Propos recueillis par Karim Ben Amar
La pandémie liée au nouveau coronavirus a ralenti l’activité commerciale dans le monde entier. À l’instar du reste de la planète, le Maroc connaît une baisse vertigineuse dans plusieurs secteurs. Amine Ziti, promoteur immobilier, répond sans détour aux questions d’Al Bayane. Au menu : la situation du secteur de l’immobilier en pleine crise sanitaire mondiale. Comment le secteur se porte-t-il? Quel est l’impact de la crise dans ce domaine? Quelles mesures ont été prises pour venir en aide aux promoteurs? Entretien.
Al Bayane: Quelle était la situation du secteur de l’immobilier avant la crise sanitaire?
AZ : Le pays connaît une crise immobilière depuis plusieurs années. Le nombre des transactions immobilières ne dépasse pas 100.000 transactions par an pour 400.000 foyers à la recherche d’un logement. Une lente procédure bancaire de l’octroi des crédits , un déséquilibre au niveau de l’adaptation de la nature de l’offre immobilière par rapport au marché. Avec l’expansion du Covid-19, la situation va s’avérer délicate.
Actuellement, comment se porte le secteur de l’immobilier? Comment est-il impacté par cette crise?
AZ : On espérait que l’année 2020 serait une année de remise en forme du secteur immobilier, mais depuis l’instauration de l’état d’urgence sanitaire et de la mesure du confinement pour enrayer la propagation du coronavirus, le secteur est en mode stand-by. La quasi-totalité des chantiers est à l’arrêt, les bureaux de ventes sont fermés, la possibilité d’acquérir les documents nécessaires pour réaliser une transaction immobilière se complique et les visites de logements sont impossibles. En conséquence, une baisse drastique des ventes en mars et avril, voire même en mai, ainsi que d’importants retards sur les projets immobiliers en cours de réalisation, sont à relever
Quel est l’impact sur les prix? Et sur le promoteur?
AZ : L’impact sur les prix est une question difficile à prévoir. Le prix dépendra principalement de la durée du confinement ainsi que du programme de relance prévu par le ministère de tutelle.
Quant à l’impact sur le promoteur immobilier, il peut différer d’un promoteur à l’autre. L’impact est lié principalement à la situation financière des différents promoteurs. Si ces derniers sont en fonds propre ou avec un léger crédit, ils peuvent sortir indemne de cette crise malgré les longues semaines d’inactivité. Dans le cas contraire, le promoteur risque d’être largement endetté. La situation peut sembler délicate, mais là encore, il a été demandé aux banques de contribuer à cet effort «de guerre» collectif, et cela, à travers la bonne pratique de la principale mesure mise en place par le Ministère de l’Économie, des Finances et de la Réforme de l’Administration, auprès de la Caisse Centrale de Garantie (CCG). Il s’agit du nouveau mécanisme de garantie appelé «DAMANE OXYGENE». Ce produit flambant neuf de garantie vise la mobilisation des ressources de financement en faveur des entreprises, dont la trésorerie s’est dégradée pour cause de la baisse de l’activité liée à la pandémie du nouveau coronavirus.
Existe-t-il un groupement interprofessionnel qui défend la cause du secteur? Si oui, quelle mesure a-t-il pris pour venir en aide aux promoteurs en difficultés?
AZ : La fédération des promoteurs immobiliers s’est impliquée fortement dans cet effort collectif, à travers la mise en place d’une cellule de crise chargée du suivi et de coordination avec les différents acteurs du secteur. Cette action a pour but d’assurer une sortie de crise avec un minimum de dégâts mais aussi participer à l’élaboration d’un plan stratégique de relance du secteur dans le pays.