«Cette crise prouve à quel point le secteur culturel est fragile!»

La filière de la musique est également frappée par la crise due au Covid-19. En effet, plusieurs manifestations musicales dont le festival Mawazine Rythmes du monde, Timitar, le festival des musiques sacrées du monde et bien d’autres sont mises en stand-by. Pour le manager culturel et directeur artistique du festival Timitar, cette crise prouve à quel point le secteur culturel est extrêmement fragile voire même vulnérable.

Aujourd’hui, et au cœur de cette crise «inédite», les professionnels ont joué le jeu en annulant bien évidemment leurs manifestations pour des raisons d’abord d’éthique mais aussi pour d’autres raisons qui  peuvent être à la fois économiques et financières. Car, explique-t-il, les partenaires ne peuvent pas continuer à nous soutenir compte tenu de la situation générale.

«Ça prouve aussi qu’il n’y a aucune compensation imaginable aujourd’hui  pour ce secteur parce qu’il dépend principalement des indépendants.  Et le ministère de tutelle n’est pas dans la commission qui a été créée avec Moulay Hafid Elalamy. Donc, pour nous, la question qui se pose aujourd’hui, avec l’annulation des manifestations programmées pour les deux mois ou trois prochains mois, c’est comment remonter la pente quand on dépassera cette crise et que la situation redevienne normale». Et d’ajouter : «Quand on dit que seuls les professionnels du secteur ayant des entreprises ou  des associations peuvent bénéficier d’un éventuel plan d’aide, on oublie ou on exclue les acteurs qui travaillent indirectement ou de façon intermittente dans le secteur de  la culture et qui sont d’ailleurs les plus nombreux».

Selon le directeur et fondateur du visa for Music, la culture est l’un des secteurs qui  emploient le plus de jeunes et de femmes. Elle est  également l’un des secteurs où  il y a une certaine parité, précise-t-il.

«Il me semble nécessaire de mener une réflexion urgente. J’espère que cette crise va s’arrêter avant  le début de l’été pour qu’on puisse revenir à  nos à la normalité même si toutes les activités à l’heure actuelle soient reportées, soient annulées», a-t-il fait savoir.

Le secteur artistique  entrevoit-il le bout du tunnel?

Les professionnels des métiers artistiques attendent les mesures qui seront prises par le ministère de tutelle pour sortir de cette situation délicate. «Les industries créatives n’ont jamais été véritablement au cœur des préoccupations. Autrement dit, je pense qu’il est nécessaire de mener une réflexion générale sur la capacité de ces industries à faire face à ce type de crise.

C’est vrai, on a évoqué les industries du tourisme, les industries lourdes, mais on n’a jamais entendu parler des industries créatives et encore moins des créateurs et des artistes. Je pense qu’il faudrait quand même s’en préoccuper parce que ce secteur permettra à remonter le moral des gens en ces temps difficiles», précise  Brahim El Mazned.

Dans toutes les sociétés, poursuit-il, la culture fait partie des secteurs qui contribuent à dépasser les pressions et frustrations sociales. «J’espère qu’après le confinement, les gens retrouveront une joie de vivre et de cohésion sociale», conclut-il.

Mohamed Nait Youssef

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