Dans le cadre de son programme artistique, l’Association Essaouira Mogador organise actuellement à la Galerie Dar Souiri une exposition individuelle de l’’artiste peintre autodidacte Mohamed Erraad.
Depuis 1993, cet artiste singulier développe à travers ses voyages fantastiques un sens plastique lié aux impressions fugitives et à la recherche minutieuse de la liberté. Il transcende les espaces et les temps voués à l’effacement et à l’oubli, tout en saisissant la profondeur venant de l’œil qui regardait. Les néophytes entrent spontanément dans les tableaux marqués par les révélations et les scènes anecdotiques qui se concentrent et se diffusent. L’acte pictural crée une ambiance chromatique assez originale. Il exalte des états d’âme à travers un jeu spontané des formes et des couleurs fidélisant ainsi un sens de la représentation subjective de la réalité objective, ce qui interpelle une lecture plurielle de l’œuvre et suscite des connotations.
Membre de l’Association « création sans frontières », cet artiste singulier met en œuvre un travail expressionniste qui fait appel à notre imaginaire populaire collectif. Il a pu façonner un style brut animé par des scènes vivantes aux contours nettement dessinés.
L’œuvre de Mohammed Erraad (né à Essaouira en 1968) étonne et subjugue à l’instar d’un peintre viscéral soucieux mettre en toile les valeurs expressives comme disait l’artiste renommé José Luis Zumeta. Elle se présente comme une lettre ouverte qui procède d’un état d’âme entier bousculant notre attente pour mieux nous surprendre : formes ascendantes et couleurs illuminées articulent une rhétorique de la sublimation au sens spirituel du terme. L’artiste aime la lumière picturale conditionnée par une inquiétude métaphysique (ses tableaux merveilleux et fantasmagoriques comme cas de figure). Sa peinture se veut l’équivalent objectif d’un espace idéalisé via un style spontané d’une grande richesse iconographique. A travers ses tableaux extatiques, l’artiste incarne la nostalgie des figures spirituelles qui échappent aux limitations et médiations de la langue et qui atteint d’emblée la transparence énigmatique d’un langage silencieux. Chaque toile est une création qui ne ressemble à aucune autre.
Entre visible et invisible, le dit et le non dit, au cœur de cette trajectoire de la couleur, se concentre une pratique subjective, de plus en plus proche de l’essence d’une interprétation libérée et spontanée. Des personnages soulignent la tension entre la verticalité et l’horizontalité et occupent le noyau de la toile dans un silence mystique. Ils appellent au vertige, à la contemplation de l’inconnu. Cette unité visuelle confère à l’œuvre une dimension onirique et des formats variables avec une grande économie de langage dénotatif. Le regardant peut déchiffrer les éléments de ce nouveau alphabet dans la puissance évocatrice des traces, saisir la composition comme fragment et grammaire du silence. Un jeu sur la mémoire des formes, jeu de plein et de vide, jeu de recomposition ou chaque parcelle d’espace s’inscrit d’une une géographie imaginative.
Le nom de l’artiste Mohamed Erraad figure parmi les plasticiens qui exposent en permanence à La Galerie La Kabah à Essaouira dont le fondateur est le passionné d’art Hadj Kebir Attar, et ce aux cotés de Mohamed Tabal , Youness Touil, Regraqui Bousslai, Fatna Gbouri, Hafida Zizi , Abdelkader Bentajer, Ali Maimoun, Mohamed Babahoum, Said Ouarzaz, Abdelilah Lakbiar, Ben Ali, M’hamed Boussaboun, M’barek Timari, Fouad Chardoudi, Saad Abbas, Nawal Sekkat, Mohamed Cherkaoui, Abdellatif Nait Addi, Nada Iraqi, Mohamed Sanoussi, Abdelhak Arzima, Nawal Ghsal, Mohamed Bouaafia, Billy Gray et Kathleen Gray et bien d’autres encore.
Hassan Moutaki