Au-delà de la saisie record, lundi 2 octobre, de 2,588 tonnes de cocaïne par les services du Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ) et l’arrestation de 13 personnes suspectes, le Maroc a de quoi s’inquiéter, car une partie de cette drogue devait être écoulée sur le marché local (Nador, Fès, Meknès, Casablanca….), a affirmé mercredi, lors d’une conférence de presse à Rabat, Abdelhak El Khyam, directeur du BCIJ. Celui-ci n’ a pas manqué de préciser que la plus grande partie de celle-ci est toutefois destinée à être écoulée sur le marché européen.
C’est de la cocaïne brute dont le taux de concentration atteint 93%, a-t-il déclaré, ajoutant que cette quantité devrait subir tout un processus de transformation et de mélange avec des produits chimiques avant d’être mise sur le marché. Cette quantité sera donc multipliée par 4 ou 5 et sa valeur marchande devra s’élever à 25.850.000.000,00 DH (2,75 milliards de Dollars).
Au cours de cette opération, il a été également procédé à la saisie de 105 kg de haschisch près de Nador et d’une somme d’argent de 391.520 euros et 172.620 DH, outre huit véhicules qui seraient utilisés dans le trafic de drogue et de comprimés psychotropes, a-t-il précisé.
Il a fait remarquer que, dans le cadre de leurs activités dans la région, pour tirer profit de la faiblesse des moyens de protection et de contrôle des frontières en Afrique, les cartels de drogue latino-américains auraient défini un plan précis pour le Maroc, pour y développer un véritable marché local de consommation de leur production, au lieu de rester un simple espace de transit de la drogue en partance vers les pays d’Europe surtout, a-t-il expliqué.
Il est également fort à craindre que l’implantation de réseaux liés aux cartels latino-américains de cocaïne va encourager de telles structures à se doter des mêmes moyens dont ils disposent en Amérique latine (logistique, armes, finances, corruption, mainmise sur l’appareil judiciaire et d’autres, etc….), a-t-il ajouté. Ce qui n’est pas totalement exclu en raison notamment des activités des mouvements séparatistes tels le Polisario (le lien entre de tels mouvements et le trafic de drogue n’est pas à démontrer) et le refus des services de sécurité algériens de coordonner et de coopérer avec leurs homologues marocains, qui travaillent déjà en étroite collaboration avec leurs homologues tunisiens et mauritaniens.
Revenant sur les différentes péripéties de cette opération, il a rappelé que les services de sécurité marocains sont en fait sur la piste de ce réseau depuis la saisie en 2014 de 226 kilogrammes de cocaïne.
Il a précisé que les cartels latino-américains envoient leur drogue au large des côtes marocaines dans le sud (près de Dakhla), d’où elle est acheminée vers d’autres régions à l’intérieur du pays où elle est stockée, avant d’être transportée vers le Nord du Pays dans sa route vers les pays d’Europe.
Dans le cas de l’actuelle saisie, une partie de la drogue saisie l’a été dans une ferme près de Oued Cherrat, dans la province de Bouznika, alors que d’autres quantités ont été découvertes, en partie dissimulées dans un véhicule immatriculé à l’étranger (Espagne) et dans une ferme située sur la route côtière entre Temara et Skhirat.
L’une des deux fermes concernées est la propriété de l’une des deux têtes pensantes de ce réseau démantelé, qui purgent depuis 2014 une peine d’emprisonnement pour trafic de drogue.
Il a rappelé aussi que cette opération a été menée en étroite collaboration avec les services de la DGSN et sur la base d’informations précises fournies par la Direction générale de surveillance du territoire.
Toutes les personnes arrêtées (des Marocains, des Maroco-espagnols et des Maroco-hollandais) ont été placées en garde à vue à la disposition de l’enquête menée sous la supervision du parquet compétent, alors que les investigations se poursuivent, en collaboration avec tous les services de sécurité, pour dévoiler les tenants et aboutissants de cette affaire, a ajouté le Directeur du BCIJ.
M’Barek Tafsi