : Il est temps pour la gauche marocaine de se remettre en question pour concrétiser son unité en vue de jouer pleinement son rôle

Abdelahad Fassi Fehri a également rappelé que la célébration du 80ème anniversaire de la création du PPS est l’occasion de commémorer et de mieux faire connaitre, en particulier à la jeunesse, les moments clés du parcours riche de combats et de sacrifices de ce parti, sous ses différentes appellations (PCM, PLS et PPS),   pour la libération nationale, la justice sociale, la démocratie, les droits humains. C’est aussi et avant tout, l’occasion non seulement de se remémorer le passé glorieux du parti, mais surtout de réfléchir à son avenir et mettre en évidence les conditions pour assurer sa pérennité afin qu’il continue à jouer pleinement son rôle au service de la Nation et du peuple travailleur, aux côtés des autres forces de progrès.

Par ailleurs, il était naturel que ces questions soient élargies à l’ensemble de la gauche, famille naturelle du PPS ; les forces de gauche partagent une histoire glorieuse de lutte, avec ses acquis, ses victoires…mais aussi ses reculs, ses échecs et ses occasions ratées ; ensemble les forces de gauche doivent se poser la question de leur avenir, qui n’est pas nouvelle.

La question de « la gauche marocaine entre fidélité et renouvellement » remonte en effet aux années 70 et 80, lesquelles années ont été marquées par la parution de diverses œuvres sur le marxisme et la culture arabe et de manière générale sur la pensée de la gauche et sa conformation avec la civilisation arabo-musulmane à travers les écrits d’Abdallah Laroui, Samir Amine, Edouard Said, Anouar Abdelmalek, Aziz Belal et d’autres.

La problématique à traiter est donc : comment la gauche peut être fidèle à elle-même, à ses principes, à ses valeurs tout en se renouvelant pour s’adapter à un contexte et à un monde en constante évolution ? Quelles sont les voies pour le renouvellement ?

De cette problématique se dégagent plusieurs questionnements que les intervenants auront à traiter :

  • Comment envisager l’avenir de la gauche marocaine dans un contexte marqué par la crise du politique, où l’acteur politique n’apparaît plus comme l’acteur principal du champ politique, cette dévalorisation du politique s’accompagnant d’un manque de confiance dans les institutions, et en particulier les institutions partisanes ainsi que de nouvelles formes d’expression et d’organisation en dehors des partis ?
  • Comment analyser le recul assez général des partis de gauche dans le monde à l’exception de certaines expériences très limités notamment en Amérique Laine, au profit d’autres forces politiques dont l’éventail va des libéraux modernistes, à la droite et l’extrême-droite surtout dans les pays d’Europe, en passant par les courants identitaires ou a référentiel religieux… ? Ceci au moment même où les idées de gauche (rôle de l’Etat, rôle du secteur public, l’Etat social, la planification écologique, justice sociale, égalité…) paraissent les mieux à même de faire face aux crises générées par le capitalisme mondialisé, par les pandémies, par les dérèglements écologiques,…?
  • La gauche a-t-elle un modèle de référence et une alternative sociétale à proposer en opposition au néolibéralisme triomphant ?

Se pose aussi une grande question relative à l’option de faire évoluer les institutions élues de l’intérieur alors que les conditions d’élections pleinement libres et démocratiques ne sont pas encore assurées ne conduit-elle pas à privilégier la tactique au détriment du stratégique et à tomber dans un électoralisme étriqué ?

