Renault a annoncé récemment que Carlos Ghosn reste PDG du constructeur français et qu’aucune anomalie n’a pour l’instant été constatée sur ses revenus dans l’hexagone. Le conseil d’administration de la marque au losange a déclaré qu’il avait «conclu, de manière préliminaire, à la conformité des éléments de rémunération du président-directeur général de Renault et des conditions de leur approbation au regard des dispositions légales», faisant référence aux vérifications initiées après l’arrestation de Ghosn au Japon.
Pourtant, le patron le mieux rémunéré du CAC 40 a été démis de ses fonctions de président des conseils d’administration de Nissan et Mitsubishi, au Japon, dans le sillage du scandale sur ses malversations présumées. Le dirigeant est accusé d’avoir omis de déclarer aux autorités boursières japonaises environ 38 millions d’euros de revenus sur cinq années, de 2010 à 2015. Il est soupçonné d’avoir fait de même entre 2015 et 2018 pour un montant de 31,1 millions d’euros. L’interpellation de Carlos Ghosn, clé de voûte de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors, premier ensemble automobile mondial, a fait éclater au grand jour les tensions entre les deux groupes fondateurs Renault et Nissan, liés par des participations croisées.
Il est à signaler que Nissan, dont Renault détient 43% du capital après l’avoir sauvé de la faillite il y a près de 20 ans, semble supporter de moins en moins l’influence des Français. Mais, de part et d’autre, on s’efforce officiellement de souligner l’importance du partenariat. Souvent critiqué pour son salaire, Ghosn, qui touchait jusque-là environ 7 millions d’euros au seul titre de ses fonctions chez Renault, avait accepté en début d’année de réduire de 30% sa rémunération, sous la pression de l’Etat français, premier actionnaire du groupe. Sa rémunération totale, en incluant ses revenus chez Nissan et Mitsubishi, atteignait officiellement l’an dernier 13 millions d’euros.
Les administrateurs de Renault ont par ailleurs été informés jeudi des éléments à charge contre Ghosn, fournis cette semaine par les avocats de Nissan, présents à Paris. Le conseil d’administration du constructeur français a expliqué avoir «pris connaissance d’une restitution, par les avocats de Renault, de la présentation qui leur a été faite par les avocats de Nissan de l’enquête qu’ils ont conduite chez Nissan». Mais il souligne qu’il ne dispose pas des éléments de sa défense, ce qui semble justifier qu’il soit pour l’instant maintenu formellement dans ses fonctions.
Atabi Badr