Il y a des années, la télévision nationale, la première chaîne à l’époque, puis la seconde, trois décennies plus tôt, faisait l’allégresse dans tous les foyers. Certes, la production des émissions typiquement marocaines était modique mais combien captivante. Pendant, le mois du carême, les artistes satisfont l’assistance réunie au f’tour.
On sentait le sérieux dans les gags proposés et admirait la qualité de la prestation imaginée. Après de longues journées de trime éreintantes, on se régalait et se détendait face à une télé récréative, divertissante et résolument respectueuse des goûts et des vocations.
Ces derniers temps, les années passent et les banalités subsistent, en ce mois de piété! A la veille de l’événement, on foudroie les citoyens de l’annonce de la série de sitcoms attractifs à couper le souffle. On s’impatiente, on salive, on s’ouvre les appétits des sens. Sous l’effet de la curiosité qui se prépare, on ne se rend même pas compte des précédentes désillusions. Et puis voilà, au moment du crépuscule, on se presse de «savourer» les beaux menus promis. Mais, quelle duperie encore!
Encore une fois, on déçoit les citoyens, comme à l’accoutumée. Des absurdités irascibles qui caquettent et piaillent sans pitié. Devant une grande audience, puisque c’est l’heure de haute pointe par excellence, les ménages sont matraqués, durant des heures entières, par le biais des «navets» creux et insolents. Les tambouilles télévisuelles sont telles qu’on a envie, par moments, de huer à tue-tête et tempêter ce maudit écran à souhait.
On se demande si les faiseurs de ces sottises qui se frottent les mains d’avoir renfloué en revenus publicitaires, ne se paient pas la tête du peuple marocain. Ils se contentent sans scrupule, d’afficher un satisfecit sournois et incivique, alors qu’ils savent pertinemment que les productions sont d’une nullité irritante. Les exécuteurs de toutes ces petitesses navrantes ne se posent pas de questions, non sans incivisme non plus, sur le remords de conscience, du moment que le mois de ramadan constitue, pour eux, une aubaine de se remplir les poches et joindre les deux bouts.
Une vilaine complicité qui se répète, chaque année, sans qu’on ne mette un terme à ces médiocrités, en dépit des sentiments d’indignation émis par les populations désavouées. Hélas, trempé de ridicule narquois, on continue à regarder ces viles platitudes, au point qu’on s’y habitue. Force est de constater que la dérision fait, désormais, partie de notre vécu quotidien. Des castings bas et stéréotypés, prennent en otage, durant un mois, jour pour jour, toute l’intelligence collective. On cherche par tous le moyens les plus insipides, de forcer le rire, à travers des histoires sans la moindre recherche créative ni respect d’autrui.
Les décideurs des boîtes télévisuelles, ont-ils le droit de continuer à pondre des débilités, sous prétexte que l’audience est forte? Certainement pas, car même si les citoyens collent à leur petit écran, c’est qu’on les a familiarisés à ces abêtissement délibérés. La mission des médias, surtout visuels, est bien autre. On ne saurait se satisfaire de ce qu’on a l’habitude de pondre avec redondance, au détriment des valeurs de l’innovation instructive pour contribuer efficacement au relèvement du degré éducatif et pédagogique des récepteurs. La gravité des émissions basses qu’on s’acharne à rabâcher, réside, effectivement, en cette aliénation coutumière à la componction.
La chaine publique n’est pas l’apanage des «débiles» abjects qui ne font que courir derrière l’intéressement. Bien au contraire, elle appartient au peuple et personne n’a le droit de se l’accaparer pour y déverser les idioties. La rigueur de la qualité des textes, des mises en scènes et des interprétations devrait être de mise. Pour ce faire, il convient de faire appel à des compétences nationales en la matière afin de filtrer et valoriser les programmes à présenter, avec fermeté et citoyenneté. Dieu sait que notre pays renferme des flammes bourrées de don et de panache!