Dons et greffes d’organes: encore des efforts…

Depuis 2005, l’OMS a consacré le 17 octobre comme la journée mondiale du don d’organes et de la greffe. C’est un événement qui revêt une très grande importance pour l’ensemble de l’humanité, eu égard aux enjeux que revêtent aujourd’hui le don et la greffe d’organes en termes de santé publique. Mais force est de constater que chaque jour, des hommes, des femmes et des enfants meurent à cause du manque de greffons et faute de n’avoir pu être transplantés à temps, et ce, au moment où la médecine est en mesure de les sauver et de leur assurer une meilleure qualité de vie.

Le 17 Octobre de chaque année,  la communauté internationale et le Maroc célèbrent la journée mondiale du don et de la greffe d’organes. C’est une occasion idoine pour rappeler que notre pays a réalisé d’énormes progrès dans tous les domaines de la médecine. Des vies sont sauvées chaque jour, des malades sont mieux pris en charge, les traitements sont de plus en plus performants, et tout cela grâce au développement de la médecine qui a réussi à vaincre et à éradiquer de nombreuses maladies.

Cependant, malgré tous ces progrès, pour certaines maladies, le recours à des greffons humains reste le seul moyen permettant la survie d’un patient atteint d’une  pathologie grave. On parle communément de transplantation d’organes, qui est une opération chirurgicale par laquelle un organe malade est remplacé par un organe sain prélevé chez une personne vivante  (donneur) ou prélevé sur une personne  décédée.

Le don d’organes est une nécessité pour que les personnes souffrant d’une insuffisance organique terminale puisse continuer à vivre ou à améliorer de manière significative leur qualité de vie. Par exemple, pour les personnes qui sont condamnées à faire la dialyse toute leur vie, à raison de trois séances par semaine, soit 12 séances par mois, chaque séance est facturée à 800 DH, ce qui fait 3200 DH/ mois, auxquels il faut ajouter les médicaments. Au total, pour un malade sous dialyse, il faut compter pas moins de 50.000 DH/an.

La greffe rénale permet de libérer toutes ces personnes de la machine de la dialyse. Elles pourront donc poursuivre leur vie normalement, si elles trouvent un donneur et font une greffe de rein qui est aujourd’hui réalisée au niveau de tous les CHU du Maroc.

La question relative aux dons et greffes d’organes au Maroc ne laisse personne indifférent. Tout le monde semble en connaitre les véritables enjeux, mais dans la réalité des choses, il en va autrement dès lors qu’il s’agit de se prononcer soi – même sur cette question, car dans les faits, nos concitoyens ne se pressent pas pour donner un organe ou s’inscrire sur le registre des donneurs d’organes ; bien au contraire, nombreux sont celles et ceux qui opposent un non catégorique au don d’organes.

Face à une telle situation, on comprend mieux que le don d’organes n’est pas encré dans notre culture car il est empreint de tabous. C’est  une pratique qui n’arrive pas à connaitre un décollage susceptible de répondre aux attentes des patients qui espèrent une greffe d’organes.

Pourtant, le Maroc a été le premier pays arabo-musulman à avoir réalisé la première greffe de cornée en 1960 et la première greffe de rein en 1985.

Au niveau d’autres pays, la greffe d’organes et de tissus (rein, foie, cœur, poumons, pancréas, intestin, os, cornée, peau) est une pratique répandue avec des prélèvements effectués sur des donneurs décédés ou en état de mort encéphalique. Chez-nous, ce type de greffe reste encore difficile à promouvoir et ce, en raison de nombre de contraintes, notamment socioculturelles.

Des résultats mitigés

Les résultats au Maroc sont loin de rejoindre ceux d’autres pays où le don et la greffe d’organes sont une pratique courante et quotidienne pour sauver des vies humaines.

Les greffes que nous avons réalisées au Maroc sont estimées à :

460 greffes de rein, avec une cadence qui s’est accélérée de manière spectaculaire entre 2010 et 2015 avec 220 greffes
01 greffe de cœur
13 greffes de foie,
90 transplantations d’organes à partir d’un donateur décédé
300 greffes de moelle osseuse et de cellules souches

63 implants cochléaires pour le traitement de la surdité
Plus de 3000 greffes de cornée

A titre d’exemple, en 2010 respectivement aux USA et en France, on a recensé 16 820 et 2500 greffes rénales, 6340 et 1090 greffes de foie et 2320 et 360 greffes cardiaques.

Le Maroc dispose de toutes les conditions requises pour mener dans d’excellentes conditions toutes sortes de greffes d’organes. Nous disposons d’une longue expérience, de compétences humaines avérées, de structures modernes adaptées et de la haute technologie. Mais, qui dit greffes d’organes, fait référence à la disponibilité constante de greffons. Or, les organes ne se vendent pas, ne s’achètent pas. Le don d’organes est un acte de générosité, un geste de solidarité humaine et sociale.

Pour espérer faire évoluer les choses dans le bon sens, chacun doit savoir qu’il est concerné par la question du don d’organes , et que ce ne sont pas toujours les autres qui sont dans le besoin , car un jour ou l’autre on aura aussi besoin d’un greffon . Pour aller de l’avant et faire évoluer les choses dans le bon sens,  il s’agit de lever tous les tabous sur une pratique thérapeutique qui peut sauver bien des vies à travers de campagnes de sensibilisation à l’échelon national.

Ouardirhi Abdelaziz

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