  • La participation au gouvernement ne nous a-t-elle pas fait tomber dans un pragmatisme excessif aboutissant à entériner une gestion à prédominance technocratique ? En participant à des gouvernements de très large coalition, qui ont sûrement leur opportunité et leurs justifications politiques, n’avons-nous pas négligé la lutte idéologique qui ne saurait connaître de trêve car elle concerne les buts ultimes et le projet de société de chaque force politique ?
  • Comment assurer un enracinement culturel au sein de la société, encore marqué par des tendances conservatrices profondes, pour mieux le faire évoluer vers les valeurs universelles de progrès, de justice, de droits humains, d’égalité… ? Comment s’appuyer pour les partis de gauche sur une lecture ouverte, éclairée, moderne, des textes et des références religieuses lors des grands débats sociétaux portant sur l’égalité ou les droits humains ?
  • Comment et dans quel sens revoir notre organisation interne, nos méthodes de travail pour renforcer la démocratie interne et améliorer notre crédibilité dans notre relation à la société ?
  • Enfin comment concrétiser l’unité de la gauche pour peser sur le cours des évènements, susciter et encadrer un large mouvement social et citoyen et lui offrir une perspective politique vers une société de justice et de progrès ?

BENABDALLAH : La gauche a marqué l’histoire contemporaine du Maroc et elle doit relever le défi de reprendre la conduite du changement dans le pays

Dans son allocution, le Secrétaire Général du PPS, Mohammed Nabil Benabdallah a d’entrée rappelé que personne ne peut contester que la gauche marocaine, avec toutes composantes, avait le mérite de porter fortement des idées et des principes de la liberté, de la démocratie, de l’égalité, de la justice sociale, de la promotion de l’économie nationale, du renforcement du rôle de l’Etat et du secteur public, du développement et de la diversité culturels, et autant de valeurs majeures pour lesquelles la gauche militait et milite toujours.

Ces idées et valeurs ont été répandues à grande échelle au niveau politique et ce au prix de grands sacrifices. D’aucuns ont payé de leur vie, d’autres ont été déportés ou exilés et d’autres détenus.

En un mot, a-t-il dit, la gauche a marqué l’histoire contemporaine du Maroc, qui se distinguait par l’existence de la gauche et l’inexistence de la droite, qui porte et défend en toute indépendance sa propre pensée.

Les partis de droite ont été artificiellement créés et promus pour affronter ceux de gauche sortis des profondeurs de la société, a-t-il estimé.

TOUTES LES REFORMES MAJEURES AU MAROC SONT ISSUES DE LA GAUCHE

Autrement dit, toutes les réformes majeures qui ont eu lieu au Maroc ont été portées et  défendues à un moment ou un autre par les forces de gauche, y compris la réforme constitutionnelle fondée sur la monarchie parlementaire, l’élargissement du domaine de la loi pour pouvoir disposer d’un Etat de Droit et des institutions et de celui des libertés individuelles et collectives outre la diffusion de la culture des droits de l’homme, la promotion de la culture de l’égalité homme-femme ou le renforcement de l’infrastructure de base.

Il s’agit aussi, selon lui, de donner une autre orientation au projet économique national après l’entrée au gouvernement d’une partie de la gauche marocaine et ce dans le but de lier la justice sociale à l’approche du développement et de la diversité culturelle sans oublier la dimension écologique dont il faut tenir compte dans le processus du développement.

L’ECHEC DE L’UNIFICATION DE LA GAUCHE

Il a par ailleurs reconnu l’échec de la gauche à unifier ses rangs pour qu’elle soit elle qui conduit le projet des réformes dans le pays. Cette désunion a permis l’émergence d’autres pratiques et  forces qui ont eu un impact négatif sur le développement du pays et généré une politique dont les partis politiques sont également responsables.

Certains milieux ont en effet voulu que le paysage politique soit ainsi et qu’il n’y ait pratiquement pas de partis politiques porteurs du changement qui défendent des idées et des projets différents.

Pour ce qui le concerne, le PPS avait souligné, après la réalisation du nouveau modèle de développement, qu’il manquait une dimension politique ou un quelconque projet de réforme du paysage politique.

Selon lui, la réussite de ce nouveau modèle de développement est tributaire de la présence de forces politiques fortes capables de porter ce projet prometteur. En fait, a-t-il estimé, il ne peut y avoir de réformes en l’absence d’une dimension politique forte.

Ce qui se passe aujourd’hui dans le secteur de l’enseignement le prouve de manière claire, a-t-il estimé.

