Mohamed Nait Youssef
Il n’y a pas mieux que l’art, le cinéma, la littérature et la peinture pour immortaliser les événements marquants de l’Histoire humaine et universelle. En effet, les pandémies, les épidémies, les pestes, les virus ont été depuis toujours une source d’inspiration inépuisable pour les cinéastes, les peintres et les romanciers venant de différentes écoles confondues.
De la peste au Coronavirus en passant par le Choléra et la grippe espagnole, les créateurs ont fait de ces ennemis dévastateurs ayant changé le visage du monde ; des œuvres d’art et chefs-d’œuvre.
Ainsi, les filmographies, les peintures et les littératures mondiales puisant leurs histoires, personnages et événements dans les pandémies, et les virus sont nombreuses. Cette série qui sera publiée dans les colonnes du journal durant ce mois sacré , mettra la lumière sur les œuvres majeures ayant illustré ces désastres dont on ignore parfois l’origine.
«Contagion», une redoutable pandémie imaginée par Steven Soderbergh
Il va sans dire que le bon nombre de cinéphiles et de mordus du 7e art ont vu ou revu ces derniers temps le film de Steven Soderbergh, «Contagion». Le contexte l’oblige notamment avec la propagation du Covid-19 dans les quatre coins du monde. C’est de la pure fiction certes, mais ce film interpelle à plus d’un titre.
Sortie en septembre 2011, cette production cinématographique écrite par Scott Burns nous amène dans un monde propagé par une épidémie inédite, vaste et ravageuse. D’ailleurs, c’est à l’image de ce qui se passe actuellement à l’échelle internationale. Les événements commencent après le retour de Beth Emhoff d’un voyage d’affaires à Hong Kong. Elle trouve la mort après un peu de temps dans des circonstances inconnues…
Une véritable fiction. Ce thriller américain sur une épidémie mondiale, due à un virus transmis par voies respiratoires ou juste par contact avec les gens porteurs de la maladie, avec des acteurs de renom entre autres Jude Law, Gwyneth Paltrow, Matt Damon et Marion Cotillard est considéré comme une des plus réalistes productions cinématographiques d’épidémie.
Par ailleurs, dans ce film intelligent, bien documenté, le réalisateur Steven Soderbergh a abordé ce sujet comme un multi-documentaire. La preuve, la caméra suit plusieurs personnages en même temps.
En outre, «Contagion» est également un film qui est puisé dans la contamination au Sras en 2003. Un scénario bien écrit par Scott Bruns, une des figures emblématiques de l’écriture scénaristique aux Etats-Unis et dans le reste du monde, en collaborant avec l’épidémiologiste, Ian Lipkin.
Toutefois, les événements de ce film sont basés essentiellement sur les données scientifiques des experts en la matière.
«Contagion», c’est la fiction qui dépasse la réalité. Ça serait trop facile de dire aujourd’hui: «Oui, bien sûr». Mais je le pensais fortement. La raison pour laquelle «Contagion» est si précis et juste dans la description de l’épidémie du virus c’est parce que j’ai tenu à écrire le scénario en étant le plus réaliste possible. Quand j’ai approché le réalisateur Steven Soderbergh avec mon idée de film, j’ai exigé que nous soyons juste scientifiquement. Je ne voulais pas que l’histoire évoque un virus échappé d’un laboratoire où venant d’antennes de téléphones où d’autres idioties comme certains veulent le faire croire. J’ai donc discuté avec de nombreux spécialistes et Ian Lipkin m’a donné les meilleurs détails sur ce qu’une épidémie moderne pourrait être. Nous la vivons en ce moment», a-t-il déclaré au site Le Matin.
Ainsi, « Contagion » ne focalise pas davantage son intérêt sur le virus en lui même, mais plutôt sur la réalité sociale et la manière dont agissent les gens.
En revanche, les fake news, les escroqueries et le mal de toute une société ne sont pas en reste des sujets traités par le film.
Effectivement, le rôle du bloggeur complotiste joué par Jude Law prétendant avoir trouvé (enfin) un vaccin au virus pour attirer plus de followers incarne visiblement ce nombre de fake news, surtout de nos jours sur les réseaux sociaux. Un film toujours d’actualité!
Or, le réalisateur dans ce film use d’une grammaire cinématographique dont des gros plans pour mieux braquer les lumières sur un ennemi invisible et meurtrière. Une description minutieuse des espaces, des personnages afin de transmettre l’ambiance instable, incertaine de la société à travers des images spectaculaires et parlantes.
Une incarnation de la société contemporaine
Au fil des événements, les autorités sanitaires ont réussi après de longues quêtes à trouver un vaccin et stopper la propagation du virus. Il n’en reste que la manière avec laquelle ce remède soit distribué pour toute la population. Et pour déterminer l’ordre de passages des Américains, les autorités sanitaires optent pour le tirage au sort ressemblant à celui du Loto, où chaque boule choisie correspond immédiatement à une date de naissance.
Une incarnation réelle d’une société absurde où tout est voué au hasard, à la coïncidence.
«Par sa narration chorale (plusieurs personnages, plusieurs endroits du globe), Contagion est bien sûr un grand film sur les dangers de la mondialisation. C’est aussi, une fable sur l’individualisme contemporain, qui menace le bon fonctionnement de la société. Ce n’est pas un hasard si les personnages passent leur temps derrière un masque de protection, une combinaison étanche en quarantaine », écrivait le critique de cinéma, Nicolas Didier.