2ème édition du colloque national sur les arts plastiques
Mohamed Nait Youssef
«Les Arts plastiques et visuels contemporains et leur contribution à la construction de l’avenir» est le thème de la 2ème édition du colloque national sur les arts plastiques organisée, mercredi dernier, par le syndicat marocain des artistes plasticiens professionnels (SMAPP), en partenariat avec le ministère de la jeunesse, de la culture et de la communication.
Tout le monde y était : les artistes, les critiques d’art, les acteurs des secteurs culturel et artistique se sont réunis à l’auditorium du Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain de Rabat pour débattre autour de l’avenir des arts plastiques et visuels au Maroc et les enjeux auxquels fait ce secteur vital et en pleine croissance. Après un mot de bienvenue de Mehdi Qotbi, président de la Fondation Nationale des Musées, les intervenants ont mis l’accent, tour à tour, sur les mutations majeures que traverse la pratique artistique dans une ère où les technologies, l’intelligence artificielle sont désormais dominantes dans la vie humaine. C’est un constat. Les choses évoluent, l’art, les médiums, les supports aussi.
En effet, pour la secrétaire générale du ministre de la culture, Samira Lemlizi, ce colloque est une occasion pour réfléchir pour un meilleur avenir pour les acteurs et travailleurs du secteur constituant un pilier de la culture de notre pays et des industries culturelles et créatives.
Dans ce cadre, l’intervenante a mis l’accent sur les efforts déployés par le Maroc, sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi, afin de développer les musées, les festivals consacrés aux expositions et aux arts, ainsi que les participations aux grandes manifestations artistiques internationales. Elle a, en outre, salué le rôle que joue la Fondation Nationale des Musées qui est aujourd’hui, selon ses dires, le meilleur ambassadeur des arts plastiques au Maroc et ailleurs. Par ailleurs, la secrétaire générale du ministre de la culture a rappelé les efforts du ministre en matière de lutte contre le faux en travaillant avec les différents acteurs concernés.
Les arts et les enjeux de l’IA
Une chose est évidente : l’art et les artistes sont confrontés à de nouvelles donnes impactées par le développement à grande vitesse des technologies et de l’IA. En organisant ce colloque, explique Mohammed Mansouri Idrissi, président du Syndicat marocain des artistes plasticiens professionnels, le Syndicat a permis d’ouvrir un débat scientifique, culturel et scientifique vaste et profond afin de renforcer les champs des arts plastiques et visuels contemporains au Maroc, et mettre les lumières sur ses différentes questions, entre autres, le développement des industries culturelles et créatives dans un monde en pleine mutation. Ce contexte, poursuit-il, est marqué par l’évolution des technologies et de l’intelligence artificielle.
Aujourd’hui, la technologie, dit-il, domine tous les aspects de l’existence humaine contemporaine. «Ce n’est ni une idée philosophique ni une hypothèse. Les arts et les artistes sont concernés par ce débat qui s’interroge sur le devenir de l’humanité face à l’essor et l’impact des sciences et techniques.», a-t-il fait savoir.
Croiser les regards, approfondir le débat sur des questions à la fois complexes et actuelles, le colloque était un moment opportun pour les acteurs du domaine artistique et culturel d’apporter un éclairage sur les possibilités de créer un avenir prometteur par le biais de leurs expertises et contributions dans le domaine. «Tout cela est discuté dans ce colloque pour voir dans quelle mesure les arts plastiques et visuels peuvent consolider les principes ou idéaux éthiques et esthétiques consubstantiels à l’existence humaine contemporaine.», a révélé Mohammed Mansouri Idrissi.
L’esthétique, l’art et la pensée technique…
Une autre chose est sûre : la technique a fait son entrée dans le domaine artistique. Elle a incontestablement bouleversé les choix esthétiques et artistiques. «La pensée technique investit tous les champs. L’homme contemporain subit des mutations de plus en plus rapides. L’avenir de l’humanité est désormais façonné par la biotechnologie, la nanotechnologie, l’informatique et l’intelligence artificielle…», précise le président du Syndicat marocain des artistes plasticiens professionnels. Ce projet technique mondialisé, a-t-il souligné, s’étend désormais aux expressions artistiques, aux champs de la créativité, y compris leurs méthodes, leurs mécanismes et leurs approches théoriques.
Selon lui toujours, l’art contemporain contribue à remodeler le goût esthétique et à changer les conditions de réception artistique. «L’art numérique, et ses créations fondées sur la technologie aussi bien dans l’approche, la production que la réalisation, bouleverse la relation à l’art. Il en est aussi des expérimentations extrêmes» mettant en lien la biologie et l’art contemporain «l’art Bio-Tech» ou le «Bio Tech art»», a-t-il soulevé, tout en révélant que «le point ultime de ce projet technique mondialisé, aux ambitions illimitées, est «l’intelligence artificielle» qui, dans le champ de la création artistique, soulève de nombreuses questions d’ordre éthique et esthétique.»
Une projection vers le futur
La place était ainsi à la réflexion lors de ce colloque national qui est une suite du colloque «la situation des arts plastiques au Maroc», tenu l’année dernière. Toutefois, l’artiste, révèle Mohamed Chiguer, chercheur en esthétique et en philosophie contemporaine, dans sa conférence d’ouverture, est dans une situation ou se combine sa projection vers le futur, son implication dans le réel auxquels s’ajoutent l’empreinte de l’histoire de la créativité et du goût, l’artiste ne cherche pas être un médiateur pour perpétuer un modèle culturel existant. Il cherche surtout à explorer et prospecter le nouveau afin de s’accomplir.
Ce souci de recherche et d’exploration, poursuit-il, est une condition préalable pour que l’art puisse contribuer à la construction de l’avenir. Sinon l’art reste, selon lui, confiné dans l’équation du passé ou dans celle du présent.
«L’artiste est concerné par la question de l’avenir de l’homme, du monde, de la culture et de l’art. Il est à l’avant garde car sa conscience esthétique avant-gardiste est porteuse d’une vision radicale. Elle réfléchit à la remise en question des valeurs intellectuelles et des valeurs culturelles en général sur laquelle la société est fondée.», a-t-il fait savoir.