Par Abdeslam Seddiki.
La population souffrant de l’obésité ne cesse d’augmenter d’année en année pour des raisons multiples dont notamment l’excès de sédentarité et la malbouffe.
Que signifie être obèse ? le surpoids et l’obésité sont définis par l’Organisation mondiale de la santé “comme une accumulation anormale ou excessive de graisse qui présente un risque pour la santé”. Un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 25 est considéré comme une surcharge pondérale, et l’obésité correspond à un IMC supérieur à 30.
Partant de cette définition, le nombre de cas d’obésité a presque triplé entre 1975 et 2016 à l’échelle mondiale. En 2016, plus de 1,9 milliard d’adultes – personnes de 18 ans et plus – étaient en surpoids (38% des adultes). Sur ce total, plus de 650 millions étaient obèses. (13%).
A la même année, plus de 340 millions d’enfants et d’adolescents âgés de 5 à 19 ans étaient en surpoids ou obèses. En 2019, on estimait que 38,2 millions d’enfants de moins de 5 ans étaient en surpoids ou obèses. La prévalence du surpoids et de l’obésité chez les enfants et les adolescents âgés de 5 à 19 ans a augmenté de façon spectaculaire, passant d’à peine 4% en 1975 à un peu plus de 18% en 2016.
Dans son Atlas mondial de l’obésité 2023, la Fédération Mondiale sur l’obésité estime que 51 % de la population mondiale vivra avec un surpoids ou sera obèse d’ici douze ans “si la prévention, les traitements […] ne s’améliorent pas”. Une personne sur quatre serait alors obèse, contre une sur sept aujourd’hui. Et plus de la moitié de la population mondiale sera obèse ou en surpoids d’ici 2035.
L’obésité infantile pourrait plus que doubler d’ici 2035 (par rapport aux niveaux de 2020). Les taux devraient doubler chez les garçons pour atteindre 208 millions (augmentation de 100 %) et plus que doubler chez les filles pour atteindre 175 millions (augmentation de 125 %) et augmenter plus rapidement chez les enfants que chez les adultes.
Les pays à faible revenu sont confrontés à une augmentation rapide de la prévalence de l’obésité. Parmi les 10 pays où l’on s’attend à la plus forte augmentation de l’obésité au monde (chez les adultes et les enfants), 9 d’entre eux appartiennent à des pays à revenu faible ou intermédiaire. Tous viennent d’Asie ou d’Afrique. Dans le continent noir, le nombre d’enfants en surpoids ou obèses a augmenté de près de 24% depuis 2000. Près de la moitié des enfants de moins de 5 ans en surpoids ou obèses vivaient en Asie en 2019.
Quid du Maroc ? La situation n’est guère meilleure. On estime que 55,1 % de la population est en surpoids et 21,7 % est obèse.
L’impact économique de ces phénomènes est considérable. L’Atlas mondial de l’obésité 2023 sus-mentionné, prédit que l’impact économique mondial du surpoids et de l’obésité atteindra 4 320 milliards de dollars par an d’ici 2035 si les mesures de prévention et de traitement ne s’améliorent pas. Avec près de 3 % du PIB mondial, cela est comparable à l’impact du COVID-19 en 2020. Et le rapport de préciser que « la reconnaissance de l’impact économique ne signifie en aucun cas que l’on rejette la faute sur les personnes vivant avec l’obésité, qui est une maladie chronique et récurrente »
La Fédération mondiale de l’obésité appelle à des plans d’action nationaux complets pour aider les pays à mettre en œuvre les nouvelles recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la prévention et la gestion de l’obésité.
Pour ce qui est de la cause fondamentale de l’obésité et du surpoids, elle résulte d’un déséquilibre énergétique entre les calories consommées et dépensées. Au niveau mondial, on constate une augmentation de la consommation d’aliments très caloriques riches en lipides et une augmentation du manque d’activité physique en raison de la nature de plus en plus sédentaire de nombreuses formes de travail, de l’évolution des modes de transport et de l’urbanisation croissante.
L’évolution des habitudes en matière d’alimentation et d’exercice physique résulte souvent de changements au niveau de l’environnement et de la société et d’une absence de politiques dans certains secteurs, comme la santé, l’agriculture, les transports, l’urbanisme, l’environnement, la transformation des aliments, la distribution, le marketing et l’éducation.
Nous pensons en toute logique que les phénomènes d’obésité et de surpoids, s’ils relèvent en partie des comportements individuels, sont le produit essentiellement du capitalisme dominant fondé sur l’accumulation du profit, la surexploitation des ressources qui entrainent une artificialisation des milieux naturels, la généralisation de « l’American Way of Life » et de la culture « fast Food » à l’ensemble de la planète. C’est cette civilisation décadente qui sacralise le profit et relève l’argent au- dessus de toutes les valeurs humaines qui est en grande partie responsable de l’extension de ces maladies du siècle. Les travailleurs sont soumis à des rythmes de travail infernaux et à des emplois du temps sévères leur laissant peu de temps libre pour pratiquer une activité physique et organiser leur temps selon leur convenance.
Dans les pays à faible revenu, les populations souffrent à la fois de la sous-alimentation et de la malbouffe. Par manque de moyens et de ressources, elles mangent n’importe quoi juste pour survire.
Comme le capitalisme a cette force de saisir toutes les opportunités pour faire les affaires et « créer de la valeur » (sic), il nous offre aujourd’hui le remède et la solution miracle à l’obésité. Les laboratoires privés avec leur esprit d’anticipation contrairement aux gouvernants qui sont prisonniers du court terme, viennent de mettre sur le marché un médicament miraculeux pour s’attaquer à ce mal du siècle. Le premier traitement a été autorisé aux Etats-Unis en 2021 et en en Europe en 2022. Depuis, on assiste à une ruée vers l’acquisition du médicament miraculeux, malgré son prix qui est extrêmement prohibitif. Les deux laboratoires pionniers dans ce domaine (un danois et un américain) ont vu leur capitalisation boursière s’envoler à des niveaux astronomiques et deviennent les nouveaux poids lourds de l’industrie pharmaceutique mondiale.
Ainsi va ce monde ! Ne dit-on pas que le malheur des uns fait le bonheur des autres ?