Les militants d’Amnesty International ne comptent pas baisser les bras avant que la peine de mort ne soit abolie. La section Maroc de l’ONG vient, en effet, d’adresser un mémorandum au chef du gouvernement.
C’est la seconde fois qu’Amnesty dépose un mémorandum à la Primature, après celui du 11 avril 2018, dans l’espoir que le gouvernement accélère le rythme vers l’abolition de cette sentence suprême en ratifiant le 2e protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques de l’ONU. Pour faire pression sur l’Exécutif, Amnesty explique que la tendance mondiale s’oriente vers l’abolition de la peine de mort.
Son rapport 2018, présenté mercredi à Rabat, indique que la condamnation à mort est résolument en recul, et que des mesures sont prises partout dans le monde pour mettre fin à ce châtiment. Amnesty cite l’exemple du Burkina Faso qui a adopté, en juin dernier, un nouveau Code pénal excluant de fait la peine de mort.
Au Maroc, la position officielle demeure ambigüe. Mohamed Sektaoui, secrétaire général d’Amnesty Maroc, n’a de cesse de dénoncer les contradictions dans les discours du ministre de la Justice. En février dernier, le ministre a clairement affirmé devant le 7e congrès mondial contre la peine de mort, organisé à Bruxelles, que le Maroc n’exécutera plus les condamnés à mort.
Mohamed Sektaoui reproche à Mohamed Aujjar de changer de discours lors des rencontres avec le tissu associatif. Une ambigüité qui le pousse au pessimisme. Il considère que ce changement dans les discours montre que le Maroc n’abolira jamais la peine de mort. Salah Abdellaoui, directeur exécutif d’Amnesty Maroc, voyait en le retour du Maroc au sein de l’Union africaine un signe vers l’abolition de ce jugement dans la mesure où de nombreux pays de la région l’ont déjà supprimé de leur Code pénal.
Cela avant que le Maroc refuse à nouveau, en janvier dernier, de voter en faveur de la 7e résolution de l’Assemblée générale des Nations unies relative à l’instauration d’un moratoire sur les exécutions dans l’objectif d’abolir la peine de mort. Rien de surprenant quand on sait que le Maroc compte, selon les dernières statistiques du département de la Justice, pas moins de 93 condamnés à mort. Pourtant, le pays est abolitionniste de fait. En effet, la dernière exécution remonte à 1993, dans l’affaire du commissaire Tabit.
En tout cas, le nouveau mémorandum adressé au chef du gouvernement, comprend des preuves irréfutables quant à la nécessité de rejoindre le camp des pays abolitionnistes. Amnesty y rappelle que toutes les études des Nations unies n’ont pas réussi à prouver que la peine de mort constitue le meilleur moyen de répression de la criminalité. D’où l’appel lancé en faveur de l’adoption d’une loi visant l’abolition aussi bien dans la législation que la pratique.
Hajar Benezha