Le mi-mandat de Abdelahad Fassi Fihri à la tête du ministère de l’Aménagement du territoire national, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville est marqué par plusieurs avancées, mais aussi quelques échecs.
C’est ce qui ressort du bilan présenté par le ministre hier à Rabat. D’emblée, le ministre a dénoncé le constat selon lequel le secteur de l’immobilier traverse une période de crise. «C’est plutôt ce discours de crise qui nourrit la crise», a-t-il dit. En 2017, le BTP a participé à hauteur de 6,3% du PIB avec près de 59 milliards de DH et la création de 15 000 nouveaux emplois entre 2017 et 2017. Globalement, la production globale et les mises en chantier sont sur un trend haussier. En 2018, 165.526 unités dont 139.000 économiques et sociales ont été produites, un chiffre en hausse par rapport à 2017, année au cours de laquelle la production a atteint 155.577 unités.
Au niveau du logement social, le bilan diffère d’un segment à l’autre. Pour le ministre de l’Habitat, l’offre à 250.000 DH est une réussite dans la mesure où l’objectif initial de 300.000 unités a largement été dépassé. En effet, 400.793 logements ont reçu e certificat de conformité.
Par contre, le logement à 140.000 DH n’arrive toujours pas à trouver sa vitesse de croisière, de l’avis même du ministre. En dix ans (2008-2018), seulement 26.062 logements ont reçu le certificat de conformité. Le département de l’habitat peine à concrétiser l’objectif principal du logement à 140.000 DH, à savoir la lutte contre les bidonvilles et l’habitat insalubre. L’offre ne suscite que peu d’intérêt. Selon le ministre, la population à laquelle ces logements sont destinés préfèrent systématiquement les lots de recasement.
Une demande difficile à satisfaire du fait de la rareté du foncier, explique-t-il. D’autant que la réponse à la demande de cette catégorie de la population doit se faire en prenant en considération l’ensemble de ses besoins, notamment en termes d’accès à l’emploi et aux moyens de transport. Autrement dit, le recasement de ces ménages ne doit pas être l’affaire du seul département de l’Habitat. Ce type de programme doit s’inscrire dans une approche globale et intégrée, comme l’a souligné le ministre. Abdelahad Fassi Fihri considère que cette approche doit être adoptée dans l’ensemble du système de logement social. Il appelle d’ailleurs Al Omrane, bras armé de l’Etat dans le secteur immobilier, à s’impliquer davantage dans l’offre d’un logement social de qualité.
En plus de la qualité, le groupe Al Omrane est appelé à respecter les délais de réalisation et de livraison. Par ailleurs, la formule destinée à la classe moyenne est toujours à bout de souffre. Pour le ministre, il faudra lancer un nouveau programme et modifier les cahiers de charges avec les promoteurs.
Au-delà de l’aspect quantitatif, le département de Fassi Fihri demeure confronté à un défi de taille, celui de l’urbanisme durable. La planification territoriale est indispensable pour la compétitivité et l’attractivité des territoires. Selon le ministre, 286 documents d’urbanisme ont été adoptés durant les deux premières années de son mandat. Sachant que 314 autres documents devront être approuvés au cours de la période d’ici 2021. L’objectif de la tutelle est de mettre en place une stratégie nationale pour la mise à niveau et la réhabilitation du patrimoine architectural et urbanistique, ainsi que son intégration dans le cycle économique à travers l’adoption des plans d’aménagement et de sauvegarde. A noter d’ailleurs que 13 plans ont été achevés sur un total de 31.
Aujourd’hui, l’ambition du ministre est de trouver des points d’appui auprès de ses collaborateurs, notamment les collectivités territoriales, regrettant que son département soit souvent considéré comme un bailleur de fonds. Il veut en finir avec l’image de correcteur de déficit qui lui colle à la peau.
Hajar Benezha