La publication du journal Al Bayane au mois de novembre 1972 fut un grand événement. Notre pays, qui était exposé à plusieurs menaces, traversait à l’époque une situation difficile, ponctuée essentiellement par des coups d’Etat fomentés par l’armée et qui ont été voués à l’échec.
La publication du journal Al Bayane constituait pour le Parti de la libération et du socialisme (PLS), interdit à l’époque, un moyen propice pour aller de l’avant et défendre ses positions. Je cite à titre d’exemple la nécessité de la libération du Sahara marocain. Cette revendication a coïncidé avec la publication du livre « Le Sahara occidental marocain » dont l’auteur est le camarade Ali Yata, leader historique du PPS. A cela s’ajoute, en outre, notre appel au renforcement du front intérieur.
Malgré un aspect artistique modeste du journal lors des premières années, les camarades ont été dotés d’une volonté incommensurable pour réussir ce projet. D’ailleurs, c’était les militants du Parti qui, par leurs contributions, confectionnaient le journal. En plus, le staff de la rédaction veillait à couvrir toutes les activités du parti dans la majorité du pays et à renfoncer les liens et tisser des passerelles entre l’ensemble des militants. Ainsi, le journal s’est positionné en tant que défenseur des opprimés et des classes laborieuses. Notre véritable souci était de développer un journalisme de proximité, en étant à l’écoute des aspirations et des doléances de la masse populaire.
En dépit des efforts et des sacrifices consentis par les camarades, notre journal a toujours fait l’objet de censure abusive et de suspension d’activités.
A l’instar de tous mes camarades du parti, je contribuais, de ma part, au contenu de la version francophone par des articles qui portent sur la gestion locale de la ville de Casablanca, la couverture des activités du parti et d’évènements sportifs. D’ailleurs, j’avais l’honneur de représenter le journal aux Jeux olympiques qui se sont déroulés à Moscou en 1980.
Pour l’histoire, c’était le seul support de presse marocain qui a répondu présent à cet évènement sportif planétaire. Ce fut pour moi une expérience exceptionnelle qui a enrichi ma carrière en tant que journaliste.
Entre 2000 et 2009, j’avais le grand honneur d’assumer la responsabilité de la direction des deux supports (Al Bayane et Bayane Al Yaoum) après le départ de Nabil Benabdallah, qui a œuvré pour le développement du contenu du journal. Je me suis assigné comme objectif de continuer sur la même lancée et ce, à travers l’ouverture sur l’ensemble des catégories sociales tout en valorisant les contributions des lecteurs, des sympathisants et des militants.
L’émergence de l’internet nous a poussés à inscrire notre action dans une démarche interactive, en procédant à la création de deux sites électroniques en version arabophone et francophone qui ont connu, d’ailleurs, une grande affluence de visiteurs en 2007. Je pense qu’il faut envisager d’investir davantage dans la presse numérique étant donné que la presse-papier connait aujourd’hui une certaine régression.
Ahmed Zaki
(ancien directeur des journaux Al Bayane)