«“Hôtel de la paix” est un défi parce que c’est un genre exigeant ! »

Entretien avec le réalisateur et scénariste, Jamal Belmejdoub 

Propos recueillis par Mohamed Nait Youssef

Une découverte. “Hôtel de la paix” de Jamal Belmejdoub était l’une des surprises de la 24ème édition festival national du film de Tanger. Une surprise parce que le réalisateur explore un genre cinématographique à la fois difficile et exigeant : le film d’horreur.  Belmejdoub a pris ce risque, mais il s’en est sorti ‘’sain et sauf’’. En effet, ce film de 90 minutes nous amène dans un hôtel à Marrakech où des phénomènes surnaturels se poursuivent lorsqu’un plombier découvre une plaquette maudite. Les événements mystérieux s’enchaînent. Entre temps, Karim (Sami Fekak) et Mouna (Salwa Zarhan) se sont engagés dans une course contre la montre pour récupérer cet objet volé et mettre les choses en ordre. “Hôtel de la paix” a réuni une belle palette d’acteurs tels que Mohamed Choubi, Benaissa Jirari, Adam Belmejdoub, Rachid Bidid, Abdelaaziz Bouzaoui, Mohamed Bousbaa. Rencontre.

Al Bayane : C’est une chose évidente : “Hôtel de la paix” est un film d’horreur. Une question très courte : pourquoi avoir choisi ce genre à la fois difficile et exigeant ?

Jamal Belmejdoub : Pour deux raisons !  Premièrement, pour le défi parce que c’est un genre qui est exigeant. Deuxièmement, je ne pense qu’il n’y a de véritables films cinématographiques marocains d’horreur. Autrement dit, il n’y en a pas parce que c’est un genre de films qui est très exigeant en qualité de lumière, en qualité de son, en qualité de l’habillage sonore, en qualité du maquillage, des effets spéciaux et des décors. C’est un travail qui demande une équipe très compétente, intelligente et impliquée. J’ai eu la chance de faire ce film accompagné par un producteur qui a une longue une expérience. Il faut dire que ce sont des gens marocains et des gens qui ont acquis une certaine technicité que j’ai prise pour le cinéma marocain. C’est une chose formidable.

Il y en avait certainement des jeunes dans votre équipe. Qu’en dites-vous aux futurs réalisateurs qui veulent travailler sur ce genre de films ?

J’encourage les jeunes à oser maintenant parce qu’il existe cinq ou six producteurs au Maroc qui sont tout à fait capables de faire une qualité internationale. J’encourage une autre fois la relève à oser. N’y ai pas peur d’oser !

D’un côté, il y a cette universalité au niveau de l’image, des codes du film d’horreur. Mais de l’autre côté, on trouve cette originalité de l’histoire puisée dans l’imaginaire des gens sachant que le film est tourné dans la ville ocre : Marrakech.

C’est vrai pace qu’on est déjà dans une ambiance mystique, culturelle de croyance. C’est un terreau où l’imaginaire peut s’évader assez facilement. Dans le film, j’ai énormément travaillé sur l’illusion. Chose qu’on voit à la fin, et qu’on n’a pas d’ailleurs dévoilée. Est-ce que c’est vrai ou pas, ce n’est pas important parce que ce qui compte pour moi ; c’est avoir une heure et demie de spectacle, de crédibilité d’une histoire et de crédibilité dans le jeu des comédiens.

Les acteurs ont incarné avec justesse leurs rôles. Évidemment, une tâche qui n’était pas assez facile.  Parlez-nous un peu de la direction des comédiens et du casting ?

Le casting, c’est simple !  Dès le départ, j’ai dit aux acteurs que ce qui compte pour moi, c’est la crédibilité. Il faut que chaque acteur se glisse dans l’histoire. Pour moi, c’était primordial parce que le spectateur doit s’y identifier à l’histoire. D’où l’importance d’un jeu crédible c’est-à-dire un jeu vrai, un jeu naturel. En fait, l’éthique quand il se répète chez un acteur, je pense que c’est quelque chose de primordial. Pour moi, la direction des comédiens, c’est aussi la discussion, c’est de comprendre le pourquoi d’une séquence parce que chaque séquence est un scénario.

Visiblement, vous avez réécrit le scénario plusieurs fois en travaillant les séquences de ce film. Pourrez-vous en dire plus sur ce processus ?

Le processus, c’est simple. Il y a deux écoles : une école de ceux qui croient qu’un scénario est une bible ou quelque chose d’intouchable. Au contraire, plus qu’un scénario tu le touches et tu le bouges, plus qu’il évolue. La preuve : parfois un décor ou un accessoire pourrait donner des idées et les enrichir davantage.

En explorant ce genre, peut-on dire que ce film sera un tournant dans le cinéma marocain, notamment pour les jeunes réalisateurs ?  

C’est plutôt un tremplin plutôt qu’un tournant qui peut donner l’idée à des jeunes d’évoluer, d’oser et de faire la même chose, tout en prenant les bons côtés. Ce film est une référence dont les jeunes peuvent s’en inspirer et même dépasser.

Un petit mot pour Mohamed Choubi, un des personnages principaux du film, qui passe aujourd’hui par des moments difficiles ?

Ça me fait vraiment mal. Je l’ai appelé, mais il ne répond pas. Je me suis dit qu’il y a quelque chose parce que je l’ai vu à l’hommage ; il était amoindri. C’est un ami, c’est un acteur complet. Je lui souhaite un bon rétablissement.

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