UNE VOLONTE DE L’ETAT EST NECESSAIRE POUR REDRESSER LA SITUATION

Pour redresser la situation, il doit y avoir une forte volonté de l’Etat pour que le Maroc dispose d’un paysage politique véritable. Pour ce faire, a-t-il ajouté, il importe de procéder à des réformes du système électoral, des partis politiques, des institutions, de la Constitution et d’autres.

Pour ce qui les concerne, les composantes de gauche se doivent d’œuvrer pour dépasser cette crise, surmonter le schisme entre la rue et les partis politiques et restaurer la confiance des citoyens dans les partis politiques.

Ces derniers doivent réaliser d’abord leur évaluation objective avec la contribution de l’ensemble des composantes dans le but de travailler en commun et de trouver des approches concertées pour y parvenir en dépassant les séquelles du passé.

Il importe aussi d’aller au-delà des murs actuels des partis politiques de la gauche organisationnelle, car l’essentiel de ce qui constitue aujourd’hui la gauche se trouve probablement en dehors de ces murs. Il est donc nécessaire de récupérer cette gauche dans un cadre peut être différent qui peut être un mouvement citoyen qui partage un ensemble d’idées.

POUR UN MOUVEMENT CITOYEN

Un tel mouvement aurait peut-être l’ambition d’explorer de nouveaux espaces avec des slogans nouveaux et des positions fortes dont en premier le portage haut de la revendication politique. En fait il n’y a pas de projet politique sans politique qui se respecte et des acteurs politiques de haut rang, a martelé le SG du PPS.

Il importe aussi d’élargir l’espace des libertés, de l’égalité, un projet que personne ne peut réaliser tout seul. Et Benabdallah de rappeler que la période durant laquelle, les forces progressistes avaient obtenu le plus grand nombre d’acquis importants pour le pays a été caractérisée par l’union des rangs de la gauche marocaine.

Alors que le Maroc est en pleine campagne pour la réforme du code de la famille et du code pénal, les forces de gauche sont appelées plus que jamais, selon le SG du PPS, à militer ensemble la main dans la main pour l’élargissement des libertés individuelles et collectives et des droits de l’homme.

En prévision des échéances de 2026, la gauche est tenue de proposer et de défendre un nouveau code électoral visant à mettre fin à toutes les formes de prévarication et à l’utilisation de l’argent dans le but de parvenir à des élections à même de dégager des forces capables de gérer correctement et honnêtement les affaires du pays.

Il importe aussi de défendre un projet économique moderne avec un Etat initiateur, organisateur, qui joue son rôle pour conduire le projet économique et soutenir le secteur privé et l’entreprise marocaine citoyenne capable de créer les conditions de compétitivité loyale et un espace nouveau pour la transparence des opérations dans le domaine économique.

L’on doit aussi s’interroger, selon lui, au sujet du traitement à réserver à la petite et moyenne entreprise, sans oublier d’accorder à la dimension écologique dans le  développement la place qu’elle mérite pour le bien des générations futures.

Il a appelé aussi à ne plus laisser aux autres forces le soin de s’occuper du projet de la justice sociale qui a été de tout temps une revendication de la gauche.

L’on doit dans ce cadre continuer à défendre l’école publique de qualité, d’excellence et d’égalité des chances outre l’hôpital public sans lequel il ne peut avoir de couverture sociale pour garantir à tous l’accès aux soins.

L’on doit œuvrer aussi pour renforcer l’espace culturel et permettre aux hommes de culture de jouer pleinement leur rôle, sachant que la gauche incarnait toute seule la production intellectuelle dans le pays.

La gauche se doit aussi de réinvestir l’espace universitaire, s’ancrer dans le mouvement estudiantin, syndical, associatif et culturel sans oublier le secteur de l’éducation.

La question religieuse ne doit plus rester l’apanage de certains milieux à l’exception de la gauche qui doit également développer de nouvelles méthodes de lutte tenant compte des progrès technologiques.

Et Benabdallah de souligner que  sans toucher les générations montantes pour qu’elles ne leur tournent plus le dos, il est difficile pour la gauche de reprendre la place qui est la sienne pour le bien du pays et de son avenir.

M’Barek Tafsi

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