Abdelali Sibari, directeur provincial du Ministre de la Culture et de la Communication à Taza- Taounate vise loin. Après six éditions, il estime que cette manifestation musicale a atteint sa maturité et mérite de devenir un grand rendez-vous musical international.
Al Bayane : Vous avez déclaré que le festival est parvenu à sa maturité. Qu’en est-il de la ligne éditoriale du festival, sachant que votre objectif est d’inscrire l’art de l’aita el jablia sur la liste du Patrimoine immatériel de l’Unesco ?
Abdelali Sibari : Le festival est arrivé à sa 6e édition. Ce qui confirme que cette manifestation a atteint son stade de maturité. Aujourd’hui, ce rendez-vous musical annuel est une date importante dans le calendrier des festivals du Ministère de la Culture et de la Communication.
Après ses six ans d’existence, le festival s’ouvrira lors des prochaines éditions sur les autres musiques et arts du monde. Il aura un aspect mondial et ce, grâce à la collaboration et l’implication du tissu associatif, des chercheurs dans le domaine, ainsi que du Ministère de la Culture et de la Communication et des autorités locales de Taounate.
Nous essaierons lors de la prochaine édition d’intégrer des troupes et des groupes venus des 4 coins du monde, et qui partagent avec el aita el jabalia la même âme artistique, ainsi que l’appartenance à des régions montagnardes. Nous ferons de notre mieux pour sortir des stéréotypes et de la routine afin de donner une nouvelle image à ce festival. Nous allons œuvrer pour lui donner une ampleur et un rayonnement à l’international, en abritant des artistes et groupes connus. Cette approche a essentiellement pour but de faire connaitre cet art au monde en créant des jumelages avec des troupes et d’autres centres de recherche s’intéressant à la musique «jabalia». C’est pour cette raison que le débat, qui a été ouvert lors de la conférence, a proposé l’inscription de cet art comme patrimoine immatériel mondial. Nous travaillons là-dessus avec les chercheurs, les composantes de la société civile et les spécialistes en la matière au niveau national. Nous allons préparer un dossier que nous déposerons par la suite au Ministère de tutelle afin de le présenter à l’Unesco. Il s’agira d’une proposition pour classer ce patrimoine comme «patrimoine mondial immatériel».
Que fait le ministère la Culture et de la Communication pour la préservation des arts jbala ?
Le ministère de la Culture et de la Communication accorde un intérêt important au patrimoine d’une façon générale, et au patrimoine immatériel musical, en particulier. Il organise dans ce cadre des festivals pour encourager toutes les expressions artistiques populaires. Il subventionne des projets artistiques : albums, créations et œuvres musicales.
Je pense que c’est un effort qui contribue à la valorisation et la préservation de ce patrimoine populaire. Je ne crois pas que ce soit uniquement une responsabilité du Ministère de la Culture. Elle incombe également à ceux qui exercent dans le domaine : les acteurs, collectivités et autorités locales… Ceux-ci ont manifesté, jusqu’à présent, une envie de penser à d’autres pistes et approches efficiences pour sauvegarder et développer ce patrimoine musical.
Aita el jablia est-il en voie de disparition?
Je ne pense pas. Il y aura une nouvelle génération qui portera cet art. Il faut l’avouer : la formation pourra jouer un rôle majeur et clé dans la promotion et la préservation de l’art d’el aita el jabalia.
Prenons par exemple la musique gharnati à Oujda qui a pu garantir sa continuité depuis des décennies grâce aux associations civiles qui veillent pour former des enfants et des jeunes dans le domaine de la musique gharnati. Nous espérons que les associations œuvrent dans la formation et la conservation d’aita, ainsi que les autres expressions artistiques dans d’autres régions du pays. Au niveau de la direction provinciale du ministère de la Culture et de la Communication à Taza- Taounate, nous essaierons d’ouvrir un dialogue avec les associations de la société civile pour assurer la formation dans le domaine des arts et de la musique populaire, notamment d’el aita el jabalia.
Avez-vous une idée sur la prochaine édition qui s’ouvrira sur les autres expressions artistiques et musicales mondiales?
Cela nécessite un travail et une recherche des pays qui partagent avec nous cet art. Je pense que ce genre musical se retrouve dans les pays de la Méditerranée.
Mohamed Nait Youssef