Après des remous à Casablanca, au mois de janvier, quant aux factures Lydec jugées très salées par les citoyens, le délégataire d’eau et d’électricité s’est vu contraint d’expliquer son système de tarification jeudi dernier. Le management de Lydec a voulu tirer les choses au clair, lever les incompréhensions auprès des consommateurs, rassurer ses 2 millions de clients quant à sa politique transparente et bien évidemment, expliquer de nouveau, le système de tarification qu’il applique depuis août 2014, en vertu du Contrat-programme entre l’ONEE et l’Etat signé en 2014. Et qui, de l’avis du délégataire, reste incompris, 3 ans après son entrée en vigueur.
De mois en mois, les Casablancais se plaignent de la cherté des factures Lydec. En janvier dernier, la grogne a pris plus d’ampleur quand de nombreux citoyens ont exprimé leur ras-le-bol en signant une pétition sur le site Avaaz. Les Casablancais y dénonçaient «une augmentation vertigineuse des factures d’électricité pour le mois de janvier, sans que la consommation n’évolue à la hausse», remettant ainsi en cause, le système de tarification de Lydec, ainsi que sa crédibilité.
Lors d’une conférence de presse tenue en son siège jeudi 22 février, le management de l’entreprise a déclaré d’emblée que « ce n’est pas Lydec qui décide du prix de l’eau et de l’électricité». «Les tarifs sont fixés suivant les dispositions et conditions prévues dans le contrat de gestion déléguée conclu entre l’autorité délégante, le ministère de l’Intérieur et le délégataire», a déclaré ledirecteur général de Lydec, Jean-Pascal Darriet. De manière plus claire, l’entreprise explique que ses tarifssont déterminés en fonction du contrat-programme (2014-2017) signé par le gouvernement et l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) et qui fixe l’augmentation par l’ONEE des tarifs de vente de l’eau et de l’électricité à tous les distributeurs du Royaume, de août 2014 à 2017.
Jugeant que plusieurs consommateurs n’ont pas toujours saisi le système de facturation entré en vigueur en 2014, le délégataire a expliqué qu’il applique un système composé de deux modes de facturation, notamment la facturation progressive qui concerne les consommations mensuelles inférieures ou égales à 12 m3 (pour l’eau et l’assainissement) et 150 kWh (pour l’électricité) et la facturation sélective pour les consommations mensuelles supérieures à 12m3 et 150 kWh. Selon le système de facturation sélective, la totalité de la consommation mensuelle est facturée au tarif de la tranche dans laquelle elle se situe. Ainsi, pour une consommation d’eau de 17 m3, la facturation sera comprise dans la 3e tranche, et pour une consommation de 190 kWh, la consommation sera facturée dans la 3e tranche, puisque le seuil de 150 kWh est dépassé. Sachant bien évidemment que le prix du m3 et du kWh varie en fonction de la tranche de consommation.
Contrairement aux dénonciations d’augmentations de factures, Lydec affirme que 51% des clients particuliers à Casablanca n’ont pas été concernés par l’augmentation tarifaire de l’eau, puisqu’ils consomment en moyenne moins de 6m3 par mois, ce qui correspond à la tranche 1. Quant à l’électricité, 66% de clients n’ont pas été concernés par des augmentations, puisqu’ils ont une consommation de moins de 150 kWh, soit des factures maximales de 164 dhs. En d’autres termes, le nouveau système de tarification aurait bénéficié plus aux faibles consommateurs.
225 releveurs sur l’ensemble du territoire
Si plusieurs consommateurs ont dénoncé récemment que leur facture n’était pas fonction de leur consommation, le délégataire a tenu à préciser que la consommation mensuelle reste le seul élément pour facturer les clients. Et d’ailleurs, Lydec a voulu lever le doute sur le système de relève des consommations. Pour ses 2 millions de clients, l’entreprise dispose de 225 releveurs sur l’ensemble du territoire. Un chiffre relativement faible, mais l’entreprise assure que le taux d’erreurs est presqu’inexistant, soit 0,01% de factures corrigées par jour. En plus, le travail des releveurs est complété par 40 analystes au back office et des contrôles automatiques par le système information, pour réduire au maximum les erreurs et anomalies, a relevé Najoua Errguita, directeur préfectoral adjoint de Lydec. Celle-ci a d’ailleurs assuré que 98% des compteurs sont lus régulièrement à une périodicité variant entre 28 et 32 jours.
Toutefois, certaines factures sont tarifées par estimation, a tenu à préciser Najoua Errguita. Cette mesure spéciale s’appliquerait aux compteurs difficiles d’accès, en cas d’absences de clients, ne permettant pas ainsi aux releveurs de compteurs de faire leur travail. «Quand il y’a absence des clients au moment du passage des releveurs des compteurs, nous envoyons de manière automatique un sms ou un email au client pour l’informer de la date de passage du releveur, de l’inaccessibilité du compteur, et on l’invite à faire la lecture de son compteur et à nous envoyer l’index lu», a t’elle expliqué. «Au cas où nous ne recevons pas ces informations, nous passons à l’estimation en fonction de son historique de consommation. Et nous veillons à la lecture le mois d’après pour régulariser sa facture».
Autre point non moins important, Najoua Errguita a tenu à souligner que la consommation de l’eau et de l’électricité est saisonnière. Elle est impactée principalement par la hausse et la baisse des températures. Ainsi, en été, on consomme plus d’électricité qu’en hiver. «Quand on calcule les factures, on prend en compte les pics et les chutes. On prend également en considération le comportement des consommations», a-t-elle souligné. En cas de hausse par rapport à leur historique de consommation, «on envoie des alertes aux clients, les invitant à vérifier leurs installations, avant de recevoir la facture», assure le délégataire. A en croire le délégataire, plusieurs consommateurs ainsi alertés, auraient collaboré avec la Lydec, qui a pris en considération les fuites et autres… dans la facturation, puisqu’il dispose de tarifs préférentiels pour des fuites. Lydec mènerait même des campagnes de sensibilisation à l’adresse de ses clients pour leur permettre de réduire et mieux gérer leur consommation.
Pour rassurer davantage ses clients, Lydec a organisé à l’adresse des médias, une visite dans ses locaux , notamment dans le Centre de relation clientèle (CRC), le Centre de coordination des opérations où l’entreprise veille en temps réel au traitement, à la planification et l’affectation des interventions sur le terrain, le Centre de veille et de conduite centralisée où Lydec conduit à distance les principaux ouvrages et le Centre de gestion de crise.
Délais de paiement des factures
Concernant les délais de paiement de factures, autre sujet de mécontentement de nombreux clients, l’entreprise a tenu à préciser que le délai de paiement est de deux semaines et non d’une semaine.
«On ne procède pas à la suspension de nos services le lendemain. La majorité des clients paient dans les délais. Pour ceux qui ne paient pas, nous envoyons des sms deux fois avant de procéder à la suspension des services», a expliqué l’entreprise. «Pour ceux qui ont des cumuls d’impayés, nous avons des facilités de paiement qui sont donnés aux clients, où ils s’engagent à payer selon certaines échéances», a-t-on précisé auprès de Lydec. Et d’ajouter que des frais d’actes de coupure sont ajoutés aux frais de la facture, en cas de préavis et ceux-ci varient en fonction du montant de la facture, de 20 à 100 dirhams.
A noter que si le contrat- programme ONEE et l’Etat a pris fin en 2017, il reste toutefois ouvert et les tarifs de la Lydec dépendront de ce cadre jusqu’à l’annonce d’un nouveau contrat- programme, a indiqué le délégataire à Al Bayane.
Danielle Engolo