Hommage poignant à Mads Mikkelsen

Ouverture du FIFM 2023

DNES à Marrakech Mohamed Nait Youssef

Un air cinématographique frais souffle ces temps-ci sur la ville ocre. En effet, le bal de la 20ème édition du Festival International du Film de Marrakech (FIFM)  a été donné, vendredi soir, en présence des grandes sommités du cinéma d’ici et d’ailleurs, entre autres, Jessica Chastain, Willem Dafoe, Faouzi Bensaïdi…

 À l’intérieur du Palais des congrès où le tapis rouge a été déplacé cette année  par les organisateurs, les stars du 7ème art se sont vues posées devant les caméras avec leurs différentes tenues. Pourtant, la cérémonie qui s’est déroulée dans une ambiance marquée par la discrétion a été ponctuée par un vibrant hommage rendu par le FIFM à l’acteur danois Mads Mikkelsen.

Mads Mikkelsen: «Je suis profondément reconnaissant au Festival de Marrakech»

Il faut dire que l’un des temps marquants de l’ouverture du FIFM était l’hommage  rendu à Mads Mikkelsen, un monstre sacré du cinéma mondial. Son mot solennel  à l’occasion  était une vraie leçon de cinéma, de révélation et de reconnaissance.  En effet, l’acteur danois n’a pas caché son engouement pour la ville rouge qu’il a beaucoup marquée.

«Marrakech, j’ai été ici il y a de nombreuses années dans le cadre d’un hommage rendu aux cinéastes scandinaves. C’est ici que j’ai rencontré pour la première fois l’un de mes plus grands héros dans le monde du cinéma. Il a réalisé d’innombrables chefs-d’œuvre, et l’un d’entre eux a changé ma vision de ce qu’un film et un personnage peuvent faire pour nous en tant que spectateurs.», a confié Mads Mikkelsen devant une salle archicomble. Et d’ajouter : «J’avais 18 ans lorsque j’ai vu pour la première fois Taxi Driver et j’avais 50 ans lorsque j’ai rencontré Martin Scorsese pour la première fois. Taxi Driver est resté gravé dans ma mémoire depuis lors».

Rencontrer Scorsese et réaliser qu’il est exactement la personne que j’espérais qu’il serait, c’est quelque chose dont je suis profondément reconnaissant au Festival de Marrakech, a-t-il révélé.  Récemment, poursuit-il, Marrakech a honoré l’autre héros de Taxi Driver, . «Un géant parmi les géants et quelqu’un que j’ai regardé pendant des centaines d’heures encore et encore…jamais avec admiration, mais quelque chose de bien plus que cela… je l’ai regardé et j’ai tout oublié. J’ai oublié l’acteur à l’écran, j’ai oublié que j’étais en train de regarder un film. C’est ce que Robert De Niro nous fait et ce qu’il m’a fait quand j’étais jeune ; il nous fait oublier que nous regardons un film. », a-t-il fait savoir.  Mads Mikkelsen est revenu sur sa découverte  et sa rencontre avec le talentueux acteur, Willem Dafoe  qui lui a remis le trophée de l’hommage.

«Jeune homme, j’ai assisté à une production théâtrale expérimentale qui avait fait le long voyage depuis l’Amérique jusqu’au Danemark. Avant même de rêver ou de penser à devenir acteur, j’y suis allé parce que j’avais la chance de voir cette nouvelle star du cinéma en action. Cet acteur avait réussi à devenir culte du jour au lendemain pour ma génération  en donnant vie à certains des personnages les plus fous et les plus intéressants dans des films emblématiques. Il y a cinq ans, j’ai eu l’honneur de travailler avec lui pendant une journée et j’ai de nouveau été époustouflé. Et maintenant, ce soir, Willem Dafoe dit des mots réconfortants à mon sujet, ici à Marrakech.», a-t-il déclaré.

 C’était incroyable pour quelqu’un qui était jeune hier à Copenhague, qui ne rêvait pas d’être acteur, poursuit-il, mais qui avait néanmoins des héros qu’il regardait encore et encore, des héros qui l’aspiraient dans des mondes d’histoires humaines.  C’est incroyable que Marrakech m’ait donné la chance de rencontrer ces héros, de partager une scène avec eux, conclut-il.

Willem Dafoe : «Mads a un beau visage unique et une voix ancrée»

«C’est un plaisir pour moi d’être parmi vous ce soir pour remettre ce prix à un acteur spécial. Mads Mikkelson a été présenté à la plupart d’entre nous en 1996 dans Pusher de Nicolas Winding Refn. Plus tard, il a remporté le prix du meilleur acteur à Cannes pour The Hunt de Thomas Vinterberg où il a interprété un personnage profondément émouvant : Lucas, un homme accusé de pédophilie.», c’est avec ces mots que Willem Dafoe a rendu hommage à Mads Mikkelson. C’est un acteur polyvalent qui apporte profondeur, intelligence et texture à des rôles aussi variés que des marginaux ou des méchants taciturnes, a-t-il affirmé.  Selon lui, Mads a déclaré un jour : « je suis fasciné par les gens qui font des choses incompressibles».

Pour l’acteur, scénariste et producteur américain,  Mads Mikkelson a une forte présence, il a un beau visage unique, une voix ancrée, une absence de prétention et de grâce physique.

Jessica Chastain : «l’art, un vecteur privilégié de communication, de sensibilisation aux questions sociales»

C’est l’une des anciennes traditions du festival. Le  jury de la 20e édition du FIFM composé de neuf grandes figures de l’art cinématographique mondial est présidé par l’actrice et productrice américaine Jessica Chastain, et  accompagnée de l’actrice iranienne Zar Amir, de la comédienne française Camille Cottin, de l’acteur et réalisateur australien Joel Edgerton, de la réalisatrice britannique Joanna Hogg, de la réalisatrice américaine Dee Rees, du réalisateur suédo – égyptien Tarek Saleh, de l’acteur suédois Alexander Skarsgård et de l’écrivaine franco – marocaine Leïla Slimani, a été présenté au public lors de la cérémonie de l’ouverture.

«Tout au long de l’histoire, l’art a été utilisé comme un vecteur privilégié de communication, de sensibilisation aux questions sociales en vue d’un changement positif.», a souligné Jessica Chastain, l’une des invitées phares de  cette édition.

Ce jury exceptionnel, dit-elle, composé de 6 femmes et de 3 hommes est véritablement historique. «Ces artistes remarquables ont utilisé leur vocation pour sensibiliser l’opinion publique et contribuer à la vie de leur communauté. », a-t-elle affirmé.

Par ailleurs, la politique, a-t-elle révélé,  affecte notre vie à tous d’une manière ou d’une autre, mais les politiciens ne sont pas enclins à régler les problèmes pour eux-mêmes. «Le cinéma peut influencer les comportements en commençant à faire tomber les barrières et en entamant des conversations importantes sur des sujets difficiles tels que la justice raciale, l’intégrité de genre et d’autres questions culturelles importantes. », a-t-elle fait savoir, ajoutant que «nous pouvons sublimer la douleur et la souffrance de tant de personnes et donner naissance à une conscience de guérison et d’unification afin de créer une production plus profonde pour tous.»

La cérémonie, c’est aussi le film d’ouverture. Et c’est Hit Man, la comédie au rythme endiablé de Richard Linklater qui a ouvert le bal des projections de la 20ème édition.

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