Les mordus de l’art dramatique à Agadir ont eu droit à la nouvelle pièce théâtrale de la saison, présentée par la troupe du Souss, Wamadate.
Dans la salle pleine à craquer de Brahim Radi à l’hôtel de ville, le public fut, de bout en bout, admiratif de la prestation créative de haute qualité sur ses aspects dramaturgique, scénique et interprétatif. Ils étaient nombreux à se passionner, tout au long de la trouvaille artistique, intitulée Jaïha, superbement inspirée du chef-d’œuvre du grandissime écrivain syrien Mamdouh Odouane «Les fauves ne chantent pas !». Co-écrite par l’auteur raffiné, Dr Rachid Outarhoute et l’artiste génial, Omar Sehnoun, mise en scène de ce dernier, cette merveille a mis ni extenso toute l’assistance, sous l’effet de l’envoûtement et de la frénésie.
Sans relâche durant le spectacle captivant, on ne cesse d’apprécier la verve sémantique du vocable, se mouvant et s’émouvant dans un texte fluide, richement épris de litotes métaphoriques qui, en parallèle, enchante et interpelle l’auditoire, mis en exultation sidérante.
L’exubérance captivante du texte, puisé dans l’idiome familier, s’érige, au fil des actes, en conquérant absolu sur tous les ingrédients de la pièce. Toutefois, sans jamais se montrer résignante face à la fulgurante pugnace du récit théâtral, la mise en scène, subtile et innovante, finit par se hisser au rang de cette suprématie verbale. Elle se distingue royalement par l’animation gestuelle et chorégraphique, la pluri-fonction des objets sur scène, la recherche vestimentaire abracadabrante ainsi que le jeu ajusté et cohérent des comédiens et surtout cette interférence ingénieuse de la réalité et du virtuel, habilement mise en avant, insufflant à la séance théâtrale cet entrain pluriel aussi bien divertissant que provocateur.
Il faut bien dire qu’un show de théâtre aussi seigneurial ne saurait caracoler au zénith de l’examen théâtral que si les artistes sur scène s’approprient leurs rôles d’une finesse et d’un talent hors pair. Pendant toute l’exhibition, on aura exalté la virtuosité phénoménale de Amal Nejjar, Aziz Bouguerfa, Abdelilah Khniba, Mohamed Aouragh et Abderrahmane Khaliss.
Sans aucune exagération, le spectacle fascinant qui a été vivement acclamé par la salle archi-comble, vendredi dernier, dans la capitale du Souss, aura marqué la scène théâtrale et rappelé les moments de gloire du théâtre amateur de naguère sur cette même rampe des années 70, 80 et 90 du siècle écoulé. La rigueur du jeu dramatique, la finesse du texte littéraire la novation de la production scénique, la contemporanéité des messages socio-politique inclusif et incitateur au débat autour des questions de l’enseignement, de l’égalité des sexes, de démission de l’Etat envers le peuple…telles sont les caractéristiques d’un épatant spectacle qui retient en haleine une large foule, en réelle euphorie.
On saluera fortement la troupe Wamadate pour cette nouvelle prestation théâtrale qui s’ajoute à son répertoire déjà éloquent et applaudira vivement les artistes qui ont gratifié le public d’un joyau séduisant. Jaïha, un titre de pièce de théâtre à retenir et à ne pas rater, sous aucun prétexte!
Saoudi El Amalki