Peine de mort: Amesty international revient à la charge

Le retour du Maroc à l’Union africaine poussera t-il le gouvernement à abolir la peine de mort et rejoindre les pays africains qui ont aboli ce châtiment suprême? La question a été soulevée par Salah Abdellaoui, directeur exécutif d’Amnesty international lors de la présentation du rapport mondial sur les condamnations à mort en 2017.

La question reste en suspens en l’absence d’une position gouvernementale claire. Mais l’ONG exhorte le gouvernement à s’aligner sur l’option marocaine en votant en faveur du moratoire de l’ONU sur la peine de mort. En effet, «la majorité des Etats membres de l’Union africaine ont aboli la peine de mort en droit ou appliquent un moratoire de fait sur les exécutions», précise de son côté, Mohamed Sektaoui, directeur général d’Amnesty Maroc.

Las d’attendre des signaux positifs, les représentants d’Amesty Maroc ont adressé un mémorandum daté du 11 avril 2018 au chef du gouvernement. L’ONG exhorte le gouvernement à adopter rapidement une position claire. Encore faut-il que cette correspondance d’Amnesty ne reste pas lettre morte. Car, faut-il le rappeler, il s’agit du 3e mémorandum transmis au chef du gouvernement pour ratifier le 2e Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques visant à abolir la peine capitale.

Les responsables d’Amnesty Maroc reprochent au gouvernement de s’accrocher à la peine de mort comme moyen permettant de décourager le crime et préserver les valeurs religieuses et culturelles de la société. Mohamed Sektaoui a tiré la sonnette d’alarme sur la hausse des condamnations à mort prononcées en 2017. L’ONG ressence 15 condamnations à la peine de mort l’an dernier, le nombre le plus élevé au cours de ces dernières années. Or, «ce jugement éveille des générations à une culture de violence, de vengeance et de sang », dit-il. Pour lui, l’appartenance religieuse ne devrait pas justifier le maintien de la peine de mort.

En effet, l’ONG se dit préoccupé par le fait que le Maroc continue de flirter avec les sentiments populistes et d’utiliser les croyances religieuses pour servir les intérêts politiques étroits. Les valeurs universelles devraient primer sur l’aspect religieux. D’autant plus qu’«il ne faudra pas oublier la recommandation de l’Instance d’équité et de réconciliation (IER) relative à l’abolition de la peine de mort, que le Roi a ratifiée et qu’il n’oublie pas d’agir dans l’esprit de la Constitution qui consacre le droit à la vie», rappelle Abdellaoui.

Le Maroc est appelé à suivre la tendance internationale en ce qui concerne les exécutions. Amnesty international constate une baisse de 4% des exécutions en 2017. Au total, 993 exécutions dans 23 pays sont recensées.

Hajar Benezha

Related posts

Top