Amnesty appelle à la libération des journalistes et des détenus des mouvements de protestation

Un sombre tableau dressé par Amnesty international quant à la situation des droits de l’Homme dans la région de l’Afrique du Nord et Moyen-Orient.  Le rapport annuel de l’organisation portant sur 19 Etats met l’accent sur le fait que les droits de l’homme ont connu une régression sans précédent dans la région en raison de plusieurs facteurs et que les gouvernements, tout en continuant à faire la sourde oreille aux revendications des populations, ont recouru, et ce avec mauvaise foi,  à l’utilisation de la force de manière excessive et disproportionnée, bafouant ainsi les droits de l’association et de la liberté d’expression.

Il faut dire, selon Amnesty international, que la situation des droits de l’Homme demeure critique dans tous les Etats de la région MENA, notamment en Palestine où les manifestations sont violemment réprimées par les forces d’occupation israéliennes. Idem pour l’Arabie saoudite, l’Iran ou encore l’Egypte, ajoute le rapport, en indiquant que la restriction de la liberté d’expression (Affaire Jamal Khashoggi) et l’incarcération des journalistes et l’étouffement de la société civiles sont devenues une monnaie courante, comme l’a relevé Mohamed Sektaoui, Directeur général d’Amnesty-Maroc, mardi 26 février, à Rabat, lors de la conférence de la présentation du rapport annuel.

Pour lui, cette situation est due certainement au silence assourdissant et la complicité des puissances occidentales, nommément cités que sont les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne, «en quête de vente d’armes», a-t-il ajouté. D’ailleurs, c’est écrit noir sur blanc dans le rapport de son organisation : «Des alliés de gouvernements de la région ont à maintes reprises privilégié de lucratifs accords commerciaux… ou encore de grosses ventes d’armement au détriment des droits humains».

Ainsi Amnesty – International a lancé un appel solennel à la communauté internationale pour cesser de vendre les armes à Israël et à toutes les parties belligérantes au Yémen.

Même son de cloche, chez Fatima-Zohra Yassine, présidente d’Amnesty International-Section Maroc, qui s’est penchée aussi dans son intervention sur le Maroc en faisant allusion aux  mouvements de protestations que le pays a connus durant l’année 2018 que soit dans le Rif ou à Jerada, entre autres.

La conférencière, citant le rapport,  a évoqué le cas des militants et journalistes, «qui ont été condamnés à des peines de prison pour avoir exprimé leur opinions en ligne, de façon pacifique…pourtant, le ministère public a utilisé des chefs d’accusation disproportionnées et inappropriées en s’appuyant sur des articles de la législation antiterroriste et du Code pénal».

De son côté, Salah Abdallaoui, Directeur exécutif d’Amnesty-International, a indiqué que la plupart des détenus ont été condamnés sous prétexte d’atteinte à la sécurité intérieur de l’Etat ou sous motif d’incitation à manifester. Il a souligné dans ce sens que beaucoup de vices de forme ont été enregistrés dans ces procès, comme ce fut le cas pour le journaliste Taoufik Bouachrine.

Abondant dans le même ordre d’idées, l’intervenant a invité le gouvernement marocain à lever les restrictions imposées à la liberté d’expression et la libération de tous les citoyens et des journalistes emprisonnés.

Au terme de la conférence, Mohamed Sektaoui, prenant encore une fois la parole,  a appelé le gouvernement marocain à l’abrogation de des articles incriminant la liberté d’expression, d’association et de réunion, et de cesser de juger les journalistes sur la base du Code pénal, réitérant les positions usuelles de son organisation, selon lesquelles la démocratie est la seule voie pour le développement et la stabilité.

L’intervenant a également évoqué les restrictions imposées à la liberté d’association par les autorités publiques, en faisant allusion aux enquêteurs de son organisation, interdits, selon lui, de réaliser des enquêtes sur les droits de l’Homme, alors que le Maroc s’est doté d’une nouvelle Constitution et a mis en place plusieurs institutions dédiées aux droits de l’Homme, a-t-il conclu.

Khalid Darfaf

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