Les pays réfractaires campent sur leur position

Décidément, les appels de l’ONU pour un dialogue avec les Etats réfractaires au «Pacte mondial sur les migrations» et celui sur les réfugiés, avant leur adoption définitive, n’auront pas porté leurs fruits. C’est hier, 17 décembre, que l’Assemblée générale de l’ONU devait approuver définitivement le «Pacte mondial sur les réfugiés» et demain, 19 décembre, le «Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières ». Des textes que rejettent certains Etats, qui décrient son contenu, en dépit des incessantes déclarations de l’ONU qui insistent sur leur bien-fondé et leur caractère non-contraignant.

Face aux incessants appels du SG de l’ONU pour un dialogue suite au rejet des Pactes, notamment celui sur la migration, certains Etats auraient décidé de répondre par le mutisme, le silence ou l’indifférence. Si le caractère non contraignant du « Pacte mondial sur les migrations sûres, ordonnées et régulières » visait à encourager les Etats à s’engager  dans une gouvernance multilatérale de la question migratoire, sans craindre pour leur souveraineté nationale, il aurait produit l’effet contraire. Puisque sur cette base, plusieurs Etats auraient choisi de se montrer indifférents sur le sujet et ne pas coopérer. D’où les incessants appels d’Antonio Guterres au dialogue avec les pays réfractaires sur la question et qui auraient apparemment été vains.

A la veille de l’adoption définitive de ce texte à l’Assemblée générale de l’ONU ce 19 décembre, au lendemain de la Journée internationale des migrants, après son adoption formelle par 164 pays à Marrakech, aucun des 17 pays (Autriche, Australie, Italie, Bulgarie, Chili, Croatie, USA, Israël…), réfractaires et indécis, n’a pu répondre favorablement aux appels au dialogue. Plutôt, dans plusieurs pays, notamment en Belgique, les manifestations contre le Pacte mondial sur la migration se sont multipliées en faveur d’une démission du chef de gouvernement Charles Michel, qui avait fait le déplacement dans la ville ocre pour adopter formellement ce texte.

Bien que rejeté par les Etats-Unis, le «Pacte mondial sur les réfugiés» qui devait être adopté hier, 17 décembre, ferait plutôt un peu plus consensus, nous confiait Jean-Paul Cavalieri, représentant du HCR au Maroc, dans une interview. «Pour l’instant, le Pacte sur les réfugiés, qui est aussi non-contraignant, sera adopté par tous les Etats membres», nous expliquait-il. En cause, pour lui, «la question des réfugiés est moins politique et il y a moins de risques de politisation » que celle de la migration. En effet, le «Pacte sur les réfugiés», élaboré dans le cadre de la Déclaration de New-York de 2016, devait être approuvé hier à l’Assemblée générale de l’ONU.

Selon Jean-Paul Cavalieri, ce Pacte «vise à instaurer davantage de solidarité et d’égalité entre les pays du nord et du sud dans la réponse internationale à l’égard des crises qui génèrent les réfugiés». Puisque, à l’heure actuelle, ce sont les pays du sud, en développement… qui accueillent la quasi majorité des réfugiés dans le monde, soit 85%. 10 pays à peine accueillent plus de 60% de ces réfugiés, parmi lesquels la Turquie, l’Ouganda, le Pakistan, le Liban et l’Iran. En outre, seuls 10 donateurs gouvernementaux financent la majorité du budget dédié aux réfugiés et fournissent 80% des places de réinstallation des réfugiés. Selon le représentant du HCR, il est question dans le Pacte de renverser cette tendance et impliquer tous les Etats, sans distinction dans la réponse à la question des réfugiés. Ainsi, parmi les principaux engagements des Etats dans ce Pacte, il s’agit premièrement de contribuer au fonds permanent pour les réfugiés qui servira au soutien des populations hôtes pour les systèmes de santé, les systèmes d’éducation, les systèmes de sécurité sociale des populations hôtes. Deuxièmement, il est question pour les Etats de s’engager à offrir plus de places de réinstallation, pour accueillir les réfugiés qui sont dans les pays affectés par des afflux massifs.

Danielle Engolo

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